Djibouti: Dans sa fuite en avant, le dictateur Ismaël Omar Guelleh brade le pays…
Il veut définitivement rayer Djibouti de la carte et soumettre son peuple à sa patrie d’origine, l’Éthiopie, après l’avoir soumis à ses caprices durant presque 40 ans. A travers cette décision de rattachement, l’objectif de Monsieur Guelleh est de se débarrasser de cet démon: la France.
Il veut la supprimer de l’histoire de Djibouti et son influence dans la corne de l’Afrique. L’ironie de l’histoire est que c’est cette même France qui l’a pourtant porté au pouvoir, cette même France qui a formé et qui forme avec les Allemands son système sécuritaire, un des plus répressifs au monde.
Cette France qui l’a ressuscité et qui continue de le faire au Val-de-Grâce avec une particulière abnégation.
Sauf que Monsieur Ismaël Omar Guelleh ne connaît pas la notion élémentaire de remerciement. Ingratitude ou calcul politique? (Cf. Lettre de l’Océan Indien et l’analyse de Roger Picon, un fin connaisseur de la réalité Djiboutienne)
Houssein IBRAHIM HOUMED
DJIBOUTI Article de la Lettre de l’Océan Indien – IOG se met sous la protection d’Addis
Le plan d’intégration économique imaginé par Djibouti et l’Ethiopie voisine
induira, à terme, une sorte d’unification politique des deux pays. Ces dernières
semaines, des dignitaires éthiopiens l’ont reconnu à demi-mot, l’un d’entre eux
allant même jusqu’à utiliser la formule « un seul pays, deux chefs ». La
volonté éthiopienne de sécuriser son débouché portuaire djiboutien n’est pas
nouvelle et, à Addis-Abeba, certains parlaient déjà en privé depuis des années
d’une « fusion sous contrainte » avec le petit Etat voisin. Mais cette
tendance, jusque-là latente, prend une certaine actualité, car le président
djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh (IOG), a besoin du
parapluie éthiopien dans divers domaines, y compris pour se garantir une
immunité lorsqu’il aura quitté le pouvoir.
Un président affaibli –
Le chef de l’Etat djiboutien, qui est né en
Ethiopie, à Dire Dawa, et possède une maison à Addis-Abeba, commence à se faire
vieux (67 ans selon sa date de naissance officielle) et son état de santé se
dégrade. Il se remet d’une récente intervention chirurgicale effectuée à
l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, à Paris, et sa capacité de mouvement est
limitée. D’ailleurs, la garden party du 27 juin pour la commémoration de
l’indépendance n’a pas eu lieu, pour la première fois depuis des décennies. Et
lors du défilé militaire, tout avait été prévu pour ménager IOG : il ne s’est
même pas levé pour rendre leur salut aux commandants des troupes. Il n’est pas
non plus apparu le 21 juin à l’hôtel Kempinski pour la présentation,
pourtant placée sous son »haut patronage », de Djibouti
Vision 2035, un plan sur lequel le gouvernement et surtout le ministre des
finances, Ilyas Moussa Dawaleh, planchent depuis des
années. Enfin, les conseils des ministres, normalement hebdomadaires, s’espacent
de plus en plus.
Pas de successeur en vue
– A plusieurs reprises, le président IOG a répété qu’il ne se
présenterait pas aux élections de 2016 et son état de santé actuel laisse
supposer qu’il sera contraint de tenir sa parole. Toutefois, entre 2006 et 2009,
il avait promis qu’il ne changerait pas la Constitution pour briguer un nouveau
mandat, ce qu’il a finalement fait. A ce jour, il ne donne pas l’impression de
vouloir vraiment préparer sa succession. Le candidat le mieux placé pour lui
succéder, à savoir le secrétaire général de la présidence, Ismaïl Tani, Issa/Mamassan comme IOG, est en
ce moment assez mal vu de l’influente première dame, Kadra Mahamoud Haïd. En cas de recours à un
non-Mamassan, les candidats les plus probables seraient Ilyas Moussa
Dawaleh, l’ancien ministre de la santé Abdallah Abdillahi Miguil, voire
l’ancien premier ministre Afar Dileita Mohamed Dileita. Mais un tel
changement de leadership serait probablement source de fortes tensions au sein
du Rassemblement
populaire pour le progrès (RPP, parti d’IOG) et de son électorat. Ce
dont la coalition d’opposition Union pour le salut national (USN),
toujours en embuscade, ne manquerait pas de profiter. Aussi, qu’IOG rempile ou
passe la main en 2016, de sérieux troubles politiques sont à prévoir. La
protection de l’Ethiopie pourrait alors lui être nécessaire, sachant que la
France et les autres puissances occidentales présentes à Djibouti
n’interviendront pas militairement en soutien au régime, sauf en cas d’agression
extérieure avérée.
Fusion économique
– Nombre d’entreprises installées dans le pays ne veulent pas
entendre parler d’une fusion avec l’Ethiopie, de crainte de voir l’économie
djiboutienne, aujourd’hui assez ouverte, adopter le système économique de son
voisin, souvent très protectionniste. Pourtant, les actuels projets
d’infrastructures (voies ferrées, routes…) favorisent une intégration économique
poussée entre les deux pays, amenant leurs gouvernements à une bonne entente
politique. L’Ethiopie, liée à son voisin pour le transit commercial, craint au
plus haut point de voir un jour Djibouti déstabilisé par les islamistes radicaux
ou par l’Erythrée. De son côté, Djibouti est devenu dépendant de l’Ethiopie pour
ses importations d’électricité, mais aussi du fait de l’octroi de terres à
Serofta, dans l’Oromia Regional State, pour cultiver des céréales
destinés au marché djiboutien, et de la concession d’autres terres près de
Shinile (Est) pour le pompage de 100 000 m3 d’eau potable par jour et la
construction d’un aqueduc de 70 km vers Djibouti. La société MAI Resources
International (Switzerland) AG, présidée par le Suisse d’origine
koweitienne Rashad Shawa, planche sur ce dernier projet avec les
autorités djiboutiennes. Car l’eau qui sera pompée en Ethiopie pourra ensuite
être vendue par le petit Etat à des pays du Golfe.
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