
Djibouti : Tragédie à Sayyirou, des attaques de drone du régime de Guelleh ciblent des civils dans une zone stratégique
- Les liens entre Sayyirou, Garbi et Garabtisan : une zone stratégique sous tension.
Le 30 janvier 2025, le plateau de Sayyirou, situé à la frontière entre Djibouti et l’Éthiopie, dont une partie se trouve dans le district de Tadjourah, a été le témoin d’une tragédie. Cette zone, particulièrement sensible en raison de sa proximité avec le mont Garbi et le village de Garabtisan, est principalement habitée par des nomades Afars. Plusieurs civils, principalement des pasteurs nomades de l’ethnie Afar, ont été tués lors d’une frappe de drone. Ces attaques, lancées par des mercenaires directement rendant compte à la présidence de Djibouti, ont non seulement fait des victimes parmi les civils, mais ont aussi attiré l’attention internationale sur l’utilisation des drones militaires contre des populations civiles. Le premier drone militaire a décollé de la capitale de Djibouti à 18h, heure locale (16h GMT), et le deuxième drone militaire a décollé vers 21h l’heure de l’Afrique de l’Est (19h GMT). Les deux attaques ont ciblé des campements et des villages nomades de l’ethnie Afar.
L’attaque de Garabtisan et celle de Sayyirou semblent effectivement liées, bien qu’elles se soient produites dans des contextes légèrement différents.
Contexte géographique et stratégique : Garabtisan et Sayyirou qui sont situés dans le district de Tadjourah se trouvent dans des régions proches de la frontière entre Djibouti et l’Éthiopie, dans des zones stratégiques pour la sécurité du pays, en particulier en raison des activités du FRUD (Front pour la Restauration de l’Unité et de la Démocratie), un groupe rebelle principalement composé d’Afars. Ce groupe lutte contre le gouvernement djiboutien nous dit-on, souvent en ciblant les installations militaires ou les autorités locales, ce qui explique pourquoi ces zones sont particulièrement surveillées et sensibles.
Nature des attaques : L’attaque de Garabtisan, survenue en octobre 2022, a été une attaque directe contre un poste militaire, menée par le FRUD, qui a tué des soldats et capturé plusieurs prisonniers. De son côté, l’attaque de Sayyirou en janvier 2025 semble avoir impliqué l’utilisation de drones pour cibler des militants du FRUD et des civils, principalement des nomades. Les deux attaques sont liées par l’implication du FRUD armé comme cible principale, le groupe rebelle cherchant à perturber l’ordre et la sécurité dans ces zones frontalières sensibles.
Vengeance et répression : Il est possible que les attaques de ces dernières années, y compris celle de Garabtisan, aient conduit à des représailles du régime de Guelleh, qui pourrait utiliser des moyens militaires avancés, tels que des drones, pour se venger sur la population civile Afar. La violence et les tensions croissantes dans ces régions, combinées à des stratégies de surveillance et de répression, peuvent expliquer l’intensification des opérations militaires sans distinction de cible, comme celle observée à Sayyirou.
- Les victimes de l’attaque de drones au plateau de Sayyirou.
Dans la nuit du 30 janvier 2025, les attaques de drone qui ont frappé le plateau de Sayyirou, ont causé la mort de plusieurs civils et blessant grièvement d’autres. Parmi les victimes décédées figurent Gamma Ali Orbiss, Kako Ali Orbiss, Mohamed Aydahis, Ali Mohamed Kako et Aisha Baddul Ali. Les survivants, dont Mayram Mohamed Abdallah, Fatouma Ali Ahmed et Ali Mohamed Ali, ont été gravement blessés et mutilés. Ces attaques ont suscité une vive émotion dans la région, où les civils sont souvent pris pour cible dans les conflits armés.
- Les mercenaires étrangers et le décollage des drones.
Selon des sources locales, les drones utilisés lors de l’attaque auraient été pilotés par des mercenaires étrangers, notamment des sud-africains et des chinois installés dans la caserne de la garde républicaine de Djibouti. Ces drones auraient décollé depuis une base militaire djiboutienne. L’utilisation de drones dans des opérations militaires a soulevé des inquiétudes concernant le rôle des acteurs internationaux dans le conflit intérieur djiboutien, particulièrement dans une région où la politique et les alliances sont marquées par des influences étrangères.
- Pourquoi Alexis Mohamed a démenti l’attaque.
Sur son compte Facebook, du 31 janvier au 1er février 2025, Monsieur Alexis Mohamed, conseiller du président djiboutien Ismaël Omar Guelleh, a initialement démenti l’attaque, qualifiant les informations circulant sur les réseaux sociaux de « pure désinformation ». Cependant, le 1er février 2025, après la publication d’un communiqué officiel du ministère de la Défense confirmant l’attaque, Alexis Mohamed a retiré ses déclarations. Cette volte-face a suscité des interrogations sur la transparence du gouvernement djiboutien et sur les véritables motivations derrière les attaques de drones militaires contre la population civile. Cette tragédie de Sayyirou a, comme plusieurs autres, démontré que les décisions cruciales de l’appareil de l’État djiboutien sont concentrées entre les mains d’un cercle restreint des familles Guelleh et Haïd.
Conclusion : Une région en proie à la violence et à l’instabilité.
L’attaque de Sayyirou s’inscrit dans un contexte plus large de violence et d’instabilité dans les régions du nord. Les civils, pris en étau entre les forces gouvernementales et les groupes rebelles, paient un lourd tribut à ces conflits. La communauté internationale doit se mobiliser pour mettre fin à ces atrocités et garantir la sécurité des populations civiles. En attendant, les habitants de Sayyirou et des régions avoisinantes continuent de vivre dans la peur, espérant un jour voir la paix revenir dans leur région.
Hassan Cher
English translation of the article in French.
Djibouti: Tragedy in Sayyirou, drone attacks by Guelleh’s regime target civilians in a strategic area
- The links between Sayyirou, Garbi and Garabtisan: a strategic zone under tension.
On January 30, 2025, the Sayyirou plateau on the border between Djibouti and Ethiopia, part of which lies in the Tadjourah district, witnessed a tragedy. This area, particularly sensitive due to its proximity to Mount Garbi and the village of Garabtisan, is mainly inhabited by Afar nomads. Several civilians, mainly nomadic pastoralists from the Afar ethnic group, were killed in a drone strike. These attacks, launched by mercenaries reporting directly to the Djibouti presidency, not only claimed civilian lives, but also drew international attention to the use of military drones against civilian populations. The first military drone took off from Djibouti’s capital at 6pm local time (4pm GMT), and the second military drone took off at around 9pm East African time (7pm GMT). Both attacks targeted camps and nomadic villages of the Afar ethnic group.
The Garabtisan and Sayyirou attacks do indeed appear to be linked, although they occurred in slightly different contexts.
Geographic and strategic context: Garabtisan and Sayyirou, which are located in the Tadjourah district, are in regions close to the Djibouti-Ethiopia border, in strategic areas for the country’s security, particularly due to the activities of the FRUD (Front pour la Restauration de l’Unité et de la Démocratie), a rebel group mainly composed of Afars. This group fights against the Djiboutian government, we are told, often by targeting military installations or local authorities, which explains why these areas are particularly guarded and sensitive.
Nature of attacks: The Garabtisan attack, which took place in October 2022, was a direct attack on a military post, carried out by the FRUD, which killed soldiers and captured several prisoners. For its part, the Sayyirou attack in January 2025 appears to have involved the use of drones to target FRUD militants and civilians, mainly nomads. The two attacks are linked by the involvement of the armed FRUD as the main target, with the rebel group seeking to disrupt order and security in these sensitive border areas.
Revenge and repression: It is possible that the attacks of recent years, including the one at Garabtisan, have led to reprisals by the Guelleh regime, which could use advanced military means, such as drones, to take revenge on the Afar civilian population. Rising violence and tension in these regions, combined with surveillance and repression strategies, may explain the intensification of indiscriminate military operations, such as the one seen in Sayyirou.
- The victims of the drone attack on the Sayyirou plateau.
On the night of January 30, 2025, drone strikes on the Sayyirou plateau left several civilians dead and others seriously injured. Among the deceased were Gamma Ali Orbiss, Kako Ali Orbiss, Mohamed Aydahis, Ali Mohamed Kako and Aisha Baddul Ali. The survivors, including Mayram Mohamed Abdallah, Fatouma Ali Ahmed and Ali Mohamed Ali, were seriously injured and mutilated. The attacks caused a stir in the region, where civilians are often targeted in armed conflicts.
- Foreign mercenaries and the launch of drones.
According to local sources, the drones used in the attack were piloted by foreign mercenaries, notably South Africans and Chinese, based in the Djibouti Republican Guard barracks. The drones are believed to have taken off from a Djiboutian military base. The use of drones in military operations has raised concerns about the role of international actors in Djibouti’s internal conflict, particularly in a region where politics and alliances are marked by foreign influence.
- Why Alexis Mohamed denied the attack.
On his Facebook account from January 31 to February 1, 2025, Alexis Mohamed, advisor to Djibouti’s President Ismaël Omar Guelleh, initially denied the attack, describing the information circulating on social networks as “pure disinformation”. However, on February 1, 2025, after the publication of an official communiqué from the Ministry of Defense confirming the attack, Alexis Mohamed withdrew his statements. This about-face raised questions about the transparency of the Djiboutian government and the true motivations behind military drone attacks on the civilian population. The Sayyirou tragedy, like many others, demonstrated that the crucial decisions of the Djiboutian state apparatus are concentrated in the hands of a small circle of Guelleh and Haïd families.
Conclusion: A region plagued by violence and instability.
The Sayyirou attack is part of a wider context of violence and instability in the northern regions. Civilians, caught between government forces and rebel groups, are paying a heavy price for these conflicts. The international community must mobilize to put an end to these atrocities and guarantee the safety of civilians. In the meantime, the inhabitants of Sayyirou and surrounding areas continue to live in fear, hoping one day to see peace return to their region.
Hassan Cher