Djibouti : Esprit de janvier 2013, es-tu là ? De quoi s’agissait-il ?

Ad

esprit de l'obscuritéLe mois qui vient de s’écouler a donné l’occasion à l’esprit archaïque de tirer à hue et à dia dans les zigs et les zags. Dans cette tempête ‘médiatique’ injuste, celui qui se veut capitaine se doit de tenir la barre fermement. Qu’on le déplore ou qu’on s’en réjouisse, seul le RPP tenu de main de maître a fait sa fête au rythme d’une fanfare militaire. La fête a été souveraine grâce au suzerain. Un congrès sans vote, beaucoup de discours, de coup bas à la pelle, de tacles, l’apparition de jeunes loups prêts à s’emparer du festin, et par-dessus tout la reconduction de toute l’équipe – excusez du peu – par acclamation. Le ‘4 mars’, ah cette obscure date de ‘4 mars’, que l’on fête plus que la fête dite de l’indépendance, a aussi permis de distribuer les sésames aux militants. La gratification sous forme des titres fonciers pour les habitants d’Arhiba et les pourboires en forme d’appartements pour le groupe ‘4 mars’. Il y a encore eu cérémonie de pose de la première pierre encore et encore…à Ali Sabieh.

Il y a eu également le psychodrame de l’USN. Suite au décès du président sortant Arnouad (allah yarhamou). Une guerre fratricide s’en est suivie. Comme nous ne sommes pas dans le secret du haut conseil, du très haut conseil, beaucoup d’entre nous ont hurlé, puis spéculé jusqu’à l’hystérie. De quoi s’agit-il au fond ? Rappelons les faits, avant toute tentative d’interprétation. USN était minoritaire, avec seulement 8 députés face à 55 UMPistes + 2 PPN (parlementaires politiques non-identifiés). L’USN n’a pas réussi ou daigné convaincre les deux députés élus sur leur liste, ayant pris une décision identique solitairement. Comment pouvaient-ils convaincre d’autres alors que le chiisme était palpable au sein du béni ‘haut conseil’, empêtré dans un consensus mou et sans ligne de conduite, en somme une union de façade où on évite de parler du projet. La nature ayant horreur du vide, le combat s’est déplacé autour des hommes.

Revenons à l’élection de l’occupant du perchoir. Sans une règle écrite et jusqu’à présent respectée, après un SOMALI, littéralement ISSA, la présidence de l’assemblée revenait à un Afar. Ceci étant dit, deux analyses distinctes s’opèrent, une à l’UMP et l’autre à l’USN. Depuis la dernière législature, le candidat Mohamed Ali était élu sur la liste UMP (apparenté FRUD-aquoibonisme) de Tadjourah et était le vice-président de l’assemblée – de fait il était un candidat naturel de l’UMP avec le décès du président sortant. Certains afars qui ne se rendaient même pas comptent qu’ils étaient encore députés sont sortis de leur léthargie et se sont sentis poussés des ailes, pour se mêler au combat interne et délégitimer Mohamed Ali. Le boss les a calmés parait-il. Si sa victoire a été simple, sa candidature n’a pas été si triviale, pour la raison susmentionnée. Cela, il faut le noter pour comprendre l’ensemble de l’histoire. À l’opposé, l’USN devait présenter un candidat et perdre fièrement et resté unis. Nous l’avons souhaité, nous avons eu une espièglerie triste. Un candidat insubordonné et ces camarades récalcitrants, chacun n’en a fait qu’à sa tête.

Le drame ! Avec le concours démultiplicateur de réseaux sociaux qui reproduisent à la vitesse de la lumière les opinions des procureurs improvisés, certains sont traités des traites à tort et héros à raison, c’est selon. Le candidat malheureux et un des mal-votants, sans dialoguer, se sont expliqués par le biais d’une radio communautaire animée par Nidal and co. Dr Abbatté a tenté d’expliquer l’inexplicable. Les parlementaires USN avaient décidé à l’unanimité (pas tout à fait unanime selon les dires de Zacharia) de ne présenter aucun candidat, ayant préalablement pris connaissance de l’identité du candidat. En filigrane, il a tenté de persuader qu’il a préféré un jeune à un vieux aigri Afar, puisque le candidat UMP allait être élu. Ça vaut ce que ça vaut, mais nous avons un Président jeune. Il est vrai que pour jouer le rôle d’opposant, il vaut mieux ménager le Président de l’assemblée et perturber l’exécutif. L’occupant du perchoir joue le rôle d’un Président du tribunal lors d’un procès, il organise le débat et généralement les avocats de la défense et de parties civiles les ménagent, pour justement ne pas se mettre à dos la cour (de la justice bien sûr). C’est une stratégie. Seul hic, la petite indélicatesse contre maître Zakaria sur ‘l’entrée dans l’histoire’ – mais c’est une vacherie politique habituelle. Maitre Zakaria, quant à lui est allé de son explication – il nous a donné une indication sur laquelle il est difficile de se prononcer mesurement – il a accusé ses compagnons de tribaliste – le mot est lancé. Qu’on en juge, j’aurais préféré une vacherie à une accusation peccante. Encore une fois ça aurait été mieux que ces parlementaires votent ensemble. Le tort, ici, est partagé. Pour faire simple, le perchoir est occupé par un jeune homme, et pour la première fois, les députés de l’opposition doivent jouer les trublions et leur rôle d’opposition, peut être que ça réveillera les adeptes de béni-oui-oui qui s’ennuyait et qui ennuyait le peuple et les cameramen qui les filmaient.

Trêve de badinage : l’obsession du tribalisme doit cesser. En expliquant tout par le tribalisme, ce mot perd toute sa gravité. Le tribalisme est un délit. Il faut savoir raison garder, Zacharia (ou quelqu’un d’autre de l’USN) allait perdre quel que soit les votes de ses camarades, comment peut-on laisser penser que, parce qu’il est Issak donc ils ont voté contre lui? Chers Démocrates – Aidez-nous à comprendre. Allons au bout de la pensée de Zacharia, donc il y a eu une alliance contre les Issaks ? De la part de qui? La règle officieuse énoncée, ci haut, doit être changée dans un projet de changement pour que tout citoyen puisse accéder à ce poste, mais ce n’est pas comme cela que l’on contribuera au changement. D’ailleurs qui doit rédiger ce projet? À défaut d’une entente autour d’un changement prévisionnel programmatique, l’USN et les hommes qui la composent pratiquent ce vieux précepte algérien : « Brouille tout, dis n’importe quoi, et tu verras plus clair. »

Il faut nommer le mal et arrêter d’user de mots qui ne correspondent pas à la description des faits. Au sein de l’USN, il y a un problème MRD – oui, il va falloir le dire. Je ne suis étiqueté dans aucun parti donc je me sens libre de le dire. J’ai entendu avant même le jour du vote certains dire qu’ils vont dénicher les traites grâce à Zacharia. Soyons sérieux et discutons, secouons, fendons les carapaces, culbutons les idoles, apostrophons les patapoufs, dégonflons les baudruches, dans la règle de l’art, et arrêtons de souffler sur le feu. Pour illustrer, je voudrais relater une anecdote Afar : un père demanda à son fils revenu grincheux d’un long voyage et se plaignant de caravaniers, « mon fils est-ce le chef caravanier qui t’a indisposé ou tous les caravaniers » le fils de lui répondre « tous les caravaniers, mon père » – Tel ce père, il faut que chacun se donne le moyen de comprendre l’objet de la chicane, et ramène chacun à la raison.

Si nous voulons lutter contre le tribalisme et le neutraliser, il faut arrêter de les banaliser et de l’instrumentaliser à tout-va et surtout dans les compétitions politiques. Il ne peut y avoir une symétrie entre un coup-bas politique et un tribalisme fascisant. Par l’usage de cette abomination, on a tué, on a affamé, on a licencié, on a torturé – ce n’est pas le moment, ni le lieu de ressasser le souvenir mortifère. L’USN commence à nous désespérer, au lieu de penser politique, de réfléchir à mieux sortir ce pays de l’abîme, par leur incompétence intellectuelle, ils contribuent à la fabrication des malentendus. Ils nous obligent, nous citoyens à se chamailler sur leurs conneries. Dr Socrate, le grand footballeur brésilien héros de la coupe du monde 1982, médecin et révolutionnaire (c’est mon idole devant Maradona) disait « La politique est de transformer de gros problèmes en de petits problèmes ». Ces impétrants personnages de haut conseil créent plutôt de grands problèmes à partir des petites engueulades. Faut-il pratiquer la méthode d’Abou Amin et passer tout le monde à la tronçonneuse ? Il est vrai nous n’avons pas beaucoup de chance avec les personnages politiques, nous baignons dans l’omnipotente et luxurieuse médiocrité. Il y a longtemps que le génie Afar n’en produit pas ‘un’ mais, chez nos concitoyens Somalis la pente commence à être tout aussi glissante.

Revenons à l’objet de scandale USN. De quoi est le nom cette USN ? Dissipons les brouillards et regardons derrière l’écran de fumée. La légitimée de l’USN revient à l’ARD, PDD et l’UDJ, sans porter de jugement de valeur sur ces partis individuellement (on y manquera pas à l’avenir). Auquel il faut ajouter un autre parti légal le CDU qui les a rejoints après l’élection. Le MODEL, MRD, RADDE ne sont pas de partis légaux (Que ce que ça vaut la légalité sous les cieux de ce régime me diriez-vous ? Nous y reviendrons, pour l’instant, c’est comme cela). Raison pourquoi tous les candidats se sont présentés aux noms de ces trois partis. Mis à part le MRD, les autres composants les savent et s’en accommodent bon an mal an, sans chichi. Il faut que chacun fasse son mea-culpa et revienne à la raison. Zacharia et Ofleh sont soient affiliés ARD, PDD ou UDJ. Le MRD est devenu le mauvais élève de la confrérie, il rejette sa famille qui finira certainement par le rejeter. Personne n’est indispensable, chacun est utile.

Nous n’allons pas arrêter l’horloge jusqu’à 2016 – celui qui veut se présenter à cette élection, qu’il réfléchisse au projet et la stratégie de la conquête du pouvoir tant qu’il est temps, en tenant compte de l’échec de 2013. En attendant insalubrité, insécurité, précarité sont le triptyque malheureux que des milliers de nos concitoyens doivent affronter chaque jour. Le projet trompe l’œil du lendemain, les djiboutiens n’en ont que faire. Toute considération faite de cette assemblée, les yeux sont braqués sur ces 8 ou 10 parlementaires, il faut qu’ils se concentrent sur leur mission et assument leur entière responsabilité et écoutent le peuple dans sa diversité, soient les portes voix du peuple et fassent connaitre sa souffrance. Ils doivent continuer à jouer leur rôle. S’ils restent collectifs, coordonnés, et partagent assez bien leur rôle, ils peuvent faire aimer à jamais la politique au peuple. La balle est dans leur camp.

Ce pays a besoin de changement et on ne s’en lassera pas de le dire,  si le président lâche de leste avec toute sa volonté miséricorde, tant mieux, le mérite lui reviendra et il en a l’entière autorité. Volens nolens, ce pays changera, ça prendra le temps que ça prendra, mais ce système de bakchich et du qacho est devenu obsolète. Alors de grâce, ne tromper pas le peuple comme ceux que vous êtes censés combattre et préparons l’avenir. Chers Démocrates djiboutiens regroupons-nous, réfléchissons, débattons et écrivons ensemble un mémorandum pour la société de demain, où que vous soyez le pays a plus que jamais besoin de vous. 

Pontife De Kaluwalle

 


 Share
Ad
Authored by: Hassan Cher Hared

Hassan Cher Hared

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.