Djibouti / Érythrée : le Rassemblement Populaire pour le Progrès – RPP – reconnait tacitement la souveraineté d’Asmara sur Ras-Doumeira.

Djibouti / Érythrée : le Rassemblement Populaire pour le Progrès – RPP – reconnait tacitement la souveraineté d’Asmara sur Ras-Doumeira.

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Entre le 10 et le 12 juin 2008, de graves accrochages ont été signalés entre les Forces armées djiboutiennes et les Forces de défense érythréennes le long de la frontière entre Djibouti et l’Érythrée, dans la région dite de Doumeira. Ces accrochages auraient fait au moins 35 morts et des dizaines de blessés des deux côtés, et provoqué des déplacements internes, tout au moins du côté djiboutien. Ils se sont produits au terme de plusieurs semaines de renforcement des potentiels militaires et de tension croissante entre les deux armées (qui étaient très proches l’une de l’autre) depuis avril 2008.

L’ONU met en place des sanctions nouvellement imposées contre l’Érythrée par la résolution 1907 (2009) du 23 décembre 2009, qui incluaient un embargo sur les armes ainsi que l’interdiction de voyager et le gel des avoirs de certains dirigeants politiques et militaires érythréens.

L’arrivée au pouvoir d’Abiy Ahmed en avril 2018 a beaucoup contribué au changement de la donne politique dans la Corne de l’Afrique et le Conseil de sécurité de l’ONU votera mercredi 14 novembre 2018 la levée des sanctions contre l’Érythrée après un accord de paix historique avec l’Éthiopie et un réchauffement de ses relations avec Djibouti, qui laissent augurer des changements positifs dans la Corne de l’Afrique.

À Djibouti, certains hauts cadres du parti au pouvoir depuis l’indépendance le 27 juin 1977, le Rassemblement Populaire pour le Progrès – RPP – murmurent qu’Ismaël Omar Guelleh et son cercle restreint reconnaissent tacitement la souveraineté d’Asmara sur Ras-doumeira.

Histoire –

Tracer des frontières à Djibouti

7 janvier 1935 – Accord franco-italien (Laval-Mussolini) (extrait)

(…)
Titre III – Frontière entre l’Erythrée et la Côte française des Somalis
Art. 4 – Le tracé suivant sera substitué à la délimitation établie entre l’Erythrée et la Côte française des Somalis par les Protocoles de Rome en date des 24 janvier 1900 et 10 juillet 1901 : de Der Elua sur le détroit de Bab-el-Mandeb une ligne droite rejoignant l’oued Weima immédiatement en aval de Daddato.
Ce tracé est indiqué sur la carte n° 2 jointe au présent traité.
Art. 5 – Des commissaires spéciaux, délégués à cet effet par les deux Gouvernements, procéderont sur les lieux, d’après les données énoncées à l’article précédent, à une démarcation effective. Ils soumettront aux deux Gouvernements les résultats de leurs travaux, un projet d’accord sur les dispositions à prendre pour assurer d’une manière efficace la police dans la zône frontière et pour y régler l’utilisation des pâturages et des points d’eau par les populations indigènes.
Art. 6 – La France reconnaît la souveraineté de l’Italie sur l’île Doumeirah et les ilots sans noms adjacents à cette île.
Art. 7 – Le présent Traité sera ratifié et les ratifications échangées à Rome dans le plus bref délai possible. Il entrera en vigueur le jour de l’échange des ratifications.

En foi de quoi, les Plénipotentiaires susnommés ont signé le présent Traité, établi en double exemplaire, et y ont apposé leurs cachets.

Fait à Rome le 7 janvier 1935

Signé
Pierre Laval et Benito Mussolini

Approuvé par la France par la Loi du 26/3/1935, mais pas par le Parlement italien. Jamais entré en vigueur.

Référence Brownlie (Ian), p. 757

Pour citer ce document djibouti.frontafrique.org/?doc117, mis en ligne le 18 novembre 2010, dernière modification le 18 novembre 2010, consulté le 14 novembre 2018.


Extrait du livre « Tracer des frontières à Djibouti,… » de IMBERT-VIER Simon :

Après la seconde guerre mondiale, les autorités françaises entreprennent un rapprochement dans l’espoir de reconstituer en leur faveur l’unité du Sultanat de Rahayta. Cela passe par la reconnaissance du Sultan Abdo qui perçoit une gratification mensuelle à partir de novembre 1946, ainsi que le Vizir Dawud. Mais si elle reconnait une autorité coutumière, l’administration veille à ne pas laisser se recréer une souveraineté, comme l’écrit le capitaine Müller, chef des affaires politiques en 1948 : « nous avons eu de grosses difficultés pour abolir l’impôt des sultans et okals et nous ne voulons à aucun prix le rétablir ».

Lorsqu’Abdo meurt le 12 janvier 1950, les français envisage d’intervenir sur la succession, et prennent contact avec les autorités britanniques, qui administrent alors l’Érythrée, pour une éventuelle action concertée. Mais une rencontre à Assab, le 8 mai, montre que « l’administration anglaise ne voit aucun inconvénient à laisser jouer la coutume », même si elle estime que Rehayto « reviendra certainement à la France ». Dawud est nommé en mai 1951 et reste en fonction jusqu’à sa mort 1984.

Après la seconde guerre mondiale, se pose la question du devenir des colonies italiennes (Somalie, Érythrée, et Libye). En ce qui concerne l’Érythrée, l’ONU qui est en charge du dossier décide de prendre en compte l’avis des habitants et envoie des commissions sur le terrain pour interroger les notables. À une première mission en 1947 des représentants du sultanat déclarent souhaiter leur rattachement à la Côte française des Somalis. Lors d’une nouvelle rencontre organisée à Assab le 24 mars 1950, le vizir Dawud (Abdo est décédé en janvier), aurait « déclaré se considérer comme français et réclamé le rattachement à la Côte française des Somalis de la totalité du Sultanat », mais cette intervention ne figure pas dans le rapport de la commission. Cette prise de position entraine néanmoins une modification de la position des autorités françaises en faveur de Dawud, qu’elles autorisent à se rendre en CFS « comme il en fait fréquemment la demande ». En juin, le ministère de la FOM, reprenant les arguments d’une lettre du mois d’avril du gouvernement Numa Sadoul, se déclare favorable au « rattachement de Raheïta à la Côte française des Somalis » si « le gouvernement français estimait possible d’entamer des négociations » en ce sens. Pour obtenir ce résultat, en septembre 1950, Numa Sadoul suggère que « la question de Raheïta soit soulevée et traitée en dehors de la question érythréenne » et que l’Éthiopie soit empêchée de « s’installer définitivement en Érythrée pour ne pas favoriser Assab ».

En décembre, le gouvernement signale que Dawud est réfugié en territoire français et demande le rattachement du territoire à la France. En conséquence, en janvier 1951, le ministère de la France d’outre-mer propose à nouveau aux affaires étrangères de tenter « de faire attribuer à la France tout ou partie du territoire érythréenne sur lequel s’exerce l’autorité du sultan de Raheïta ». En mai 1953, l’administration coloniale tente une dernière fois de remettre en cause la frontière de 1901, en utilisant les termes de l’accord franco-éthiopien de 1897.

 

Hassan Cher

 

 

 


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Authored by: Hassan Cher Hared

Hassan Cher Hared