Somalie : Al-Shabab, pourrait-elle conquérir le pouvoir en Somalie dès 2021 à travers la future alliance Al-Islah et Al-ihtisam ?

Plusieurs organisations religieuses des différentes tendances se trouvent dans l’union dénommée « Ahlu-Suna Wa Jamiya ». Bien qu’elles sont ensemble dans cette union, chaque organisation a ses objectifs cachés.

Deux organisations religieuses ont décidé de s’unifier pour jouer un rôle important à la politique : Al-Ihtisam et Al-islah. Cette décision est née d’une rencontre entre docteur Abdurahman M. Abdullahi dit Baadiyow, le conseiller principal pour la paix et la réconciliation auprès du Premier ministre somalien – Hassan Ali Kheyre en 2018 et également membre du Comité de dialogue République fédérale de Somalie/Somaliland en 2019, et Fahad Yasin Haji Dahir, le chef des services de renseignement de la Somalie. Abdurahman M. Abdullahi dit Baadiyow est le dirigeant principal d’Al-islah et Fahad Yasin Haji Dahir est le responsable aux relations internationales d’Al-Ihtisam. La première rencontre entre les deux organisations avait lieu à Mogadiscio entre 22 au 25 novembre 2019, pendant le passage de Sheikh Mahamed Abdi Umal qui est un des dirigeants d’Al-Ihtisam.

Beaucoup des politiciens ou analystes somaliens avancent que les plus part des membres de ces organisations religieuses sont des modérés, mais le salafisme n’est pas une tendance marginale en Somalie. C’est un courant dominant. Il y a en fait de nombreuses personnalités au sein du gouvernement fédéral qui épousent cette forme conservatrice de l’Islam.

Plus important encore, il n’y a pas de lutte en Somalie entre les islamistes et des laïques comme certains dirigeants de Mogadiscio veulent faire croire à ses partenaires internationaux. C’est plutôt la lutte entre les factions islamistes, principalement Al-Sheikh, Al-islah, Dam-al-Jaddid et Al-Ihtisam, qui est à la base des luttes actuelles pour le pouvoir et qui sera presque certainement encore plus influentes après le passage au multipartisme prévu pour 2021.

L’alliance de ces deux organisations religieuses aura un impact significatif sur la politique de la Somalie en particulier et à son avenir en général. Ces organisations regroupent une grande partie de l’élite du Sud de la Somalie, mais disposent aussi d’important fonds financier provenant des grands commerçants membres de ces organisations et des pays les soutenant.

Vu que Dam-Al-Jaddid, dont sont membres Hassan Sheikh Mohamud – président de la République de la Somalie de 2012 à 2017, et Farah Sheikh Abdulkadir Mohamed – qui fut ministre de la Justice et des Affaires constitutionnelles de la Somalie en 2015 et brièvement ministre des affaires présidentielles, avaient dirigé la Somalie, cette nouvelle alliance veut, à son tour, jouer un rôle prépondérant à la politique somalienne à partir de 2021.

Ce n’est pas en soi que ces organisations inquiètent plus d’un en Somalie, mais c’est le fait que cette alliance soit pour Al-Shabab une passerelle de passage pour conquérir le pouvoir parce que beaucoup des dirigeants d’Al-Ihtisam ont toujours de bonnes relations avec leur bébé devenu un monstre, Al-shabab.

Qui est Al-Ihtisam ?

À la fin de 1996, l’armée éthiopienne a mené des attaques sur la région Gedo et anéanti les centres d’Al-ithihad. Les combattants du groupuscule ont déserté les lieux et se sont dispersés dans différentes villes de la Somalie.

Al-Ihtisam, créée en 1997 à Mogadiscio, est une branche issue de l’éclatement d’Al-Itihaad Al-Islamiya (AIAI). Une bonne partie des créateurs d’Al-Shabab sont issus d’Al-ihtisam Bil Kitab Wal Sunnah.

Qui est Al-islah ?

Al-Islah est une organisation qui a vu le jour le 11 juillet 1978. Elle est affiliée aux Frères musulmans (réforme). Le nom de l’Islah est dérivé du mot coranique « Al-Islah » qui a plusieurs significations telles que « réformer, améliorer », « réconcilier et corriger ». Elle participe activement à la politique de la Somalie depuis la chute du régime de Siad Barre et certains de leurs dirigeants ont occupé des postes importants en Somalie.

L’Islah est une organisation islamique pacifique et modérée, dont l’objectif principal est de défendre et de faire pression pour l’harmonisation et le calibrage de la culture indigène, les lois et les politiques de l’État avec un cadre juridique et des valeurs islamiques.

L’Islah est également un mouvement non exclusionniste et sa politique d’inclusion et sa coopération avec d’autres organisations islamiques, des confréries soufies, des sages traditionnels et des nationalistes lui ont donné une place centrale parmi les élites. En outre, les membres de l’Islah participent activement aux débats et dialogues, les activités politiques et ceux de la société civile.

Hassan Cher