Soudan: La situation au Darfour reste inquiétante
Alors que tous les regards sont rivés sur les combats qui se déroulent actuellement dans le Soudan du Sud, l’International Crisis Group (ICG) publie un rapport inquiétant sur la situation au Darfour.
En effet, selon l’ONG basée à Bruxelles, le conflit darfouri, qui dure depuis plus de dix ans, a atteint un pic de violence en 2013, les milices arabes armées par le gouvernement nord-soudanais pour contenir la rébellion ayant échappé au contrôle de Khartoum et s’affrontant mutuellement. Aussi, les récents combats ont provoqué le déplacement de près d’un demi-million de civils, si bien qu’à ce jour 3.2 millions de Darfouris requièrent une assistance humanitaire. L’ICG note également que l’accord de paix de Doha, signé en 2011 entre le gouvernement de Khartoum et les groupes rebelles, peine à être mis en œuvre. Plusieurs raisons expliquent les difficultés rencontrées dans le processus de paix, notamment le fait qu’il ait été endossé par des factions à l’influence politique et militaire limitée, son blocage par le gouvernement nord-soudanais et l’étiolement du soutien international.
Le rapport met également en lumière les racines du conflit darfouri qui sont similaires à celles des guerres civiles qu’ont connues d’autres périphéries soudanaises comme le Soudan du Sud, le Sud-Kordofan et le Nil Bleu. Parmi celles-ci, on trouve l’existence de relations inégales entre le centre et la périphérie qui se traduit, malgré les négociations et les accords passés entre gouvernement et rebelles, par l’absence de représentation de ces derniers au sein de l’appareil étatique et des forces de sécurité et la non mise en œuvre d’une redistribution de la richesse nationale. Aussi, Khartoum ne respecte pas ses engagements financiers concernant la reconstruction et le développement de la région du Darfour en raison notamment de la crise économique qui a suivi l’indépendance du Soudan du Sud. Le gouvernement nord-soudanais peine également, par manque de volonté mais aussi de capacités, à désarmer les milices ce qui remet en question la réussite du processus de paix au Darfour.
Le succès de ce processus dépend également de la communauté internationale qui manque, selon l’ICG, d’une vision cohérente de la manière de résoudre les conflits du Darfour et du Soudan dans sa globalité. L’Union africaine et les Nations unies doivent ainsi prendre en compte les nouveaux acteurs comme le Front révolutionnaire soudanais dont l’agenda politique a une dimension de plus en plus nationale. Aussi, l’ICG note que de nombreux acteurs internationaux ont tendance à soutenir séparément et l’accord de paix de Doha et une solution nationale à toutes les crises soudanaises alors que ces deux approches sont contradictoires dans leur essence : la solution serait de promouvoir la seconde démarche d’autant plus que les principaux leaders de mouvements rebelles ont affirmé leur engagement dans l’unité nationale. L’ICG préconise donc la création d’une structure permanente, menée par l’UA, capable de coordonner les efforts internationaux pour une paix globale au Nord- et au Sud-Soudan.
Sources : International Crisis Group, Rapport
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