Erythrée: Des milliers d’Erythréens enlevés et torturés
Plus de 30,000 Erythréens ont été enlevés depuis 2007 et emmenés dans le Sinaï égyptien, où ils sont victimes de torture et ne sont libérés que contre rançon, selon un rapport de l’Université de Tilburg en Hollande.
L’étude, présentée par le Parlement européen, affirme que des officiers soudanais et érythréens seraient de connivence avec les gangs à l’origine des enlèvements.
Au moins 600 millions de dollars ont été soutirés à des familles qui payent les rançons pour revoir leurs proches.
Les victimes sont enlevées en Ethiopie, au Soudan et en Erythrée, avant d’être emmenées au Sinaï.
L’Erythrée a de son côté affirmé qu’aucun de ses officiers n’était complice de ces enlèvements.
“Enchainés les uns aux autres”
Une majorité des personnes abdiquées sont des réfugiés érythréens ayant fui leur pays.
Le rapport a été réalisé par Meron Estefanos, une militante érythréenne des droits de l’homme en Suède, et les professeurs Mirjam van Reisen et Conny Rijken, de l’Université de Tilburg en Hollande.
Selon l’étude, l’Unité érythréenne de surveillance des frontières et des officiers de la sécurité soudanais font partie des « acteurs » complices des gangs qui retiennent les réfugiés dans le Sinaï.
“(Les otages) sont enchaînés les uns aux autres, sans accès aux toilettes. Ils sont déshydratés, affamés et privés de sommeil », décrit le rapport.
« Ils sont sujets à des menaces de mort et au trafic d’organes… Ceux qui tentent de s’échapper sont sévèrement torturés ».
Meron Estefanos a déclaré à la BBC que l’une de ses cousines avait été libérée après paiement d’une rançon de 37 000 dollars.
La jeune femme avait été enlevée au Soudan, puis emmenée au Sinaï avant d’être torturée et violée par ses ravisseurs.
“Presque tous les Erythréens connaissent quelqu’un qui a été retenu en otage. C’est très courant »
Selon le rapport, ces trafics ne seraient pas possibles sans la participation active d’officiers érythréens chargés de la sécurité des frontières, étant donné les « restrictions en termes de déplacements dans le pays, la nécessité de posséder un visa de sortie du territoire avant de passer la frontière, et les tirs de la police en cas de passage illégal de la frontière ».
Pour l’ambassadeur érythréen au Royaume-Uni en revanche, c’est l’Erythrée qui est “victime de trafic d’êtres humains ».
Le gouvernement “travaille dur” pour arrêter et inculper les gangs criminels qui opèrent le long de ses frontières, a-t-il également déclaré.
Les Nations unies estiment à 3000 le nombre d’Erythréens ayant fui ce pays répressif et pauvre chaque mois de l’année passé.
Une fois la frontière passée, un certain nombre d’entre eux se dirigent vers les camps de réfugiés soudanais, qui abritent maintenant plus de 90 000 personnes.
lien: http://www.bbc.co.uk/afrique/region/2013/12/131205_erythree-refugee.shtml