Djibouti: Condoléances aux familles des victimes des massacres…
Condoléances aux familles des victimes du massacre d’Arhiba, du Nord, du Sud et de l’Ouest parce qu’ils étaient AFAR
-A Hasna Mohamed Ali, violée et brûlée vive à Obock
-A Hafez Mohamed Hassan, collégien de 14 ans, tué sur ordre d’un ministre délinquant, Djama Okieh
-A Sahal Ali Youssouf, tué sur ordre du colonel Abdillahi Abdi, Directeur Génaral de la Police Nationale de Djibouti.
Demain, nous allons célébrer comme chaque année, ce qu’il est convenu d’appeler désormais le massacre d’Arhiba mais qui est en réalité le summum de la barbarie organisée, une barbarie à visage humain au point d’acculer celle-ci à ce que Hannah Arendt a appelé la Désolation. Comment oublier ce Mercredi noir du 18 décembre 1991 pour le peuple Afar, où femmes, enfants et vieillards furent rassemblés sur un terrain vague et mitraillés sans raison valable et justificative? Pris entre les tirs croisés de la police depuis la route d’Arta et de l’Escadron Présidentiel du tristement célèbre corps de la gendarmerie nationale depuis la route de Venise et de l’armée, le bilan officiel de ce tragique évènement s’est soldé par 59 morts. Nous ne connaissons toujours pas le nombre des disparus que les milices de la répression ont soigneusement et méticuleusement embarqués dans des camions.
L’objectif n’était-il pas de rayer de la carte le quartier Afar d’Arhiba si cet hélicoptère français n’avait pas survolé les lieux du massacre? Comment oublier ces cris d’enfants qui résonnent encore et pour toujours au plus profond de nos oreilles? Comment pouvons-nous oublier cette population réveillée à 5 heures du matin sous le fallacieux prétexte de vérification d’identité alors qu’on les embarquait en masse, dans des camions vers le chemin de la mort? Comment ne pas se remémorer cette population en débandade, affolée et dont policiers, gendarmes et militaires prenaient plaisir de tirer tant le spectacle était à la fois épouvantable pour nous AFAR et charmant pour les bourreaux? Ces enfants, ces femmes et ces vieillards qui ne pouvaient plus se relever, gisant à même le sol, ces long filets de sang rayaient leurs visages et leurs corps! Ces petites grandes âmes qui venaient de s’envoler! Toutes ces personnes sont mortes parce qu’elles étaient uniquement de l’ethnie Afar, parce qu’elles étaient tout simplement d’une autre coloration ethnique que celle de Monsieur Ismaël Omar Guelleh, Ismaël Guedi Hared, Ahmed Boulaleh Barreh et Moumine Bahdon Farah qui ont programmé, la veille, cette tragédie au lendemain de la déroute des milices gouvernementales à Kalaf. Ces crimes n’invitent ni à un oubli à moins d’être amnésique, ni à un pardon comme le voudraient certains négationnistes mais à un jugement devant la Justice compétente.
Pour les auteurs de cet effroyable crime, rendez-vous est d’ores et déjà pris devant La Cour Pénale Internationale, en espérant qu’ils donneront enfin les causes, les raisons, les motifs et les mobiles de ces exactions barbares contre les civils Afars d’ARHIBA. N’oublions pas ces instants extraordinaires et merveilleux, où le projet antérieur s’effondre dans le passé à la lumière d’un projet nouveau qui surgit sue ses ruines, qui ne fait encore que s’esquisser, où l’humiliation, l’angoisse, la joie, l’espoir se marient étroitement, où nous saisissons pour lâcher, où nous lâchons pour saisir et qui ont toujours pu fournir l’image la plus claire et la plus émouvante de notre liberté. Cette liberté même qui est au fondement de ma plainte pour toutes les victimes de la dictature.
Toutes mes condoléances aux familles des victimes.
Houssein IBRAHIM HOUMED