Soudan du Sud: la situation sanitaire dans un camp de Juba est une bombe à retardement
La situation sanitaire dans le plus grand de camp déplacés de la capitale sud-soudanaise, où s’entassent 27.000 personnes chassées de chez elles par le conflit en cours, est une « bombe à retardement », a averti jeudi l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF).
Le camp de Tongping a poussé à l’intérieur d’une base de l’ONU proche de l’aéroport, où sont venus chercher protection des milliers de civils terrifiés lorsque les combats ont éclaté le 15 décembre à Juba entre factions rivales de l’armée.
« Le nombre de personnes décédant chaque jour est au-delà du seuil d’urgence », a déclaré le coordinateur d’urgence de MSF à Juba, Forbes Sharp, cité dans un communiqué.
« Il n’y a en réalité qu’une façon de décrire Tomping: extraordinairement surpeuplé », a-t-il ajouté: « il est évident que cette enceinte n’a jamais été conçue pour être un camp de déplacés, ni pour accueillir un tel nombre de gens. Au mieux, elle pourrait héberger 4 à 5.000 personnes et désormais plus de 27.000 s’y entassent dans une chaleur extrême ».
M. Sharp a averti que « d’un point de vue de santé publique, un tel entassement est un bombe à retardement », car le surpeuplement chronique et les conditions sanitaires inadéquates permettent aux maladies contagieuses de se propager rapidement.
Outre les diarrhées, les infections respiratoires et le paludisme, MSF a constaté une multiplication des cas de rougeole, maladie virale extrêmement contagieuse touchant surtout les enfants et dont les complications sont potentiellement mortelles, particulièrement chez les sujets déjà affaiblis par la malnutrition.
« La rougeole dans un camp c’est alarmant, car cela touche les jeunes enfants, se répand rapidement et peut tuer », rappelle MSF.
Le conflit entre l’armée sud-soudanaise, loyale au président Salva Kiir, et des troupes fidèles à son ancien vice-président Riek Machar, a éclaté le 15 décembre à Juba, avant de se propager dans le pays. Aux combats entre troupes rivales, se sont ajoutés des massacres ethniques entre communautés Dinka et Nuer, dont sont respectivement issus MM. Kiir et Machar.
Le conflit a fait plusieurs milliers de morts – jusqu’à 10.000 estiment des sources humanitaires – et a chassé de chez elles près de 900.000 personnes.
Un cessez-le-feu a été signé le 23 janvier, mais peine à se traduire dans les faits. A Juba, sous contrôle de l’armée gouvernementale, les combats ont cessé dès le 18 décembre, mais les déplacés refusent toujours de quitter la protection de l’ONU, craignant notamment d’être pris pour cibles en raison de leur appartenance ethnique.
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