Somalie/Corruption : Environ quatre cinquièmes (4/5) des fonctionnaires rémunérés de l’état somalien sont des fantômes.

Le président de la République et le Premier ministre de l’État fédéral ont décrit la situation de milliers de fonctionnaires qui ne viennent pas travailler ou inexistants et qui reçoivent leur salaire comme une triste réalité de la corruption qui gangrène les faibles économies de l’état somalien.

Monsieur Hamse Abdi Barre, Premier ministre de l’État fédéral somalien, qui a eu une réunion avec les directeurs généraux, a montré à l’écran combien de travailleurs étaient absents et ceux qui étaient présents le samedi 24 décembre 2022, et les données électroniques du système de l’enregistrement quotidien des travailleurs faisaient apparaitre sur l’écran de contrôle :

• 5751 fonctionnaires déclarés et rémunérés ;
• 1216 fonctionnaires se sont présentés au travail ;
• 4535 absents avec 180 déclarés en congés annuels.

En utilisant l’identification biométrique, la Banque mondiale a créé un nouveau projet appelé Projet de financement des coûts récurrents et de la réforme (RCRF) qui paie des milliers de fonctionnaires au service du nouvel État somalien par l’intermédiaire de la Banque centrale.

Le Premier ministre du Gouvernement somalien a ordonné que des mesures immédiates soient prises contre les travailleurs fantômes, mais le problème est plus important que ça d’après un responsable de la Commission nationale de la fonction publique somalienne.

Les travailleurs étaient souvent recrutés dans un style clanique, même des postes importants sont attribués à des personnes qui ne le méritaient peut-être pas, mais qui étaient pistonnées par une personnalité puissante.

Certains ministères sont en sureffectif, tandis que d’autres sont en sous-effectif et surchargés de travail, ce qui entrave la prestation de services publics.

En dehors des travailleurs officiels, il y a pas mal de travailleurs temporaires, qui reçoivent des indemnités, et il arrive que l’essentiel du travail leur soit mis sur le dos. Beaucoup des responsables de l’état somalien qui sont informées de la situation pensent que c’est la Commission nationale de la fonction publique qui a la responsabilité de surveiller et de contrôler.

Le président Hassan Sheikh Mohamoud, qui s’adressait aux représentants du gouvernement à la mosquée présidentielle pendant la prière du vendredi 23 décembre 2022, a déclaré que l’affaire des fonctionnaires fantômes avait entraîné la perte de millions de dollars fournis par les partenaires internationaux — y compris des fonds fournis par les contribuables américains et britanniques — pour soutenir la Somalie. Il a souligné qu’il y avait beaucoup de corruption dans la masse salariale du gouvernement.

Selon le Centre de ressources anti-corruption, la corruption en Somalie est encore exacerbée par l’absence d’un gouvernement central fonctionnel, un manque de ressources et de capacités administratives, des structures de direction faibles ainsi qu’une capacité limitée à payer les fonctionnaires.

La Somalie, avec la Syrie, s’est classée avant-dernière, obtenant 13 sur l’IPC sur une échelle de 0 (« très corrompu ») à 100 (« très propre ») dans l’indice de perception de la corruption 2021 de Transparency International, qui mesure la perception de corruption du secteur public de 180 pays à travers le monde.

Cependant, les discours des dirigeants somaliens n’ont pas eu de suivis concrets et aucune action significative n’est annoncée pour arrêter l’hémorragie.

Le gouvernement a beaucoup de travail à faire pour que ce qui est dit soit mis en œuvre. Si aucune mesure n’est prise, cela découragera le peuple et réduira la confiance à l’encontre du gouvernement somalien.

Hassan Cher

The English translation of the article in French.

Somalia/Corruption: About four-fifths (4/5) of Somalia’s paid government officials are ghosts.

The President of the Republic and the Prime Minister of the Federal State have described the situation of thousands of civil servants who do not come to work or do not receive their salaries as a sad reality of the corruption that plagues the weak economies of the Somali state.

Mr. Hamse Abdi Barre, Prime Minister of the Federal State of Somalia, who had a meeting with the directors general, showed on the screen how many workers were absent and those who were present on Saturday, December 24, 2022, and the electronic data of the system of daily registration of workers showed on the monitor screen:

– 5751 reported and paid employees;

– 1216 civil servants reported to work;

– 4535 absent with 180 declared on annual leave.

Using biometric identification, the World Bank has created a new project called the Recurrent Cost and Reform Financing (RCRF) project that pays thousands of civil servants serving the new Somali state through the Central Bank.

The Prime Minister of the Somali government has ordered immediate action against ghost workers, but the problem is bigger than that, according to an official at the Somali National Civil Service Commission.

Workers were often recruited in a clan style, with even important positions going to people who may not have deserved it, but were being lured by a powerful personality.

Some ministries are overstaffed, while others are understaffed and overworked, hindering the delivery of public services.

In addition to official workers, there are a number of temporary workers, who receive allowances, and sometimes the bulk of the work is put on their backs. Many Somali state officials who are aware of the situation believe that it is the National Civil Service Commission that has the responsibility to monitor and control.

President Hassan Sheikh Mohamoud, who was addressing government officials at the presidential mosque during Friday prayers on December 23, 2022, said the case of the ghost civil servants had resulted in the loss of millions of dollars provided by international partners – including funds provided by U.S. and British taxpayers – to support Somalia. He noted that there was a lot of corruption in the government payroll.

According to the Anti-Corruption Resource Centre, corruption in Somalia is further exacerbated by the absence of a functioning central government, a lack of resources and administrative capacity, weak leadership structures, and a limited ability to pay public officials.

Somalia, along with Syria, ranked second to last, scoring 13 on the CPI on a scale of 0 (« very corrupt ») to 100 (« very clean ») in Transparency International’s Corruption Perceptions Index 2021, which measures the perceived corruption of the public sector in 180 countries around the world.

However, the rhetoric of Somalia’s leaders has not been followed up and no significant action has been announced to stop the bleeding.

The government has a lot of work to do to ensure that what is said is implemented. If no action is taken, it will discourage the people and reduce confidence in the Somali government.

Hassan Cher