
Djibouti/FSD/Suisse : Les rôles du cabinet Canonica & Associés à Genève et de Haibado Ismail Omar dans les détournements du Fonds Souverain de Djibouti

1. Relations entre Qawlaysato et le cabinet Canonica & Associés à Genève
Selon les enquêtes réunies dans les rapports sur Qawlaysato, cette organisation mafieuse djiboutienne, présidée de facto par Ismaïl Omar Guelleh, s’appuie sur un réseau d’intermédiaires internationaux pour le blanchiment et la dissimulation des avoirs publics. Parmi les relais identifiés figure le cabinet Canonica & Associés, basé à Genève. Ce dernier aurait servi de plateforme juridique et financière pour la création et la gestion de sociétés offshore utilisées par la famille présidentielle djiboutienne.
Ces structures, comme Lenger Holding Inc (Panama) ou Quadrifoglio Company Limited (Malte), sont toutes reliées au cabinet genevois, et certaines sont citées dans les Panama et Paradise Papers. Ces entités auraient permis de canaliser des fonds issus du Fonds Souverain de Djibouti (FSD) et d’autres recettes publiques vers des comptes privés à l’étranger.
2. Comment Canonica & Associés et Haibado Ismail apparaissent dans le FSD
L’un des volets les plus sensibles de l’affaire concerne le projet Fairmont Hôtel de Djibouti, financé officiellement à hauteur de 75 millions de dollars US par le FSD.
D’après la documentation judiciaire suisse (affaire n° PT22.005249 du 21 septembre 2021, Tribunal civil de Lausanne), Me François Canonica a déclaré que Haibado Ismail Omar Guelleh, fille du président et conseillère économique de la présidence, était la propriétaire du projet. Or, le contrat obtenu auprès du groupe Accor montre que la société signataire, Carnegie Hill Hospitality, est une émanation d’organismes publics djiboutiens — Office national du tourisme et ministère de l’Équipement.
L’attribution de la propriété à Haibado Ismail par Me Canonica, via des documents fabriqués au cabinet Canonica & Associés à Genève et présentés à la justice suisse, aurait ainsi permis de transformer un actif public en bien privé, caractérisant un détournement de fonds publics internationaux.
3. Violations des lois suisses
Plusieurs dispositions du Code pénal suisse et de la législation fiscale sont potentiellement violées :
- Art. 305bis CP (Blanchiment d’argent) : les transferts de capitaux publics djiboutiens via des structures panaméennes et maltaises, sans transparence économique, s’apparentent à des opérations de dissimulation d’origine illicite.
- Art. 322ter et 322septies CP : complicité d’atteinte au patrimoine d’un État étranger et gestion déloyale d’intérêts publics étrangers. Me Canonica, en fabriquant ou validant des documents attribuant la propriété d’un bien d’État à une personne privée, aurait contribué activement à ces infractions.
- Loi sur le blanchiment d’argent (LBA) : en tant qu’avocat exerçant des activités de nature financière, Canonica & Associés était soumis à des obligations de diligence et de déclaration auprès du MROS. L’absence de signalement constitue une violation grave.
- Infractions fiscales : les sociétés offshores sans substance économique (Lenger Holding, Quadrifoglio, Crimond Holding) peuvent être requalifiées comme établissements stables en Suisse, entraînant des rappels d’impôts et des poursuites pour fraude.
4. Violations des lois djiboutiennes
Du côté djiboutien, plusieurs textes légaux sont en cause :
- Loi n°150/AN/24/9ème L et Loi n°53/AN/09/6ème L sur la gestion des deniers publics : la conversion d’actifs d’État (FSD, Fairmont Hôtel) en propriétés familiales viole les principes de transparence et de contrôle budgétaire.
- Code pénal djiboutien, art. 371 à 375 : les infractions de détournement de fonds publics et d’abus de fonction sont caractérisées.
- Décret présidentiel n°2010-0168 PRE : en tant que conseillère technique nommée par décret, Haibado Ismail Omar Guelleh engage la responsabilité pénale des agents publics lorsqu’elle détourne des fonds ou s’approprie des biens d’État.
Ces agissements confirment une collusion entre le pouvoir exécutif djiboutien et des acteurs étrangers pour soustraire à l’État des ressources stratégiques.
5. Possibilité de déposer une plainte en Suisse
Sur la base des faits exposés dans les rapports, une plainte pénale pourrait être déposée en Suisse :
- Compétence territoriale : les opérations financières et les manipulations documentaires ont eu lieu à Genève et à Lausanne, rendant la juridiction helvétique compétente.
- Fondement juridique : plainte au sens des articles 305bis, 322ter, 322septies et 146 CP, ainsi que pour violation de la LBA.
- Parties habilitées : toute victime directe ou indirecte (citoyens djiboutiens, ONG anticorruption, représentants du FSD légitime) peut déposer plainte auprès du Ministère public de la Confédération (MPC) ou du Parquet du canton de Genève.
- Mesures possibles : gel des avoirs liés aux structures offshore, demande d’entraide judiciaire avec Djibouti, vérification de conformité fiscale et déontologique du cabinet Canonica & Associés.
Cette affaire, si elle est instruite, pourrait devenir un test majeur pour la coopération judiciaire Suisse-Afrique en matière de détournements de fonds souverains et de complicité transnationale.
Hassan Cher
The English translation of the article in French.
Djibouti/SWF/Switzerland: The Roles of Canonica & Associés in Geneva and Haibado Ismail Omar in the Embezzlement of the Djibouti Sovereign Wealth Fund
1. Links between Qawlaysato and Canonica & Associés in Geneva
According to investigations detailed in reports on Qawlaysato, this Djiboutian mafia organization—de facto presided over by Ismaïl Omar Guelleh—relies on an international network of intermediaries to launder and conceal public assets. Among these intermediaries is the law firm Canonica & Associés, based in Geneva.
The firm allegedly acted as a legal and financial platform for the creation and management of offshore entities used by the Djiboutian presidential family.
These structures, such as Lenger Holding Inc (Panama) and Quadrifoglio Company Limited (Malta), are all linked to the Geneva-based firm and have been cited in the Panama and Paradise Papers. These entities reportedly enabled the diversion of funds from the Djibouti Sovereign Wealth Fund (SWF) and other public revenues into private accounts abroad.
2. How Canonica & Associés and Haibado Ismail appear in the SWF
One of the most sensitive aspects of the case involves the Fairmont Hotel Djibouti project, officially financed with USD 75 million from the SWF.
According to Swiss court documents (Case No. PT22.005249, September 21, 2021, Lausanne Civil Court), attorney François Canonica declared that Haibado Ismail Omar Guelleh, the president’s daughter and economic adviser to the presidency, was the project’s owner. However, the contract obtained from the Accor Group shows that the signing entity, Carnegie Hill Hospitality, is an offshoot of Djiboutian public bodies—the National Tourism Office and the Ministry of Equipment.
The attribution of ownership to Haibado Ismail by Me Canonica, through documents fabricated at the Canonica & Associés law firm in Geneva and submitted to the Swiss judiciary, effectively enabled the conversion of a public asset into private property — constituting a clear case of international public fund embezzlement.
3. Violations of Swiss Law
Several provisions of the Swiss Penal Code and tax law appear to have been breached:
- Art. 305bis SCC (Money Laundering): The transfer of Djiboutian public funds through Panamanian and Maltese structures lacking economic transparency constitutes acts of concealment of illicit origins.
- Arts. 322ter and 322septies SCC: Complicity in damage to the assets of a foreign state and disloyal management of foreign public interests. By fabricating or endorsing documents transferring ownership of state property to a private individual, Canonica may have actively facilitated these offences.
- Swiss Anti-Money Laundering Act (AMLA): As an attorney performing financial intermediation activities, Canonica & Associés was subject to due diligence and reporting obligations to MROS. The failure to report such transactions represents a serious violation.
- Tax violations: Offshore companies without real substance (Lenger Holding, Quadrifoglio, Crimond Holding) can be reclassified as permanent establishments in Switzerland, exposing their operators to tax reassessments and prosecution for fraud.
4. Violations of Djiboutian Law
On the Djiboutian side, several legal provisions have been infringed:
- Laws No. 150/AN/24/9th L and No. 53/AN/09/6th L on the management of public funds: The conversion of state assets (SWF, Fairmont Hotel) into family-owned property violates principles of transparency and fiscal oversight.
- Djiboutian Penal Code, Arts. 371–375: The acts constitute embezzlement of public funds and abuse of office.
- Presidential Decree No. 2010-0168 PRE: As a senior technical adviser appointed by decree, Haibado Ismail Omar Guelleh bears criminal liability as a public official for diverting state assets for personal gain.
These actions confirm collusion between Djibouti’s executive power and foreign intermediaries to misappropriate strategic state resources.
5. Possibility of Filing a Complaint in Switzerland
Based on the facts presented in the referenced reports, a criminal complaint could be filed in Switzerland:
- Territorial jurisdiction: The financial operations and document manipulations took place in Geneva and Lausanne, establishing Swiss jurisdiction.
- Legal basis: Complaint under Articles 305bis, 322ter, 322septies, and 146 SCC, as well as for AMLA violations.
- Eligible complainants: Any direct or indirect victim (Djiboutian citizens, anti-corruption NGOs, legitimate SWF representatives) may file a complaint with the Office of the Attorney General of Switzerland (OAG) or the Public Prosecutor’s Office of the Canton of Geneva.
- Potential measures: Freezing of assets linked to offshore structures, mutual legal assistance requests to Djibouti, and audits of Canonica & Associés for fiscal and ethical compliance.
If pursued, this case could become a landmark test for Swiss-African judicial cooperation on sovereign fund embezzlement and transnational complicity.
Hassan Cher