Éthiopie/Djibouti/Somalie : La sécurité d’Ahmed Moalim Fiqi à Djibouti est gravement compromise, exacerbée par l’absence prolongée du président Ismael Omar Guelleh.
La situation dans la Corne de l’Afrique prend une tournure de plus en plus préoccupante à la suite de la signature du protocole d’entente (MoU) entre la Somaliland et l’Éthiopie le 1er janvier 2024. Cet accord, qui offre à Addis-Abeba une base navale militaire sur la côte somalilandaise, plus précisément entre la ville de Berbera et la région de Lugahya, a déclenché une série de tensions géopolitiques dans la région. En échange de cet accès, l’Éthiopie s’engage à reconnaître de manière officielle l’indépendance de la Somaliland, un territoire séparatiste en quête de reconnaissance internationale depuis plus de trois décennies. Le ministre des Affaires étrangères de la République fédérale de la Somalie, Ahmed Moallim Fiqi, est attendu à Djibouti pour des pourparlers sous l’égide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD). Cependant, son déplacement est marqué par des menaces d’assassinat, une tension croissante à Djibouti, et l’absence mystérieuse et prolongée du président djiboutien, Ismael Omar Guelleh, qui se trouve à Paris sous prétexte de problèmes de santé.
Menace sur Fiqi et soutien discret de Djibouti à l’accord Somaliland-Éthiopie.
La Somalie, qui revendique toujours la Somaliland comme faisant partie de son territoire souverain, voit cet accord comme une violation flagrante de son intégrité territoriale. En parallèle, le régime d’Ismael Omar Guelleh à Djibouti, qui compte rester au pouvoir accueille favorablement ce protocole d’entente (MoU) entre la Somaliland et l’Éthiopie.
La situation est d’autant plus tendue que le ministre somalien des Affaires étrangères, Ahmed Moallim Fiqi, est attendu à Djibouti pour des discussions cruciales avec son homologue éthiopien. Toutefois, des informations émanant de source bien informée évoquent une menace sérieuse d’assassinat visant Fiqi. On soupçonne que des snipers venus du Yémen auraient été contacté pour exécuter cette opération, tandis que le régime djiboutien planifierait de pointer du doigt des membres de l’ethnie Issaq de Djibouti, sous prétexte qu’ils seraient en collusion avec Hargeisa, la capitale de la Somaliland.
Les enjeux du protocole d’entente pour la Corne de l’Afrique
Le protocole d’entente entre l’Éthiopie et la Somaliland représente bien plus qu’un simple accord bilatéral. Il s’agit d’un tournant stratégique dans la géopolitique de la Corne de l’Afrique. La Somaliland, en quête de reconnaissance internationale, voit dans cet accord une opportunité d’obtenir un soutien diplomatique et militaire de la part de l’Éthiopie, une puissance régionale. De son côté, l’Éthiopie, un pays enclavé, cherche à renforcer sa présence maritime et à assurer sa sécurité énergétique et commerciale en s’ouvrant un accès direct à la mer.
Les implications politiques de cet accord s’étendent également à la Somalie, qui voit sa souveraineté remise en question. Si l’Éthiopie reconnaît officiellement la Somaliland comme un État indépendant, cela pourrait ouvrir la voie à d’autres reconnaissances internationales, rendant la situation irréversible pour Mogadiscio. Dans ce contexte, la participation du ministre somalien des Affaires étrangères, Ahmed Moallim Fiqi, aux discussions avec son homologue éthiopien à Djibouti, est cruciale pour tenter de désamorcer la situation.
Les menaces qui pèsent sur Ahmed Moallim Fiqi
Le déplacement d’Ahmed Moallim Fiqi à Djibouti est entouré de nombreuses inquiétudes concernant sa sécurité. Selon des informations confidentielles, des snipers venus du Yémen auraient été engagés pour porter atteinte à l’intégrité physique du ministre somalien lors de son séjour à Djibouti. Si cette tentative d’assassinat venait à se produire, elle serait un coup dur non seulement pour la Somalie, mais aussi pour la stabilité de la Corne de l’Afrique.
Le régime djiboutien, dans le cadre de cette potentielle opération, pourrait chercher à accuser les membres de l’ethnie Issaq, qui vivent à la fois en Somaliland et à Djibouti. Cette ethnie, en conflit depuis quelques mois avec le régime djiboutien et considéré comme proche des autorités de Hargeisa, pourrait être utilisée comme bouc émissaire dans cette situation. En accusant les Issaq de Djibouti de complicité avec la Somaliland, le régime chercherait à détourner l’attention de ses propres responsabilités et à diviser davantage la population djiboutienne.
Guelleh, un président qui joue au jeu de cache-cache et qui dirige à distance
Depuis le 20 septembre 2024, le président de Djibouti, Ismael Omar Guelleh, se trouve à Paris, officiellement pour des raisons de santé. Cependant, cette absence mystérieuse et prolongée commence à susciter des interrogations tant à Djibouti qu’à l’international. À son âge, s’amuser au jeu du cache-cache tout en dirigeant un pays à distance, surtout en pleine crise, ressemble pour beaucoup à une démonstration flagrante de faiblesse et de vulnérabilité.
Les rumeurs circulent selon lesquelles le président Guelleh aurait quitté Djibouti pour éviter les retombées des tensions croissantes dans la région. En l’absence d’une déclaration officielle détaillant la nature de sa maladie, certains observateurs estiment que cette retraite à Paris pourrait aussi être une stratégie pour protéger son régime des troubles potentiels que pourrait déclencher le protocole d’entente entre l’Éthiopie et la Somaliland.
En effet, plusieurs signes indiquent que le président Guelleh continue de diriger Djibouti depuis Paris, avec l’aide d’un cercle restreint de membres de sa famille. Cette gestion à distance, rendue possible par la technologie, montre à quel point le régime djiboutien est centralisé autour de la figure du président et de son entourage proche.
Le rôle de la famille Guelleh dans la gestion du pouvoir
La concentration du pouvoir entre les mains du cercle familial du président Guelleh n’est pas nouvelle. Depuis des décennies, Ismael Omar Guelleh a soigneusement construit un réseau de soutien à la fois au sein de sa famille et parmi ses alliés les plus proches. Ce groupe restreint contrôle non seulement les affaires politiques du pays, mais aussi une grande partie de ses ressources économiques.
L’absence prolongée du président ne fait que renforcer cette centralisation du pouvoir autour de son cercle familial. Pendant que le président dirige depuis Paris, ce sont ses proches qui assurent la gestion quotidienne des affaires courantes à Djibouti, renforçant ainsi leur emprise sur le pays.
Cependant, cette gestion du pouvoir à distance pourrait également se retourner contre le régime. En cas d’échec des discussions entre la Somalie et l’Éthiopie, ou si la situation sécuritaire venait à se dégrader, l’absence du président sur le sol djiboutien pourrait être perçue comme un signe de faiblesse, voire d’abandon de ses responsabilités.
Les conséquences potentielles pour la stabilité régionale
Le protocole d’entente entre l’Éthiopie et la Somaliland, ainsi que les tensions qu’il génère à Djibouti et en Somalie, ont des implications profondes pour la stabilité de la Corne de l’Afrique. Si les discussions sous l’égide de l’IGAD échouent à désamorcer la situation, plusieurs scénarios pourraient se dessiner.
D’une part, la reconnaissance de la Somaliland par l’Éthiopie pourrait entraîner une réaction en chaîne, avec d’autres pays de la région, voire de la communauté internationale, suivant l’exemple d’Addis-Abeba. Cela placerait la Somalie dans une position de plus en plus isolée, affaiblissant davantage son autorité sur le nord du pays.
Hassan Cher
The English translation of the article in French.
Ethiopia/Djibouti/Somalia: Ahmed Moalim Fiqi’s security in Djibouti is seriously compromised, exacerbated by the prolonged absence of President Ismael Omar Guelleh.
The situation in the Horn of Africa is becoming increasingly worrying following the signing of the Memorandum of Understanding (MoU) between Somaliland and Ethiopia on January 1, 2024. This agreement, which offers Addis Ababa a naval military base on the Somaliland coast, more precisely between the town of Berbera and the Lugahya region, has triggered a series of geopolitical tensions in the region. In exchange for this access, Ethiopia undertakes to officially recognize the independence of Somaliland, a separatist territory that has been seeking international recognition for over three decades. The Foreign Minister of the Federal Republic of Somalia, Ahmed Moallim Fiqi, is expected in Djibouti for talks under the aegis of the Intergovernmental Authority on Development (IGAD). However, his trip is marked by assassination threats, growing tension in Djibouti, and the mysterious and prolonged absence of Djibouti’s president, Ismael Omar Guelleh, who is in Paris under the pretext of health problems.
Threat to Fiqi and Djibouti’s discreet support for the Somaliland-Ethiopia agreement.
Somalia, which still claims Somaliland as part of its sovereign territory, sees the agreement as a flagrant violation of its territorial integrity. At the same time, Ismael Omar Guelleh’s regime in Djibouti, which intends to remain in power, welcomes this Memorandum of Understanding (MoU) between Somaliland and Ethiopia.
The situation is all the more tense as Somalia’s Foreign Minister, Ahmed Moallim Fiqi, is expected in Djibouti for crucial talks with his Ethiopian counterpart. However, reports from well-informed sources point to a serious assassination threat against Fiqi. It is suspected that snipers from Yemen have been contacted to carry out this operation, while the Djiboutian regime is planning to point the finger at members of Djibouti’s Issaq ethnic group, on the pretext that they are in collusion with Hargeisa, the capital of Somaliland.
The stakes of the MOU for the Horn of Africa
The Memorandum of Understanding between Ethiopia and Somaliland represents much more than a simple bilateral agreement. It represents a strategic turning point in the geopolitics of the Horn of Africa. Somaliland, in search of international recognition, sees in this agreement an opportunity to obtain diplomatic and military support from Ethiopia, a regional power. For its part, Ethiopia, a landlocked country, seeks to strengthen its maritime presence and ensure its energy and commercial security by opening up direct access to the sea.
The political implications of this agreement also extend to Somalia, whose sovereignty is now being called into question. If Ethiopia officially recognizes Somaliland as an independent state, this could pave the way for further international recognition, making the situation irreversible for Mogadishu. In this context, the participation of Somalia’s Foreign Minister, Ahmed Moallim Fiqi, in talks with his Ethiopian counterpart in Djibouti, is crucial in an attempt to defuse the situation.
Threats to Ahmed Moallim Fiqi
Ahmed Moallim Fiqi’s trip to Djibouti is surrounded by numerous security concerns. According to confidential information, snipers from Yemen have been hired to attack the Somali minister during his stay in Djibouti. Should this assassination attempt take place, it would be a major blow not only for Somalia, but also for the stability of the Horn of Africa.
As part of this potential operation, the Djiboutian regime could seek to blame members of the Issaq ethnic group, who live in both Somaliland and Djibouti. This ethnic group, which has been in conflict with the Djiboutian regime for several months and is considered to be close to the authorities in Hargeisa, could be used as a scapegoat in this situation. By accusing Djibouti’s Issaq of complicity with Somaliland, the regime is seeking to divert attention from its own responsibilities and further divide the Djiboutian population.
Guelleh, a president who plays hide-and-seek and rules from a distance
Since September 20, 2024, Djibouti’s President Ismael Omar Guelleh has been in Paris, officially for health reasons. However, his mysterious and prolonged absence is beginning to raise questions both in Djibouti and internationally. At his age, playing hide-and-seek while leading a country from a distance, especially in the midst of a crisis, seems to many to be a flagrant demonstration of weakness and vulnerability.
Rumors are circulating that President Guelleh has left Djibouti to avoid the fallout of rising tensions in the region. In the absence of an official statement detailing the nature of his illness, some observers believe that this retreat to Paris could also be a strategy to protect his regime from potential unrest triggered by the Ethiopia-Somaliland Memorandum of Understanding.
Indeed, several signs indicate that President Guelleh continues to run Djibouti from Paris, with the help of a small circle of family members. This remote management, made possible by technology, shows the extent to which the Djiboutian regime is centralized around the figure of the president and his close entourage.
The role of the Guelleh family in the management of power
The concentration of power in the hands of President Guelleh’s family circle is nothing new. For decades, Ismael Omar Guelleh has carefully built up a network of support both within his family and among his closest allies. This select group controls not only the country’s political affairs, but also a large part of its economic resources.
The President’s prolonged absence only reinforces this centralization of power around his family circle. While the President rules from Paris, it is his close relations who ensure the day-to-day running of affairs in Djibouti, thus strengthening their grip on the country.
However, this remote management of power could also backfire. Should talks between Somalia and Ethiopia fail, or should the security situation deteriorate, the President’s absence from Djibouti could be perceived as a sign of weakness, or even an abdication of his responsibilities.
Potential consequences for regional stability
The Memorandum of Understanding between Ethiopia and Somaliland, and the tensions it generates in Djibouti and Somalia, have far-reaching implications for the stability of the Horn of Africa. If discussions under the aegis of IGAD fail to defuse the situation, several scenarios could emerge.
On the one hand, Ethiopia’s recognition of Somaliland could set off a chain reaction, with other countries in the region, and even the international community, following Addis Ababa’s lead. This would place Somalia in an increasingly isolated position, further weakening its authority over the north of the country.
Hassan Cher
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