Djibouti : Les trafiquants d’armes yéménites et somaliens passent directement leurs commandes par la présidence de Djibouti.

Djibouti : Les trafiquants d’armes yéménites et somaliens passent directement leurs commandes par la présidence de Djibouti.

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Depuis des années, la République de Djibouti, petit État stratégique de la Corne de l’Afrique, est suspectée d’être un maillon essentiel dans le trafic d’armes à destination du Yémen. Des documents officiels, des rapports onusiens et des enquêtes journalistiques révèlent un système sophistiqué où la présidence djiboutienne servirait de façade légale à des commandes d’armes massives, détournées au profit de trafiquants et de groupes armés.

  1. L’affaire des 80 000 pistolets Taurus : un scandale aux ramifications internationales

Dès 2015, un rapport du Groupe d’experts des Nations Unies sur le Yémen (S/2017/81) alertait sur des achats d’armes suspects passés par la présidence de Djibouti. Celle-ci aurait commandé 80 000 pistolets au fabricant brésilien Forjas Taurus SA – une quantité représentant quatre fois les effectifs totaux des forces armées et de sécurité djiboutiennes.

Or, ces armes n’étaient pas destinées à l’armée nationale. Selon le rapport, elles devaient transiter par des sociétés-écrans yéménites et somaliennes – telles que Matrix Company et Ithkan Company for Hunting – avant d’être revendues sur le marché noir. Les fonds utilisés (2,28 millions de dollars) ne provenaient pas du budget de la Défense, mais de trafiquants yéménites. La présidence djiboutienne aurait ainsi fourni des certificats d’utilisateur final (EUC) pour blanchir ces transactions.

2. 2018 : interception de camions d’armes en Somalie

Le 3 novembre 2018, les douaniers de la région somalienne de Galmudug interceptaient six camions remplis d’armes en provenance de Djibouti. Les chauffeurs ont confirmé l’origine djiboutienne de la cargaison. Cet incident, rapporté par la Voix de l’Amérique (VOA), confirmait que le territoire djiboutien servait de plateforme logistique pour des trafics régionaux.

3. 2025 : l’interception maritime et les aveux des marins

Plus récemment, le 16 juillet 2025, les Forces de Résistance Nationale yéménites (NRF) ont arraisonné un boutre transportant une cargaison massive d’armes sophistiquées de fabrication iranienne. Le navire venait de Djibouti et se dirigeait vers Hodeida. Interrogés, les marins ont indiqué que leur « plus grand fournisseur est l’État djiboutien ». Ils affirment avoir effectué plus de douze voyages similaires sous protection des forces djiboutiennes.

4. Un système institutionnalisé sous le règne de Guelleh

Ces trafics s’inscrivent dans un système plus large de captation de l’État par une organisation mafieuse, « Qawlaysato », dirigée depuis le palais présidentiel. Le rapport ONU de 2017 pointait déjà le rôle central de la présidence dans ces circuits opaques. En 2016, la Haute Cour de Londres, dans l’affaire Boreh, avait également mis en lumière les manipulations judiciaires et les fabrications de preuves par le régime djiboutien pour silencier ses opposants.

Les fonds transitent par des banques locales sous contrôle familial, comme l’International Commercial Bank Djibouti (devenue Intercontinental Investment Bank SA), détenue par la famille du président Ismail Omar Guelleh.

5. Aucune procédure judiciaire à Djibouti malgré les preuves de trafic d’armes

Malgré les preuves accablantes documentées par l’ONU et les interceptions répétées de cargaisons d’armes en provenance de Djibouti, aucune procédure judiciaire n’a été ouverte par les autorités djiboutiennes concernant ces trafics.

Le rapport des experts de l’ONU (S/2017/81) révélait déjà en 2017 que la commande de 80 000 pistolets par la présidence violait les lois nationales en matière d’acquisition d’armes. Pourtant, malgré ces éléments vérifiables, la justice djiboutienne est restée silencieuse.

Cette absence totale d’enquête s’explique par l’emprise de l’organisation « Qawlaysato » sur l’appareil d’État, neutralisant toute volonté d’investigation. Le pouvoir judiciaire, sous influence, ne peut fonctionner indépendamment.

Ainsi, l’impunité structurelle garantit la pérennité de ces trafics, faisant de Djibouti un sanctuaire pour les réseaux criminels internationaux.

6. Conclusion : un État complice

Les preuves s’accumulent : la présidence de Djibouti n’est pas seulement complice de trafics d’armes – elle en est un acteur structurant. En utilisant sa souveraineté pour blanchir des commandes, en détournant des certificats officiels et en protégeant les convois, elle alimente directement les conflits régionaux et menace la stabilité de toute la Corne de l’Afrique.

La communauté internationale ne peut plus ignorer ce rôle. Les preuves sont là, documentées par l’ONU, corroborées par des interceptions et des témoignages directs. La présidence de Djibouti, sous couvert de légalité, est devenu la plaque tournante du trafic d’armes vers le Yémen.

Sources principales :

– Rapport du Groupe d’experts de l’ONU sur le Yémen (S/2017/81)

– HCH24 : « Djibouti, le Brésil et les Houthis » (août 2025)

– HCH24 : « Mer Rouge : le réseau secret du trafic d’armes iranien » (août 2025)

– Jugement de la Haute Cour de Londres (affaire Boreh, 2016)

Hassan Cher

The English translation of the article in French.

Djibouti: Yemeni and Somali arms traffickers place orders directly through the Djiboutian presidency.

For years, the Republic of Djibouti, a small strategic state in the Horn of Africa, has been suspected of being a key link in arms trafficking destined for Yemen. Official documents, UN reports, and journalistic investigations reveal a sophisticated system in which the Djiboutian presidency allegedly serves as a legal façade for massive arms orders, diverted for the benefit of traffickers and armed groups.

1. The 80,000 Taurus Pistols Case: A Scandal with International Ramifications

As early as 2015, a report by the United Nations Panel of Experts on Yemen (S/2017/81) raised the alarm about suspicious arms purchases made by the Djiboutian presidency. The presidency allegedly ordered 80,000 pistols from the Brazilian manufacturer Forjas Taurus SA – a quantity representing four times the total strength of Djibouti’s armed and security forces.

However, these weapons were not intended for the national army. According to the report, they were to be routed through Yemeni and Somali shell companies – such as Matrix Company and Ithkan Company for Hunting – before being sold on the black market. The funds used ($2.28 million) did not come from the Defense budget but from Yemeni traffickers. The Djiboutian presidency reportedly provided End-User Certificates (EUCs) to launder these transactions.

2. 2018: Interception of Arms Trucks in Somalia

On November 3, 2018, customs officials in Somalia’s Galmudug region intercepted six trucks filled with weapons coming from Djibouti. The drivers confirmed the Djiboutian origin of the cargo. This incident, reported by Voice of America (VOA), confirmed that Djiboutian territory was being used as a logistical platform for regional trafficking.

3. 2025: Maritime Interception and Sailors’ Confessions

More recently, on July 16, 2025, the Yemeni National Resistance Forces (NRF) boarded a dhow transporting a massive cargo of sophisticated Iranian-made weapons. The vessel had come from Djibouti and was headed for Hodeida. When questioned, the sailors stated that their « largest supplier is the Djiboutian state. » They claim to have made more than twelve similar trips under the protection of Djiboutian forces.

4. An Institutionalized System Under Guelleh’s Rule

These trafficking operations are part of a broader system of state capture by a mafia-like organization, « Qawlaysato, » directed from the presidential palace. The 2017 UN report had already highlighted the central role of the presidency in these opaque circuits. In 2016, the UK High Court of Justice, in the Boreh case, also exposed the Djiboutian regime’s judicial manipulations and fabrication of evidence to silence its opponents.

Funds are routed through local banks under family control, such as the International Commercial Bank Djibouti (now Intercontinental Investment Bank SA), owned by the family of President Ismail Omar Guelleh.

5. No Judicial Proceedings in Djibouti Despite Evidence of Arms Trafficking

Despite overwhelming evidence documented by the UN and the repeated interception of arms shipments from Djibouti, no judicial proceedings have been initiated by the Djiboutian authorities regarding this trafficking.

The UN experts’ report (S/2017/81) had already revealed in 2017 that the presidency’s order for 80,000 pistols violated national arms acquisition laws. Yet, despite these verifiable facts, the Djiboutian judiciary has remained silent.

This complete absence of investigation is explained by the grip of the « Qawlaysato » organization on the state apparatus, neutralizing any will to investigate. The judiciary, under influence, cannot function independently.

Thus, structural impunity guarantees the perpetuation of this trafficking, making Djibouti a sanctuary for international criminal networks.

6. Conclusion: A Complicit State

The evidence is mounting: the Djiboutian presidency is not merely complicit in arms trafficking – it is a structuring actor. By using its sovereignty to launder orders, diverting official certificates, and protecting convoys, it directly fuels regional conflicts and threatens the stability of the entire Horn of Africa.

The international community can no longer ignore this role. The evidence is there, documented by the UN, corroborated by interceptions and direct testimony. Under a veil of legality, the Djiboutian presidency has become the hub for arms trafficking to Yemen.

Primary Sources:

– Report of the UN Panel of Experts on Yemen (S/2017/81)

– HCH24: “Djibouti, Brazil and the Houthis” (August 2025)

– HCH24: “Red Sea: The Secret Network of Iranian Arms Trafficking” (August 2025)

– UK High Court of Justice Ruling (Boreh case, 2016)

Hassan Cher

https://www.hch24.com/actualites/08/2025/mer-rouge-le-reseau-secret-du-trafic-darmes-iranien-aux-houthis-via-djibouti-et-somalie-devoile-par-des-marins-repentis/ https://www.hch24.com/actualites/08/2025/djibouti-le-bresil-et-les-houthis-quand-les-achats-darmes-de-la-presidence-djiboutienne-nourrissaient-deja-les-reseaux-clandestins-du-terrorisme/

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Authored by: Hassan Cher Hared

Hassan Cher Hared