Somalie/Suisse: Le kamikaze de Mogadiscio n’est pas suisse et n’a pas appartenu à l’union des tribunaux islamiques.

Après une enquête hasardeuse et dont l’objectif principal est de remettre sur la scène internationale les passés de l’Union des tribunaux islamiques, le service des renseignements somalien publie à la va vite un constat erroné sur le kamikaze de l’hôtel SYL de Mogadiscio abritant des membres de la délégation turque et qui a fait cinq morts. L’attentat, revendiqué par les Shebab et survenu à la veille d’une visite du président turc Recep Tayyip Erdogan.
Sharif Sheikh Ahmed, un des hauts dirigeants de la tendance plus modérée de l’Union des tribunaux islamiques et ex-président de l’état provisoire de la Somalie de 2009 à 2012 compte concourir pour l’élection présidentiel de 2016 et représente un candidat sérieux pour l’actuel président de la Somalie, Hassan Sheikh Mohamoud.
Cet attentat fut une occasion, pour le club de l’actuel président, de discrédité un potentiel adversaire mais le kamikaze n’est ni suisse et n’a jamais appartenu à l’union des tribunaux islamiques.
L’enfance du kamikaze
Mahamoud Osman plus connu sous son sobriquet « Dhagaay » (oreille coupée) a fait l’école coranique dès son jeune âge comme tout jeune somalien.
Mais, il a eu la chance de côtoyer l’école coranique de la secte religieuse dit SUUFI, c’est une tendance qui dénonce la violence et prône la méditation et la tolérance, le contraire absolu de de deux suivant : l’union des tribunaux islamiques et du groupuscule extrémiste Al-shabaab.
Il avait particulièrement étudié à l’école coranique SUUFI de Ma-alin Osman situé à l’arrondissement Wardhigley –quartier Baar
Ubax.
Sa vie à l’âge adulte
Ayant perdu son père c’est la mère qui assure la vie d’une fratrie dont le Kamikaze est le seul garçon au milieu de 4 sœurs. La maman dispose un stand au marché Baar
Ubax où elle vend du lait frais.
En 2001, le Kamikaze, Mahmoud Osman dit Dhagaay, commence son tour à monter son petit business. Il installe
son stand au marché de Baar
Ubax et y répare les horloges et montres jusqu’en 2006.
Etant un grand consommateur de la drogue mâchée en Afrique de l’Est, le Khat, et un bon
fumeur, il avait déjà des problèmes avec la police des mœurs de l’union des tribunaux islamiques. Mais, avec le renforcement du groupuscule extrémiste Al-shabaab, il fait partie d’un groupe des jeunes de ce quartier Baar
Ubax qui décide de prendre la route de l’exile devant cette menace contraire à leur doctrine religieuse, le SUUFI.
À travers la Libye le Kamikaze arrive en Suisse en 2008 et fait une demande d’asile au centre d’enregistrement et des procédures de Vallorbes. Quelques semaines après il est transféré dans le canton alémanique de Schwytz.
Avec un permis de séjours provisoire F il mène une vie tranquille dans ce petit canton situé au centre de la Suisse, loin de l’influence et de la barbarie d’Al-shabaab.
La radicalisation
Des connaissances constatent en 2011, de la part du kamikaze, un isolement et un changement physique et vestimentaire qui va du développement d’un grand barbe au pantalon coupé tout au-dessus de la cheville, les signes du groupuscule extrémiste Al-shabaab.
N’ayant pas dans son entourage immédiat en Suisse des personnes connues pour leurs sympathies à Al-shabaab, la plus part de ces proches croient que l’influence négative est venue de ses nouvelles connaissances via internet dans les pays scandinaves. Or, un ou deux soupçonnent des cousins restés au pays et qui ont appartenu l’union des tribunaux islamiques. Dans tout le cas le danger qu’il avait fui 4 ans avant l’a rattrapé avec l’aide de la nouvelle technologie, l’internet, et a causé sa mort violente.
Les conséquences sur sa famille restée au pays
Sa mère restée au pays est qui avait perdu une œil sous l’explosion d’un mortier tombé accidentellement pas loin de chez elle subit tout sorte des pressions de la part du service des renseignements somaliens et les sanctions répressives peuvent aller jusqu’à l’expropriation foncier.
Les questions
Comment ce jeune kamikaze d’environ 28 ans, fidèle à la doctrine religieuse SUUFI, fan du club de football de Juventus, adepte de la drogue douce de l’Afrique de l’Est, du sous-clan Saad – Habar-gidir (une sous clan hostile à Al-shabaab) et issu d’un quartier dont le groupuscule est rarement représenté a pu aussi facilement aller d’un extrême à l’autre ?
En tout cas, cette mauvaise nouvelle illustre le travail minutieux et acharné du groupuscule extrémisteauprès de la diaspora afin de renforcer toujours ces rangs tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la Somalie.
Auteur : Hassan Cher



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