Soudan du Sud: la trêve, fragile, n’a pas tenu
Au Soudan du Sud, la trêve, fragile, n’a pas tenu et Juba accuse les rebelles qui accusent Juba d’avoir violé le cessez-le-feu censé mettre fin au conflit moins de 24 heures après son entrée en vigueur vendredi à 17 h 30 (GMT).
En effet, moins d’un jour après l’entrée en vigueur de la trêve, les deux camps continuent à jouer à «C’est pas moi, c’est lui!»!
«Ce matin, j’ai été informé que les forces rebelles ont continué d’attaquer nos forces», a déclaré à la presse le ministre de l’Information Michael Makuei, ajoutant «Nos forces vont devoir se défendre».
«Ce n’est pas vraiment surprenant, ce sont des rebelles et les rebelles sont par nature des gens indisciplinés, ils n’ont pas de forces régulières, de commandement centralisé», a souligné le ministre sud-soudanais
Malgré le cessez-le-feu, signé jeudi à Addis Abeba et entré en vigueur vendredi après la tombée de la nuit, l’ONU avait fait état de «combats sporadiques» en fin de journée vendredi.
Selon un porte-parole rebelle, cité par France-Presse, Lul Ruai Koang, l’armée gouvernementale, soutenue par des soldats ougandais et des éléments d’un groupe rebelle du Darfour (JEM) venus du Soudan voisin, ont attaqué peu avant le cessez-le-feu leurs positions dans l’État pétrolier d’Unité (nord), et dans l’État de Jonglei (nord-est).
Selon la version du porte-parole de l’armée gouvernementale Philip Aguer, ce sont au contraire les rebelles qui ont pris d’assaut des positions gouvernementales à Jonglei.
Selon le porte-parole du gouvernement de Juba, les rebelles ont été repoussés et les combats ont pris fin avant le cessez-le-feu.
Un cessez-le-feu difficile à appliquer
Le Soudan du Sud est dévasté depuis le 15 décembre par des combats opposant les forces loyales au président Salva Kiir à des troupes fidèles à l’ex-vice-président Riek Machar, limogé en juillet.
Le conflit a fait des milliers de morts – plus de 10.000 selon des observateurs – et environ 700.000 déplacés. Quelque 76.000 civils sont désormais réfugiés sur des bases de l’ONU dans le pays en raison du conflit.
Après trois semaines de laborieux pourparlers à Addis Abeba sous la médiation de l’organisation régionale Igad – qui regroupe des pays d’Afrique de l’est – les deux camps ont finalement signé jeudi soir un cessez-le-feu qui devait entrer en vigueur sous 24 heures, soit vendredi vers 17H30 GMT.
L’organisation est-africaine Igad, sous l’égide de laquelle a été signé le cessez-le-feu jeudi dernier, doit organiser la semaine prochaine des réunions sur la manière d’en surveiller l’application.
De son côté, l’ONU s’est déclaré prête à apporter une «aide essentielle» au contrôle du cessez-le-feu.
Les deux parties ont affirmé vouloir respecter la cessation des hostilités, mais ont dit chacune douter des capacités du camp adverse de contrôler leurs forces sur le terrain.
Selon des observateurs, le conflit aurait pris une telle ampleur que, sans doute, il pourrait bien échapper à ses principaux acteurs.
La trêve pourrait en effet être difficile à applique: Riek Machar ne contrôle sans doute pas l’ensemble des troupes qui le soutiennent, alliance plus ou moins stable de militaires mutins et de diverses milices ethniques.
En outre, les combats ont par ailleurs donné lieu à des atrocités perpétrées par les deux camps, et le conflit a pris un caractère interethnique, MM. Kiir et Machar instrumentalisant les rivalités entre les peuples Dinka et Nuer dont ils sont respectivement issus.
Il faut aussi savoir que le conflit au Soudan du Sud prend sa source dans de vieilles rivalités politiques et ethniques, héritées de la longue guerre civile (1983-2005) qui a déchiré le Soudan avant sa partition et la sécession du Soudan du Sud en juillet 2011.
*Avec AFP