Djibouti sous le regard du Basel AML Index 2025

- Corruption, blanchiment, et perceptions internationales
Le Basel AML Index 2025, publié par le Basel Institute on Governance, constitue aujourd’hui l’un des outils de référence pour évaluer les risques de blanchiment d’argent, de corruption et de crimes financiers à l’échelle mondiale. Plus qu’un simple classement, il analyse de manière composite les vulnérabilités d’un pays face à ces fléaux par le biais de 17 indicateurs reconnus internationalement, répartis en cinq domaines clés : qualité du cadre AML/CFT (anti-blanchiment et financement du terrorisme), corruption et fraude, transparence financière, transparence publique et risques politiques et juridiques. (baselgovernance.org)
L’édition 2025 comprend 177 pays et révèle une situation mondiale contrastée : malgré une légère amélioration moyenne des scores, les risques restent élevés dans de nombreux États, et certaines régions voient même leur exposition s’accroître. (baselgovernance.org)
2. Pourquoi le Basel AML Index compte dans le débat international
Le Basel AML Index s’est imposé comme un indicateur de vulnérabilité financière très utilisé par les décideurs, les institutions financières, et les partenaires internationaux. Contrairement aux classements fondés uniquement sur la perception de la corruption, cet indice s’appuie sur des données mesurables issues de sources telles que le Groupe d’action financière (FATF), Transparency International, ainsi que des bases de données sur la criminalité organisée, la transparence publique ou l’État de droit. (baselgovernance.org)
Ce système d’évaluation, à la fois indépendant et transparent dans sa méthodologie, permet aux parties prenantes d’identifier non seulement le niveau de risque, mais aussi les domaines spécifiques où des vulnérabilités persistent, ce qui en fait un outil essentiel pour orienter les réformes législatives et institutionnelles.
3. Classement mondial : Djibouti dans la zone rouge
Dans le classement mondial du Basel AML Index 2025, Djibouti se positionne au 13ᵉ rang des pays les plus exposés au risque de blanchiment et de corruption, avec un score global de 6,93 sur 10 (un score plus élevé indiquant une exposition plus forte aux risques) — ce qui le place clairement dans la catégorie des pays à risque élevé. (Basel AML Index)
Ce classement est révélateur d’une série de vulnérabilités structurelles :
- Une capacité limitée à prévenir et contrer efficacement les flux illicites ;
- Des faiblesses dans la transparence financière ;
- Et des lacunes dans la transparence publique et l’État de droit, qui diminuent la résilience de l’État face aux crimes financiers.
Ce positionnement global est d’autant plus préoccupant qu’il ne reflète pas seulement des perceptions, mais des analyses factuelles combinant plusieurs dimensions du risque : du cadre légal aux normes d’application, en passant par l’environnement politique et institutionnel. (baselgovernance.org)
4. À l’échelle africaine : une vulnérabilité préoccupante
Sur le continent africain, Djibouti figure parmi les huit pays les plus exposés au risque de blanchiment d’argent selon le Basel AML Index 2025. Il arrive juste après des États comme la République démocratique du Congo, le Tchad ou la Guinée équatoriale, qui sont eux-mêmes classés parmi les plus vulnérables au monde. (Agence Ecofin)
Cette position africaine reflète une tendance plus large : 25 pays africains sur 48 évalués se trouvent dans la catégorie de risque élevé, soulignant des défis similaires entre gouvernance, application des normes internationales et capacité institutionnelle. (Hamama Media)
La présence de Djibouti parmi les pays à risques élevés dans ce classement soulève des questions sur sa capacité à attirer des investissements étrangers responsables, à renforcer ses institutions financières, et à améliorer la transparence de son administration publique — des éléments essentiels pour un pays au carrefour commercial stratégique entre l’Afrique et le Moyen-Orient.
5. Djibouti et la région MENA : un contraste frappant
Si l’on élargit le regard à la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), l’analyse devient encore plus critique. Plusieurs pays de cette zone, comme le Maroc ou la Tunisie, sont classés dans une catégorie de risque moyen, reflétant des progrès relatifs dans leurs cadres de gouvernance et leurs mécanismes anti-blanchiment. (Yabiladi)
À l’inverse, Djibouti se distingue dans ce paysage régional par une exposition nettement plus élevée au risque de corruption et de crimes financiers liés au blanchiment, ce qui suggère un retard dans l’adoption et la mise en œuvre de réformes alignées sur les normes internationales les plus récentes.
Cette disparité est d’autant plus significative que le Basel AML Index 2025 pointe une augmentation globale des risques dans certaines zones de la région MENA, notamment dans le domaine de la transparence financière, ce qui rend la situation de Djibouti encore plus urgente à adresser. (baselgovernance.org)
- Conclusion : un appel urgent à la réforme
Le Basel AML Index 2025 dresse un diagnostic sans concession de la situation de Djibouti face aux risques de corruption, blanchiment d’argent et crimes financiers. Classé parmi les pays à risque élevé tant au niveau mondial qu’africain, Djibouti fait face à des défis institutionnels et réglementaires qui menacent non seulement sa réputation mais aussi sa stabilité économique future.
Loin d’être un simple signalement, cette évaluation constitue un appel à l’action : Djibouti doit intensifier ses efforts pour renforcer la transparence publique, améliorer la gestion des flux financiers, et aligner ses normes avec les pratiques internationales. La mise en œuvre de réformes profondes — depuis le renforcement du cadre juridique anti-corruption jusqu’à une meilleure supervision des institutions financières — est indispensable pour sortir de cette zone de vulnérabilité.
À l’heure où les flux financiers illégaux traversent les frontières, la crédibilité de tout État dépend de sa capacité à affronter ces risques avec efficacité et transparence. À ce titre, Djibouti ne peut plus se permettre l’inaction si elle veut améliorer sa position dans les classements futurs, attirer des partenaires sérieux et garantir un développement durable fondé sur la confiance institutionnelle.
Sources principales : https://baselgovernance.org/sites/default/files/2025-12/Basel%20AML%20Index%202025.pdf
Hassan Cher
The English translation of the article in French.
Djibouti Through the Lens of the Basel AML Index 2025
1. Corruption, Money Laundering, and International Perceptions
The Basel AML Index 2025, published by the Basel Institute on Governance, is now one of the leading reference tools for assessing risks related to money laundering, corruption, and financial crime worldwide. More than a simple ranking, it provides a composite analysis of a country’s vulnerabilities through 17 internationally recognized indicators, grouped into five key areas: quality of the AML/CFT framework (anti–money laundering and counter-terrorist financing), corruption and fraud, financial transparency, public transparency, and political and legal risks. (baselgovernance.org)
The 2025 edition covers 177 countries and reveals a mixed global picture: despite a slight improvement in average scores, risks remain high in many states, and exposure has even increased in certain regions. (baselgovernance.org)
2. Why the Basel AML Index Matters in the International Debate
The Basel AML Index has established itself as a widely used indicator of financial vulnerability among policymakers, financial institutions, and international partners. Unlike rankings based solely on perceptions of corruption, this index relies on measurable data from sources such as the Financial Action Task Force (FATF), Transparency International, and databases on organized crime, public transparency, and the rule of law. (baselgovernance.org)
Independent and transparent in its methodology, this evaluation system enables stakeholders to identify not only overall risk levels but also the specific areas where vulnerabilities persist, making it an essential tool for guiding legislative and institutional reforms.
3. Global Ranking: Djibouti in the Red Zone
In the global ranking of the Basel AML Index 2025, Djibouti is positioned 13th among the countries most exposed to money laundering and corruption risks, with an overall score of 6.93 out of 10 (a higher score indicating greater exposure to risk). This clearly places the country in the high-risk category. (Basel AML Index)
This ranking highlights a series of structural vulnerabilities:
- Limited capacity to prevent and effectively counter illicit financial flows;
- Weaknesses in financial transparency;
- Gaps in public transparency and the rule of law, which undermine the state’s resilience to financial crime.
This overall positioning is particularly concerning because it reflects not merely perceptions, but fact-based analyses combining multiple dimensions of risk—from the legal framework and enforcement standards to the political and institutional environment. (baselgovernance.org)
4. At the African Level: A Concerning Vulnerability
Within Africa, Djibouti ranks among the eight countries most exposed to money-laundering risks according to the Basel AML Index 2025. It follows states such as the Democratic Republic of the Congo, Chad, and Equatorial Guinea, which themselves are among the most vulnerable worldwide. (Agence Ecofin)
This African ranking reflects a broader trend: 25 of the 48 African countries assessed fall into the high-risk category, underscoring shared challenges related to governance, implementation of international standards, and institutional capacity. (Hamama Media)
Djibouti’s presence among high-risk countries raises questions about its ability to attract responsible foreign investment, strengthen its financial institutions, and improve the transparency of its public administration—key elements for a country located at a strategic commercial crossroads between Africa and the Middle East.
5. Djibouti and the MENA Region: A Striking Contrast
When the analysis is extended to the Middle East and North Africa (MENA) region, the contrast becomes even more pronounced. Several countries in this area, such as Morocco and Tunisia, are classified in the medium-risk category, reflecting relative progress in governance frameworks and anti-money-laundering mechanisms. (Yabiladi)
By contrast, Djibouti stands out in the regional landscape due to a significantly higher exposure to corruption and money-laundering-related financial crime, suggesting delays in adopting and implementing reforms aligned with the latest international standards.
This disparity is all the more significant as the Basel AML Index 2025 highlights an overall increase in risk in certain parts of the MENA region, particularly in financial transparency, making Djibouti’s situation even more urgent to address. (baselgovernance.org)
6. Conclusion: An Urgent Call for Reform
The Basel AML Index 2025 delivers an unambiguous diagnosis of Djibouti’s exposure to corruption, money laundering, and financial crime risks. Classified as a high-risk country at both the global and African levels, Djibouti faces institutional and regulatory challenges that threaten not only its reputation but also its future economic stability.
Far from being a mere warning signal, this assessment is a call to action. Djibouti must intensify efforts to strengthen public transparency, improve the management of financial flows, and align its standards with international best practices. The implementation of deep reforms—from reinforcing the anti-corruption legal framework to enhancing supervision of financial institutions—is essential to move out of this zone of vulnerability.
At a time when illicit financial flows easily cross borders, a state’s credibility depends on its ability to confront these risks with effectiveness and transparency. In this respect, Djibouti can no longer afford inaction if it seeks to improve its standing in future rankings, attract credible partners, and ensure sustainable development based on institutional trust.
Main source: https://baselgovernance.org/sites/default/files/2025-12/Basel%20AML%20Index%202025.pdf
Hassan Cher


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