Djibouti : Le régime clanico-mafieux de Djibouti, un pion stratégique dans la déstabilisation du Yémen

Alors que le conflit yéménite persiste, l’attention se porte habituellement sur l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Iran. Pourtant, un acteur régional joue un rôle plus discret mais pivot dans la perpétuation de la crise : le régime clanico-mafieux de Djibouti. Sous couvert de neutralité, le régime du président Ismaïl Omar Guellel serait une pièce maîtresse dans l’orchestre de la déstabilisation du Yémen, comme en témoignent les trafics d’armes et de matériel militaire.

1. Une position géographique stratégique… et ambiguë

Djibouti, avec son contrôle du détroit de Bab-el-Mandeb, est un point de passage obligé pour le commerce maritime. Cette position fait du petit État un allié précieux pour les puissances internationales, qui y ont établi des bases militaires. Cependant, cette centralité est une arme à double tranchant, offrant une plateforme idéale pour des activités plus opaques.

Le régime djiboutien affiche un soutien officiel à la coalition menée par l’Arabie saoudite, mais cette position masquerait une duplicité bien plus rentable. La porosité des frontières maritimes, la corruption endémique et le contrôle de l’appareil de l’état par Qawlaysato faciliteraient le transit d’armes et de matériel sensible vers le Yémen.

2. La preuve par l’actualité : l’interception de matériel de communication

La réalité de ce trafic illicite a été mise en lumière de façon spectaculaire le dimanche 9 novembre 2025, lorsque la Garde côtière yéménite a annoncé l’interception de deux boutres en provenance de Djibouti. L’opération, menée à environ 70 milles nautiques à l’ouest du port d’Aden, a conduit à la saisie de près de 250 tonnes de cargaison, comprenant du matériel de communication sophistiqué dissimulé dans des compartiments secrets.

Selon les autorités yéménites, cet équipement de haute technologie était destiné aux territoires contrôlés par les Houthis, soulevant des inquiétudes quant à son utilisation pour des opérations militaires ou de renseignement. Cette interception confirme que Djibouti sert de plaque tournante non seulement pour les armes, mais aussi pour les technologies de communication essentiels au commandement et au contrôle des opérations sur le terrain. Lien: https://yemenonline.info/politics/10678

3. Le trafic d’armes et de matériel : la clé de voûte de l’influence djiboutienne

Cet incident récent s’inscrit dans un schéma plus large bien documenté. Des rapports d’experts de l’ONU ont à plusieurs reprises pointées du doigt la route maritime reliant les côtes djiboutiennes aux régions côtières du Yémen contrôlées par les Houthis.

Comment un régime qui abrite des bases militaires étrangères sophistiquées peut-il laisser prospérer un tel trafic ? La réponse réside dans une combinaison de complaisance et de compromis. Ces trafics représentent une manne financière pour des réseaux proches du pouvoir et servent d’instrument de politique étrangère. En permettant à certaines factions au Yémen de se réapprovisionner, Djibouti s’assure une forme d’influence sur l’échiquier politique yéménite.

4. Conclusion : L’urgence de regarder au-delà des apparences

L’interception récente de matériel de communication en provenance de Djibouti vient rappeler une réalité troublante : Djibouti n’est pas un simple spectateur du drame yéménite. Par son action via la mafia Qawlaysato, le régime participe activement à saper toute perspective de paix. La communauté internationale, et en particulier les pays ayant des bases militaires à Djibouti, ne peuvent plus fermer les yeux sur cette réalité. Tant que les trafics en provenance des côtes djiboutiennes continueront d’alimenter les milices yéménites, toute tentative de résolution politique du conflit sera vouée à l’échec.

Hassan Cher

The English translation of the article in French.

Djibouti: The Clan-Mafioso Regime as a Strategic Pawn in the Destabilization of Yemen

As the Yemeni conflict persists, attention typically focuses on Saudi Arabia, the United Arab Emirates, and Iran. Yet a more discreet but pivotal regional actor plays a crucial role in perpetuating the crisis: the clan-mafioso regime of Djibouti. Under the guise of neutrality, President Ismaïl Omar Guelleh’s government appears to be a key player in the orchestration of Yemen’s destabilization, as evidenced by the ongoing trafficking of weapons and military equipment.

1. A Strategic—and Ambiguous—Geographical Position

With its control over the Bab-el-Mandeb Strait, Djibouti occupies a critical chokepoint for global maritime trade. This position makes the small state a valuable ally for international powers, which have established military bases there. However, such centrality is a double-edged sword, providing an ideal platform for more opaque activities.

While Djibouti officially supports the Saudi-led coalition, this stance conceals a far more profitable duplicity. The porous maritime borders, endemic corruption, and the grip of the Qawlaysato clan over state institutions facilitate the transit of arms and sensitive materials bound for Yemen.

2. Proof Through Current Events: The Interception of Communication Equipment

The reality of this illicit trafficking came dramatically to light on Sunday, November 9, 2025, when the Yemeni Coast Guard announced the interception of two dhows departing from Djibouti. The operation, conducted about 70 nautical miles west of Aden, led to the seizure of nearly 250 tons of cargo, including sophisticated communication equipment hidden in secret compartments.

According to Yemeni authorities, this high-tech equipment was destined for Houthi-controlled territories, raising concerns about its potential use in military or intelligence operations. This interception confirms that Djibouti serves as a hub not only for arms trafficking but also for the transfer of critical communication technologies essential for command and control operations on the ground. Link: https://yemenonline.info/politics/10678

3. Arms and Equipment Trafficking: The Keystone of Djiboutian Influence

This recent incident fits into a broader, well-documented pattern. UN expert reports have repeatedly highlighted the maritime route linking Djibouti’s coasts to Houthi-controlled coastal regions of Yemen.

How can a regime hosting sophisticated foreign military bases allow such trafficking to thrive? The answer lies in a mix of complacency and collusion. These illicit flows generate significant financial gains for networks close to the ruling elite and serve as tools of foreign policy. By enabling certain Yemeni factions to resupply, Djibouti ensures itself a form of leverage within Yemen’s political landscape.

4. Conclusion: The Urgent Need to Look Beyond Appearances

The recent interception of communication equipment originating from Djibouti underscores a troubling reality: Djibouti is not a mere bystander in Yemen’s tragedy. Through the actions of the Qawlaysato mafia, the regime actively contributes to undermining any prospects for peace. The international community—particularly the countries operating military bases in Djibouti—can no longer turn a blind eye. As long as trafficking from Djibouti’s shores continues to fuel Yemeni militias, any attempt at a political resolution of the conflict will remain doomed to failure.

Hassan Cher