Crise à la CNSS de Djibouti : Une Tragédie Sociale aux Racines Profondes

Crise à la CNSS de Djibouti : Une Tragédie Sociale aux Racines Profondes

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La République de Djibouti est actuellement le théâtre d’une crise humanitaire et sociale alarmante, suite à la suspension des prestations d’accès aux soins pour les bénéficiaires de la carte Pass par la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS). Cette décision, lourde de conséquences, soulève des questions fondamentales sur la gouvernance, la corruption et la responsabilité des acteurs étatiques. Cet article se propose d’analyser les raisons de cette suspension, le rôle de Haibdo Ismail Omar dans la crise financière de la CNSS, et d’évaluer si cette situation peut être qualifiée de crime de masse.

 1. Pourquoi les bénéficiaires de la carte Pass n’ont plus droit aux soins ?

En février 2025, la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) de Djibouti a annoncé la suspension immédiate des cartes d’assurance médicale universelle, affectant particulièrement les utilisateurs de la carte Pass. Une note de service interne de la Directrice Générale de la CNSS, Deka Ahmed Robleh, datée du 4 janvier 2025, confirme ce « changement dans la gestion des prestations relatives à l’accès aux soins de nos assurés, notamment pour les bénéficiaires de la carte Pass ».

Cette mesure a eu des effets dévastateurs sur les populations les plus vulnérables : personnes âgées, malades chroniques et familles à faibles revenus se retrouvent désormais sans accès aux traitements médicaux essentiels. Les hôpitaux et centres de soins refusent les patients munis de ces cartes, les considérant comme « inopérantes ». Seuls ceux en mesure de payer sont pris en charge, laissant les patients cardiaques, diabétiques et les enfants malades sans soins.

Les témoignages des assurés décrivent un climat de désespoir croissant, où la liberté d’expression est étouffée et les appels à l’aide sont réprimés. Des cas comme celui de Sirad Mohamed Hassan, emprisonné pour avoir dénoncé la suspension de la carte Pass sur TikTok, ou de Naguib Mohamed Saleh, un doyen diabétique pleurant la perte de sa couverture, illustrent la gravité de la situation. La question sous-jacente à cette suspension est celle de la crise financière de la CNSS, qui semble être la cause directe de cette décision drastique.

 2. Quel est le rôle de Haibdo Ismail Omar dans la crise financière de la CNSS ?

Le rapport sur l’organisation mafieuse « Qawlaysato » et le rapport sur les activités offshores et les détournements de deniers publics mettent en lumière un système de corruption et de détournement de fonds à Djibouti, impliquant des personnalités proches du pouvoir. Le rapport « Qawlaysato » indique que cette organisation mafieuse a pris le contrôle total des institutions de l’État depuis 1999, coïncidant avec l’arrivée au pouvoir de l’actuel président, Ismail Omar Guelleh. L’organisation est décrite comme profondément enracinée au sein de l’élite djiboutienne, impliquée dans des trafics et des détournements de fonds, et utilisant l’omnipotence de l’État à ses propres fins.

Le rapport sur les activités offshores révèle des liens entre le cabinet suisse Canonica & Associés et des entités offshores, ainsi que des relations d’affaires avec la famille Guelleh. Il est notamment mentionné que des échanges financiers ont eu lieu entre des sociétés offshores gérées par le cabinet et l’offshore RUBEL S.A. Ces révélations, issues des « Panama Papers » et « Paradise Papers », suggèrent un vaste réseau de détournement de fonds publics via des structures offshores.

Les documents pointent vers une responsabilité systémique au plus haut niveau de l’État, où des proches du président sont impliqués dans des schémas de corruption et de détournement. La crise financière de la CNSS pourrait être une conséquence directe de cette malversation généralisée des deniers publics, affaiblissant les institutions et privant les citoyens de leurs droits fondamentaux.

 3. Peut-on qualifier d’un crime de masse ?

La qualification de « crime de masse » est une question complexe qui nécessite une analyse juridique rigoureuse. Les documents fournis décrivent une situation où la suspension des soins médicaux a des conséquences mortelles pour les populations vulnérables. Le rapport sur « Qawlaysato » mentionne également des pratiques d’intimidation, de détention arbitraire, de torture et même d’élimination physique pour faire taire l’opposition. Ces éléments, pris individuellement ou collectivement, peuvent être considérés comme des violations graves des droits humains.

Selon le droit international, un crime contre l’humanité est défini comme l’un des actes suivants commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique lancée contre toute population civile et en connaissance de cette attaque : meurtre, extermination, réduction en esclavage, déportation ou transfert forcé de population, emprisonnement ou autre forme de privation grave de liberté physique en violation des dispositions fondamentales du droit international, torture, viol, esclavage sexuel, prostitution forcée, grossesse forcée, stérilisation forcée ou toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable, persécution de tout groupe ou de toute collectivité identifiable pour des motifs d’ordre politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux ou sexiste au sens du paragraphe 3 de l’article 7, ou en fonction d’autres critères universellement reconnus comme inadmissibles en droit international, disparition forcée de personnes, crime d’apartheid, autres actes inhumains de caractère analogue causant intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves à l’intégrité physique ou à la santé mentale ou physique.

La privation délibérée d’accès aux soins essentiels pour une population vulnérable, entraînant des souffrances graves et potentiellement la mort, pourrait être interprétée comme un « autre acte inhumain de caractère analogue causant intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves à l’intégrité physique ou à la santé mentale ou physique », surtout si elle s’inscrit dans une politique étatique généralisée ou systématique. Les cas de répression et d’incarcération de ceux qui dénoncent la situation renforcent l’idée d’une attaque systématique contre la population civile.

Si la crise financière de la CNSS est le résultat de détournements de fonds massifs et intentionnels par des acteurs étatiques, comme le suggèrent les rapports sur la corruption et les activités offshore, alors la privation de soins qui en découle pourrait être considérée comme une conséquence directe et prévisible de ces actes. La question de l’intentionnalité est cruciale ici : si les responsables savaient que leurs actions (détournement de fonds) conduiraient à la privation de soins et à la mort de citoyens, la qualification de crime contre l’humanité pourrait être envisagée.

 4. Conclusion

La suspension des cartes Pass par la CNSS de Djibouti est une crise sanitaire et sociale majeure qui met en lumière de profondes défaillances dans la gouvernance du pays. Les documents analysés suggèrent que cette situation est le résultat d’une corruption systémique et de détournements de fonds publics impliquant des personnalités proches du pouvoir. Bien que le nom « Haibdo Ismail Omar » n’apparaisse pas directement, les rapports pointent vers une responsabilité de l’élite dirigeante, y compris des membres de la famille présidentielle, dans la dilapidation des ressources de l’État.

La privation délibérée de soins essentiels pour les populations vulnérables, avec ses conséquences potentiellement mortelles, soulève la question de la qualification de ces actes comme des crimes contre l’humanité. Une enquête internationale indépendante serait nécessaire pour établir les responsabilités et déterminer si les critères juridiques d’un tel crime sont remplis. La société djiboutienne, confrontée à la souffrance et à la répression, mérite que la lumière soit faite sur ces agissements et que justice soit rendue.

Hassan Cher

The English translation of the article in French.

Crisis at Djibouti’s CNSS: A Social Tragedy with Deep Roots

The Republic of Djibouti is currently facing an alarming humanitarian and social crisis following the suspension of healthcare access for holders of the Pass Card by the National Social Security Fund (Caisse Nationale de Sécurité Sociale, CNSS). This decision, with far-reaching consequences, raises fundamental questions about governance, corruption, and state accountability. This article seeks to analyze the reasons behind the suspension, the role of Haibdo Ismail Omar in the CNSS’s financial collapse, and to assess whether this situation could be characterized as a mass crime.

1. Why Do Pass Card Holders No Longer Have Access to Healthcare?

In February 2025, Djibouti’s National Social Security Fund (CNSS) announced the immediate suspension of universal medical insurance cards, primarily affecting users of the Pass Card. An internal memorandum issued by the CNSS Director General, Deka Ahmed Robleh, dated January 4, 2025, confirmed a “change in the management of benefits related to our insured members’ access to healthcare, particularly for Pass Card holders.”

This measure has had devastating effects on the most vulnerable populations: the elderly, those with chronic illnesses, and low-income families are now deprived of essential medical treatments. Hospitals and health centers have begun turning away patients carrying these cards, deeming them “inactive.” Only those able to pay out of pocket are being treated, leaving cardiac patients, diabetics, and sick children without care.

Testimonies from policyholders describe an atmosphere of deepening despair, where freedom of expression is stifled and pleas for help are suppressed. Cases such as that of Sirad Mohamed Hassan, imprisoned for denouncing the suspension of the Pass Card on TikTok, or Naguib Mohamed Saleh, an elderly diabetic mourning the loss of his coverage, illustrate the gravity of the situation. The underlying issue behind this suspension appears to be the CNSS’s financial crisis, which seems to be the direct cause of this drastic decision.

2. What Role Did Haibdo Ismail Omar Play in the CNSS Financial Crisis?

Reports on the Qawlaysato criminal organization and on offshore activities and the embezzlement of public funds reveal a system of corruption and financial diversion in Djibouti involving figures close to the ruling elite. The Qawlaysato report indicates that this criminal network has exercised total control over state institutions since 1999, coinciding with the rise to power of current President Ismail Omar Guelleh. The organization is described as deeply embedded within Djibouti’s elite, involved in trafficking and financial misappropriation, exploiting the omnipotence of the state for its own ends.

The report on offshore activities highlights links between the Swiss law firm Canonica & Associés and offshore entities connected to the Guelleh family. It mentions financial transfers between offshore companies managed by the firm and RUBEL S.A., an offshore structure. Revelations from the Panama Papers and Paradise Papers suggest a vast network of public fund embezzlement through offshore channels.

These documents point to systemic responsibility at the highest levels of the state, implicating individuals close to the president in schemes of corruption and diversion of public resources. The CNSS financial collapse may thus be a direct consequence of this widespread misappropriation, weakening institutions and depriving citizens of their fundamental rights.

3. Can This Be Considered a Mass Crime?

The characterization of this situation as a “mass crime” is a complex legal question requiring rigorous analysis. Available documents describe a scenario in which the suspension of medical care has fatal consequences for vulnerable populations. The Qawlaysato report also mentions practices of intimidation, arbitrary detention, torture, and even physical elimination of dissidents. These elements, taken individually or collectively, amount to grave violations of human rights.

Under international law, a crime against humanity is defined as any of the following acts committed as part of a widespread or systematic attack directed against any civilian population, with knowledge of the attack: murder, extermination, enslavement, deportation or forcible transfer, imprisonment, torture, rape, sexual slavery, enforced disappearance, apartheid, or other inhumane acts intentionally causing great suffering or serious injury to body or mental or physical health.

The deliberate deprivation of essential healthcare for a vulnerable population—resulting in severe suffering and potentially death—could fall under the category of “other inhumane acts” if carried out as part of a systematic or state-directed policy. The repression and imprisonment of those who denounce the situation further reinforce the notion of a systematic attack on the civilian population.

If the CNSS financial collapse stems from massive and deliberate embezzlement of public funds by state actors—as suggested by the reports on corruption and offshore activities—then the resulting deprivation of healthcare could be seen as a foreseeable and direct consequence of those actions. The question of intent is crucial here: if those responsible knew that their actions (embezzlement) would lead to deprivation of care and death among citizens, the classification as a crime against humanity may indeed be applicable.

4. Conclusion

The suspension of Pass Cards by Djibouti’s CNSS constitutes a major health and social crisis, exposing deep failures in governance. The analyzed documents suggest that this situation is the result of systemic corruption and large-scale embezzlement of public funds involving individuals close to the ruling elite. While the name “Haibdo Ismail Omar” does not appear directly, the reports point to the responsibility of the governing class—including members of the presidential family—in the mismanagement of state resources.

The deliberate deprivation of essential healthcare for vulnerable populations, with potentially fatal consequences, raises the question of whether these acts constitute crimes against humanity. An independent international investigation is needed to establish accountability and determine whether the legal criteria for such a crime are met. Djiboutian society, confronted with suffering and repression, deserves truth, justice, and the restoration of its fundamental rights.

Hassan Cher

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Authored by: Hassan Cher Hared

Hassan Cher Hared