Mer Rouge : frappes de la marine israélienne aux ports de Hodeidah et l’accusation à tort du directeur des affaires maritimes de Djibouti.

Mer Rouge : frappes de la marine israélienne aux ports de Hodeidah et l’accusation à tort du directeur des affaires maritimes de Djibouti.

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1. L’Escalade Militaire Israélienne : La marine israèlienne en Mer Rouge

Pour la première fois depuis le début du conflit opposant Israël aux Houthis yéménites soutenus par l’Iran, la marine israélienne est passée à l’offensive directe en territoire yéménite. Dans la nuit du 10 juin 2025, des navires lance-missiles de Tsahal ont mené une attaque ciblée contre le port stratégique de Hodeidah, situé sur la mer Rouge et sous contrôle des rebelles houthis.

Cette opération marque un changement tactique significatif. Contrairement aux précédentes frappes israéliennes au Yémen, généralement attribuées à l’aviation, celle-ci a été explicitement menée par la composante navale des forces de défense israéliennes. Le choix de l’arme – des missiles tirés depuis la mer – et la cible – une infrastructure portuaire vitale – démontrent une volonté de perturber durablement les capacités logistiques et militaires des Houthis.

L’opération n’a pas été menée à l’aveugle. Quelques heures auparavant, le porte-parole de Tsahal en langue arabe avait publié un avertissement en ligne inhabituellement détaillé. Il exhortait les civils à évacuer immédiatement les trois ports de Ras Issa, Hodeidah et As Salif, citant explicitement leur utilisation par « le régime terroriste houthi » et avertissant que rester sur place mettrait leur vie en danger. Cet avertissement préalable, bien que court, indique une planification minutieuse de l’attaque.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a revendiqué l’opération et en a détaillé la motivation : « Le bras long d’Israël dans les airs et aussi en mer atteindra partout. Nous avons averti l’organisation terroriste houthie que s’ils continuaient de tirer vers Israël, ils subiraient une réponse puissante et entreraient dans un blocus maritime et aérien. C’est ce que nous avons fait aujourd’hui et nous continuerons à le faire aussi à l’avenir ». Ce discours souligne la volonté israélienne de décourager définitivement les attaques de drones et de missiles houthis contre son territoire, qui se sont intensifiées en soutien au Hamas durant la guerre de Gaza.

La chaîne Al-Masira, affiliée aux Houthis, a confirmé que le port de Hodeidah avait été pris pour cible, sans fournir de bilan détaillé des dégâts. Outre son importance militaire pour les Houthis, Hodeidah est un point d’entrée crucial pour l’aide humanitaire dans un Yémen ravagé par près d’une décennie de guerre civile. Cette frappe risque d’aggraver une situation humanitaire déjà catastrophique.

2. Ali Mirah Chehem Daoud : Le directeur des affaires maritimes Djiboutien sous les Feux des Projecteurs

De l’autre côté de la mer Rouge, à Djibouti, un autre drame se joue, centré sur la figure d’Ali Mirah Chehem Daoud. En tant que Directeur des Affaires Maritimes de Djibouti, relevant du Ministère des Infrastructures, M. Ali-Mirah était un haut fonctionnaire clé. Sa direction était responsable d’un large éventail de domaines vitaux pour ce petit État stratégique : navigation, sécurité maritime, pêche, et gestion portuaire.

Sa carrière semblait marquée par le professionnalisme et l’engagement pour la modernisation de son pays. Il est présenté comme l’un des pionniers du projet américain MegaPort, un programme de sécurité financé par le Département de l’Énergie des États-Unis (estimé à 10 millions de dollars initialement) visant à détecter les matières radioactives et les marchandises illicites dans les ports. Signataire officiel du projet aux côtés du colonel Mohamed Elmi dans les années 2000, il avait même conduit la première délégation djiboutienne (garde-côtes, douane, sécurité) chargée de sa mise en œuvre. Son travail était reconnu internationalement, notamment par sa participation tel que le meeting de Seattle où les instances internationales avaient découvert un homme activement engagé pour la sécurité de la Mer Rouge et la navigation à Bab-el-Mandeb.

Sa carrière et son intégrité ont dérangé plus d’une personne, à l’image du chef du Bureau des Mouvements du Port de Djibouti (ex-Capitainerie), Mohamed Moussa Abar, surnommé « Gaucher », qui n’est sans doute pas étranger à son arrestation.

3. Un Lien Ténu et Troublant : L’Attaque, les Trafics et le Bouc Émissaire

Le lien entre la frappe israélienne du 10 juin et le sort d’Ali Mirah Chehem Daoud ne réside pas dans une causalité directe, mais dans le contexte explosif de la mer Rouge et les accusations de trafic d’armes qui circulent dans la région.

 La Frappe Israélienne : Un Contexte Régional Instable L’attaque contre Hodeidah survient dans un climat de tension extrême en mer Rouge. Les Houthis, accusés par Israël et ses alliés d’être une menace régionale soutenue par l’Iran, utilisent des ports comme Hodeidah pour leurs opérations militaires, y compris les lancements de missiles et de drones contre le trafic maritime international et Israël. Cette activité accrue attire l’attention internationale, y compris sur les réseaux de trafic d’armes du régime mafieux de Djibouti alimentant ces groupes.

Les Accusations Internationales et la Réaction Djiboutienne : Selon des sources proches de la présidence djiboutienne, le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh aurait reçu des correspondances d’instances internationales dénonçant l’existence d’un puissant réseau de trafiquants d’armes au sein même du régime djiboutien qui alimente des groupes comme les Houthis, Al-Qaïda en Somalie et Al-Shabaab.

Ali Mirah, Bouc Émissaire d’un « Régime Clanico-Mafieux » ? C’est dans ce contexte que, douze jours seulement après la frappe israélienne qui a braqué les projecteurs sur les ports de la mer Rouge, Ali Mirah Chehem Daoud est arrêté. Le 22 juin 2025, sur ordre de la présidence, il est placé en détention par la SDR (Sûreté Djiboutienne de Renseignements, gendarmerie) à Djibouti-ville. Les accusations officielles sont lourdes : corruption, délivrance d’autorisations à des boutres (bateaux traditionnels) suspectés de trafic, et collaboration avec des organisations suspectées de terrorisme.

Cependant, les sources de HCH24 présentent une thèse radicalement différente : Ali Mirah serait en réalité une victime désignée, un bouc émissaire. Il figurerait sur une liste de fonctionnaires et d’officiers militaire que le « régime clanico-mafieux » de Guelleh, désigné sous le terme « Qawlaysato », chercherait à accuser à tort pour détourner l’attention et disculper les membres de la mafia Qawlaysato. Le régime, appliquant une loi de l’omerta, chercherait ainsi à protéger ses membres proches impliqués dans les trafics d’armes dénoncés par les instances internationales, en fabriquant des coupables parmi des citoyens innocents. Son rôle clé dans la délivrance des autorisations maritimes (licences pour les boutres, autorisations de navigation) en faisait une cible « logique » pour porter le chapeau de trafics qu’il n’aurait pas nécessairement initiés ou contrôlés.

4. Conclusion : Ombres sur la Mer Rouge

La frappe israélienne contre Hodeidah est un nouvel épisode de l’élargissement régional du conflit israélo-palestinien. Elle souligne la vulnérabilité des infrastructures portuaires de la mer Rouge et la détermination d’Israël à utiliser tous les moyens, y compris navals, pour contrer les menaces.

L’arrestation spectaculaire d’Ali Mirah Chehem Daoud à Djibouti jette une lumière crue sur les tensions internes et les allégations de corruption et de trafic qui minent un État pourtant crucial pour la stabilité régionale. Les accusations portées contre lui sont graves, mais les sources de HCH24 suggèrent fortement qu’il s’agit d’une manœuvre politique destinée à apaiser la pression internationale en sacrifiant un haut fonctionnaire, transformé en bouc émissaire pour des réseaux de trafic d’armes bien plus profondément ancrés au sein du pouvoir djiboutien.

Ces deux événements, distincts mais survenant dans le même espace maritime hautement stratégique et sous tension, illustrent la complexité et l’instabilité croissante de la région de la mer Rouge, où les enjeux géopolitiques, les conflits locaux et les trafics illicites s’entremêlent dangereusement. Le sort d’Ali Mirah Chehem Daoud reste incertain, mais son cas pose de sérieuses questions sur la gouvernance et l’impartialité de la justice à Djibouti.

Hassan Cher

The English translation of the article in French.

Red Sea: Israeli navy strikes at Hodeidah ports and the false accusation of Djibouti’s Director of Maritime Affairs.

1. The Israeli Military Escalation: The Israeli Navy in the Red Sea

For the first time since the start of the conflict between Israel and the Iranian-backed Yemeni Houthis, the Israeli Navy has gone on the offensive directly in Yemeni territory. On the night of June 10, 2025, Tsahal missile boats carried out a targeted attack on the strategic Red Sea port of Hodeidah, controlled by the Houthi rebels.

This operation marks a significant tactical shift. Unlike previous Israeli strikes in Yemen, generally attributed to the air force, this one was explicitly carried out by the naval component of the Israel Defense Forces. The choice of weapon – missiles fired from the sea – and the target – a vital port infrastructure – demonstrate a determination to disrupt the Houthis’ logistical and military capabilities on a long-term basis.

The operation was not carried out blindly. A few hours earlier, the IDF’s Arabic-language spokesman had published an unusually detailed online warning.

It urged civilians to immediately evacuate the three ports of Ras Issa, Hodeidah and As Salif, explicitly citing their use by “the Houthi terrorist regime” and warning that staying put their lives at risk. This advance warning, though short, indicates careful planning of the attack.

Israeli Defense Minister Yoav Gallant claimed responsibility for the operation and detailed its motivation: « Israel’s long arm in the air and also at sea will reach everywhere. We warned the Houthi terrorist organization that if they continued to fire towards Israel, they would suffer a powerful response and enter a sea and air blockade. This is what we have done today and will continue to do in the future. This speech underlines Israel’s determination to definitively discourage Houthi drone and missile attacks against its territory, which intensified in support of Hamas during the Gaza war.

The Houthi-affiliated Al-Masira channel confirmed that the port of Hodeidah had been targeted, without providing a detailed assessment of the damage. In addition to its military importance for the Houthis, Hodeidah is a crucial entry point for humanitarian aid in a Yemen ravaged by almost a decade of civil war. This strike risks worsening an already catastrophic humanitarian situation.

2. Ali Mirah Chehem Daoud: Djibouti’s Director of Maritime Affairs in the Spotlight

On the other side of the Red Sea, in Djibouti, another drama is playing out, centered on the figure of Ali Mirah Chehem Daoud. As Djibouti’s Director of Maritime Affairs, reporting to the Ministry of Infrastructure, Mr. Ali-Mirah was a key senior civil servant. His department was responsible for a wide range of areas vital to this small, strategic state: shipping, maritime safety, fisheries and port management.

His career seemed to be marked by professionalism and commitment to the modernization of his country. He is credited as one of the pioneers of the US MegaPort project, a security program funded by the US Department of Energy (initially estimated at $10 million) to detect radioactive materials and illicit cargo in ports. An official signatory to the project alongside Colonel Mohamed Elmi in the 2000s, he even led the first Djibouti delegation (coastguard, customs, security) in charge of its implementation. His work was recognized internationally, notably through his participation in events such as the Seattle meeting, where international bodies discovered a man actively committed to the safety of the Red Sea and navigation at Bab-el-Mandeb.

His career and integrity upset many people, including Mohamed Moussa Abar, head of the Port of Djibouti’s Bureau des Mouvements (ex-Capitainerie), nicknamed “Gaucher”, who no doubt had a hand in his arrest.

3. A Tiny and Troubling Link: The Attack, Trafficking and the Scapegoat

The link between the Israeli strike on June 10 and the fate of Ali Mirah Chehem Daoud lies not in direct causality, but in the explosive context of the Red Sea and the accusations of arms trafficking circulating in the region.

 The Israeli strike: an unstable regional context The attack on Hodeidah took place in a climate of extreme tension in the Red Sea. The Houthis, accused by Israel and its allies of being a regional threat backed by Iran, are using ports such as Hodeidah for their military operations, including missile and drone launches against international shipping and Israel. This increased activity is drawing international attention, including to the arms trafficking networks of Djibouti’s mafia regime feeding these groups.

International Accusations and the Djiboutian Reaction: According to sources close to the Djiboutian presidency, Djiboutian President Ismaïl Omar Guelleh has received correspondence from international bodies denouncing the existence of a powerful network of arms dealers within the Djiboutian regime itself, supplying groups such as the Houthis, Al-Qaeda in Somalia and Al-Shabaab.

Ali Mirah, the scapegoat of a “Clanico-Mafia Regime”? It was against this backdrop that, just twelve days after the Israeli strike that turned the spotlight on the Red Sea ports, Ali Mirah Chehem Daoud was arrested. On June 22, 2025, on the orders of the President, he was taken into custody by the SDR (Sûreté Djiboutienne de Renseignements, gendarmerie) in Djibouti-ville. The official charges are heavy: corruption, issuing permits to dhows (traditional boats) suspected of trafficking, and collaboration with organizations suspected of terrorism.

However, HCH24’s sources present a radically different thesis: Ali Mirah is in fact a designated victim, a scapegoat. He would appear on a list of civil servants and military officers whom Guelleh’s « clan-mafia regime », known as « Qawlaysato », would seek to falsely accuse in order to divert attention and exonerate members of the Qawlaysato mafia. The regime, applying a law of omerta, would thus seek to protect its close members involved in the arms trafficking denounced by international bodies, by fabricating culprits among innocent citizens. Its key role in issuing maritime authorizations (dhow licenses, navigation permits) made it a « logical » target to blame for trafficking that it had not necessarily initiated or controlled.

4. Conclusion: Shadows over the Red Sea

The Israeli strike against Hodeidah is yet another episode in the regional expansion of the Israeli-Palestinian conflict. It underlines the vulnerability of the Red Sea’s port infrastructure and Israel’s determination to use all means, including naval, to counter threats.

The spectacular arrest of Ali Mirah Chehem Daoud in Djibouti sheds a harsh light on the internal tensions and allegations of corruption and trafficking that undermine a state that is crucial to regional stability. The charges against him are serious, but HCH24’s sources strongly suggest that this was a political maneuver designed to appease international pressure by sacrificing a high-ranking civil servant, turned into a scapegoat for arms trafficking networks much more deeply rooted within Djibouti’s power base.

These two events, distinct but occurring in the same highly strategic and tense maritime area, illustrate the complexity and growing instability of the Red Sea region, where geopolitical stakes, local conflicts and illicit trafficking are dangerously intertwined. Ali Mirah Chehem Daoud’s fate remains uncertain, but his case raises serious questions about the governance and impartiality of justice in Djibouti.

Hassan Cher

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Authored by: Hassan Cher Hared

Hassan Cher Hared