Djibouti : Haramous à l’heure du testament ?
C’est contre l’avis du médecin que le patient de la chambre 132 de l’hôpital Val-de-grâce à Paris aurait décidé de rentrer illico presto à Djibouti pour s’aliter dans son palais d’Haramous. Pour lui, le cauchemar de perdre le pouvoir serait devenu plus difficile à supporter que l’intense douleur provoquée par la maladie elle-même.
Cette version de fait est d’autant plus probable que pour un dictateur de cet acabit, la perte de pouvoir ne signifie rien de moins que la comparution immédiate devant la justice et tout ce qui s’en suit : condamnation à des lourdes peines, amendes, restitutions des biens volés à l’État etc. Aux yeux d’Ismail Omar Guelleh, dictateur de « droit clanique », la perte de pouvoir est synonyme de l’enfer sur terre qu’il faut éviter à tout prix.
Pourtant, conscient de la gravité de sa maladie, l’homme n’ignore pas qu’il lui faut rapidement trancher entre le beurre et l’argent du beurre ; faire semblant de régner en souffrant sans pouvoir bénéficier des soins approprié sur place ou partir à l’étranger pour chercher des soins ? C’est la seconde hypothèse qui serait vraisemblablement retenu. N’ayant pas confiance aux médecins français, le dictateur projetterait de suivre ses soins dans une clinique privée à Frankfort.
Mais entre temps, une série des réunions secrètes avec les membres de son sous clan Somali Issa Mamassane semblables à celles qui ont marquées les premiers mois de l’indépendance du pays sous la direction de son prédécesseur aurait déjà débuté à Haramous au chevet du malade.
A cette occasion Ismail Omar Guelleh ne devrait pas manquer de rappeler au clan élu, le sermon du dictateur défunt : «Comme c’est nous Mamassane qui avons souffert pour l’Indépendance, cet État doit rester entre nos mains pour au moins cinquante ans». (A Djibouti une dictature amie de Marwo Warsama Adoyta Éditions Écrire – Bruxelles, avril 2012).
L’homme le plus indiqué pour garantir par la force la pérennité du règne mamassane est évidement l’inamovible général Zakaria lequel n’a jamais caché sa raison d’être. Il a vocation de mourir général tout comme le dictateur est sensé passer du pouvoir à la tombe sans mettre les pieds sur terre. Ici on ne fait pas dans la dentelle. Il s’agit de préserver à l’État son caractère clanique par tous les moyens.
Le pays et le peuple devront rester sous le joug de la clique mamassane aussi longtemps que possible. Il faut juste se garder de le claironner à haute voix. Tout ce qui se fait et se dit pour garantir l’intérêt et l’hégémonie du clan doit l’être au nom de l’État djiboutien, sous couvert des discours fallacieux de la défense d’intérêt général et de l’unité nationale.
A cette fin l’inamovible général pourra compter sur la mise en application des derniers accords portant sur la coopération sécuritaire signé avec la chine d’une part et la Somaliland d’autre part.
Haramous vit à l’heure du testament : l’État devrait rester la propreté privée d’un clan.
M. Isse


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