Kenya. Des réfugiés somaliens sont illégalement poussés à quitter le pays
Les actes d’intimidation généralisés, les atteintes aux droits humains et la privation de services contraignent des réfugiés somaliens à quitter le Kenya, écrit Amnesty International dans un rapport rendu public mercredi 19 février.
« Le climat au Kenya est devenu si hostile que certains réfugiés se sentent acculés, sans autre choix que de retourner en Somalie, où le conflit qui sévit dans plusieurs régions du pays continue de faire des victimes. Cela ressemble à s’y méprendre à des retours forcés », a déclaré Sarah Jackson, directrice adjointe régionale à Amnesty International.
Dans son rapport intitulé No Place Like Home, Amnesty International révèle que la vie des réfugiés somaliens est devenue insupportable. Ils se voient refuser tout accès à l’enregistrement, ce qui veut dire qu’ils séjournent illégalement au Kenya, et sont la cible d’arrestations menées au hasard par la police.
Abdi, 28 ans, raconte : « Ici, au Kenya, c’est comme une prison. La nuit, nous ne pouvons pas quitter la maison, le jour, nous risquons d’être arrêtés. La situation n’est pas sûre en Somalie en ce moment, nous entendons parler de meurtres et de morts, mais ici c’est sans espoir… Alors plutôt que de rester, je préfère rentrer. »
En novembre 2013, au lendemain de l’attentat mené par al Shabab dans le centre commercial de Westgate à Nairobi, les gouvernements de Somalie et du Kenya et le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ont signé un accord qui établit un cadre pour organiser le rapatriement de centaines de milliers de réfugiés en Somalie. Ce programme doit débuter sous peu.
« L’insécurité alliée au harcèlement fait que les réfugiés doivent lutter pour survivre au Kenya. Ils sont en fait poussés hors du pays où ils avaient trouvé refuge. Pour que ces retours soient conformes à la loi, ils doivent être volontaires – c’est-à-dire sans pression excessive, dans la sécurité et dans la dignité. Nous craignons fort que ces critères ne soient pas réunis », a déclaré Sarah Jackson.
Selon les propres lignes directrices du HCR, la décision d’un réfugié de rentrer dans son pays ne peut être considérée comme volontaire que si elle est motivée par des facteurs positifs d’attraction vers la Somalie et non par des pressions exercées pour qu’il quitte le Kenya.
La vaste majorité des réfugiés interrogés par Amnesty International ont le sentiment qu’ils n’ont plus d’autre choix que de quitter le Kenya.
Ceux qui rentrent dans des zones de conflit en Somalie risquent d’être persécutés ou de subir des représailles.
Fartuun a ainsi raconté à Amnesty International le retour de son oncle dans la région du Lower Shabelle : « Il a été capturé le jour même de son retour chez lui. Les soldats d’al Shabab l’ont emmené et l’ont retenu captif. Au bout de cinq jours, ils l’ont conduit devant le stade et l’ont décapité devant la foule. Ils l’ont ensuite laissé dehors, la tête posée sur le ventre, […] pendant une semaine. »
« Aux termes du droit international, les retours volontaires ne peuvent s’effectuer que si la sécurité et la dignité sont garanties. Comment cela serait-il possible tant que de graves violations des droits humains sont commises quotidiennement en Somalie ?, a déclaré Sarah Jackson.
« Le gouvernement kényan et le HCR sont tenus de protéger les réfugiés au Kenya. Le droit international interdit de faire pression sur des personnes pour qu’elles retournent dans des zones où le conflit armé est actif, où leurs vies et leurs libertés sont mises en danger. »



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