Djibouti / Somaliland : Ismail Omar Guelleh et son sous-clan Reer-Awl/Mamasan ordonnent à la Somaliland d’interdire la cérémonie du Xeer-Ciise à Saylac

Une crise politique et ethnique couve dans la Corne de l’Afrique, centrée sur la ville de Saylac (Zeila) au Somaliland. Le pouvoir djiboutien, incarné par le président Ismail Omar Guelleh et son sous-clan, Reer-Awl/Mamasan, tenterait par tous les moyens d’empêcher la tenue de la cérémonie traditionnelle du Xeer-Ciise, prévue le 5 décembre 2025. Cette opposition révèle les stratégies de survie d’un régime acculé, prêt à instrumentaliser les tensions ethniques pour se maintenir au pouvoir.
1. Pourquoi Ismail Omar Guelleh et son sous-clan, Reer-Awl/Mamasan, sont-ils contre la cérémonie du Xeer-Ciise à Saylac ?
Selon des informations concordantes, Ismail Omar Guelleh aurait convoqué une réunion urgente de son sous-clan, le Reer-Awl/Mamasan, le jeudi 20 novembre 2025 à Djibouti. L’objectif : contrer la décision ferme du « Gande » de l’ethnie Issa – une institution traditionnelle comparable à un sénat – prise la veille à Ayshaa, en Éthiopie. Le Gande a en effet acté l’organisation de la cérémonie du Xeer-Ciise à Saylac le 5 décembre 2025, quel que soit l’avis des autorités du Somaliland.
Cette décision, pourtant perçue comme légitime par les autres ethnies de la région, a immédiatement alerté le noyau du pouvoir clanico-mafieux de Djibouti. Preuve de cette inquiétude, le colonel Mohamed Djama Doualeh de la Garde républicaine de Djibouti et Djama Ali Guelleh, directeur général de la société d’électricité (EDD), ont personnellement contacté le cabinet de la présidence du Somaliland dans la matinée du 20 novembre. Officiellement, le régime de Guelleh brandit la peur d’une concentration massive d’hommes armés Issas à seulement 48 km de la résidence privée du président de Djibouti, la villa Haramous.
En réalité, cette justification dissimule une manœuvre politique bien plus cynique. La duplicité d’Ismail Omar Guelleh et de son sous-clan vise un double objectif : d’une part, rassurer les Issas de Djibouti en se présentant comme un garde-fou face à un Somaliland perçu comme hostile ; d’autre part, inciter discrètement Hargeisa à la répression envers les organisateurs de la cérémonie du Xeer-Ciise à Saylac.
La motivation profonde est liée à la perte d’influence du président. Sentant le pouvoir à Djibouti leur échapper et les institutions traditionnelles Issas (Ugaas, Gudi, Gande) s’émanciper de leur contrôle, Guelleh et son sous-clan, Reer-Awl/Mamasan cherchent à isoler l’ethnie Issa. Leur stratégie ? Créer des conflits fabriqués avec les ethnies voisines (Afars, Gadabursi, Isaaq, Oromo). Un ethnie Issa affaibli par des guerres intestines et une précarité économique serait alors contraint de se rallier à Guelleh, le seul recours apparent. Ainsi, les institutions traditionnelles seraient obligées d’apporter un soutien moral au régime clanico-mafieux pour assurer la protection de leur communauté.
2. Quelles sont les preuves factuelles ?
Les accusations ne relèvent pas de simples rumeurs. Elles s’appuient sur des révélations de première main, issues d’un acteur clé du système.
La preuve la plus accablante est l’audio à scandale d’Elmi Moussa Hassan, ancien député et cousin d’Ismail Omar Guelleh. Dans cet enregistrement, divulgué par HCH24, l’initié confirme sans ambages que le « régime clanico-mafieux (Reer-Awl/Mamasan) » est responsable des récentes tensions à Zeila. Il y décrit une stratégie délibérée : organiser des confrontations ethniques pour « maintenir au pouvoir le président Ismail Omar Guelleh ».
Il déclare textuellement : « Notre seul objectif, nous, Reer-Awl/Mamasan, était de maintenir au pouvoir le président Ismail Omar Guelleh, notre guide, en créant des confrontations ethniques à Djibouti et à nos frontières. Nous avons concrétisé notre projet et réussi à apporter des modifications à la Constitution djiboutienne afin de pérenniser le pouvoir du clan. »
Elmi Moussa Hassan cite nommément les responsables de cette stratégie : le colonel Mohamed Djama Doualeh et Djama Ali Guelleh. Ces hauts responsables, membres du sous-clan présidentiel, sont présentés comme les maîtres d’œuvre de l’ingérence dans les affaires du Somaliland et des manipulations ethniques, financées par les deniers de l’État djiboutien.
Ce témoignage interne, corroboré par les analyses des observateurs indépendants, de l’opposition djiboutienne et le fondateur de HCH24, Hassan Cher Hared, dépeint un régime aux abois. La peur réelle de Guelleh n’est pas une prétendue menace sécuritaire, mais la tenue d’une cérémonie unificatrice et souveraine de l’ethnie Issas qui affaiblirait son narratif et son emprise sur sa base ethnique.
Conclusion
Face à cette machination, la tenue ou l’interdiction de la cérémonie du Xeer-Ciise à Saylac est bien plus qu’un enjeu culturel. C’est un test décisif pour la stabilité de la région et un révélateur cruel des méthodes désespérées d’un pouvoir clanico-mafieux déterminé à survivre, quitte à jouer avec le feu des conflits intercommunautaires.
Hassan Cher
The English translation of the article in French.
Djibouti / Somaliland: Ismail Omar Guelleh and His Reer-Awl/Mamasan Sub-Clan Urge Somaliland to Ban the Xeer-Ciise Ceremony in Saylac
A political and ethnic crisis is brewing in the Horn of Africa, centred on the town of Saylac (Zeila) in Somaliland. Djibouti’s leadership — embodied by President Ismail Omar Guelleh and his Reer-Awl/Mamasan sub-clan — is reportedly attempting by all means to prevent the traditional Xeer-Ciise ceremony scheduled for 5 December 2025. This opposition reflects what observers describe as the survival strategy of an embattled regime prepared to exploit ethnic tensions to retain power.
1. Why Are Ismail Omar Guelleh and His Reer-Awl/Mamasan Sub-Clan Opposed to the Xeer-Ciise Ceremony in Saylac?
According to converging reports, President Ismail Omar Guelleh convened an urgent meeting of his Reer-Awl/Mamasan sub-clan on Thursday, 20 November 2025, in Djibouti. The purpose was to counter the firm decision taken the previous day by the Issa ethnic institution known as the Gande — a traditional senate-like body — during its gathering in Ayshaa, Ethiopia. The Gande had resolved that the Xeer-Ciise ceremony would take place in Saylac on 5 December 2025, regardless of the Somaliland government’s position.
While this decision was viewed as legitimate by other ethnic groups in the region, it immediately alarmed the core of Djibouti’s clan-centric power structure. As evidence of this concern, Colonel Mohamed Djama Doualeh of the Djiboutian Republican Guard and Djama Ali Guelleh, Director General of the national electricity company (EDD), reportedly contacted the Somaliland presidency on the morning of 20 November. Officially, the Guelleh administration expressed fear over the potential presence of large numbers of armed Issa men only 48 km from the president’s private residence, Villa Haramous.
In reality, this justification conceals what critics describe as a far more calculated political manoeuvre. The dual strategy attributed to Guelleh and his sub-clan seeks to:
- Reassure Djiboutian Issas by portraying Djibouti as a protective force against a supposedly hostile Somaliland;
- Discreetly encourage Hargeisa to take a hardline approach toward the organisers of the Xeer-Ciise ceremony in Saylac.
The deeper motivation, according to these analyses, is tied to the erosion of the president’s influence. Sensing that power is slipping away and that traditional Issa institutions (Ugaas, Gudi, Gande) are gaining independence from his control, Guelleh and his Reer-Awl/Mamasan sub-clan allegedly seek to isolate the Issa community. Their strategy would consist of manufacturing conflicts with neighbouring ethnic groups (Afar, Gadabursi, Isaaq, Oromo). An Issa population weakened by intra-ethnic disputes and economic hardship would then be compelled to rally behind Guelleh as their apparent protector. In doing so, Issa traditional institutions would be forced to provide political legitimacy to a clan-based system widely described as “mafia-like” by its critics.
2. What Evidence Has Been Presented?
These allegations do not stem from mere rumours. They are based on insider testimony from a key figure once embedded within the system.
The most striking piece of evidence is the leaked audio recording of Elmi Moussa Hassan, a former MP and cousin of President Ismail Omar Guelleh. In this recording — published by HCH24 — the insider explicitly claims that the “clan-mafia regime (Reer-Awl/Mamasan)” orchestrated the recent tensions in Zeila. He describes a deliberate strategy to spark ethnic confrontations in order to “keep President Ismail Omar Guelleh in power.”
He states verbatim:
“Our only objective, we the Reer-Awl/Mamasan, was to keep President Ismail Omar Guelleh, our leader, in power by creating ethnic confrontations in Djibouti and along our borders. We achieved our goal and succeeded in amending the Djiboutian Constitution to secure the clan’s hold on power.”
Elmi Moussa Hassan identifies the alleged architects of this strategy:
- Colonel Mohamed Djama Doualeh,
- and Djama Ali Guelleh, Director General of EDD.
Both are senior officials and members of the president’s sub-clan. They are presented as key actors behind interference in Somaliland and the manipulation of ethnic tensions, financed through Djiboutian state resources.
This internal testimony, echoed by independent analysts, opposition figures, and HCH24 founder Hassan Cher Hared, portrays a regime in distress. According to this perspective, Guelleh’s true concern is not a potential security threat posed by Issa gatherings near the border, but rather the symbolism of a unifying and sovereign Issa ceremony — one that could undermine his narrative and weaken his grip over his own ethnic base.
Conclusion
In this context, the debate over whether the Xeer-Ciise ceremony should proceed in Saylac extends far beyond a cultural event. It has become a pivotal test for regional stability and a stark illustration of what critics describe as desperate measures by a clan-centred ruling system determined to survive — even at the risk of inflaming inter-communal tensions across the Horn of Africa.
Hassan Cher


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