
Djibouti : Désordre et haine anti-occidentaux de plus en plus constaté chez la garde républicaine de Djibouti.

Djibouti – Une série d’incidents récents mettant en cause la Garde républicaine de Djibouti, unité chargée de la protection des hautes autorités, soulève des questions préoccupantes sur le climat sécuritaire et les relations internationales du pays.
- Attaque contre le Palais de Haramous
Un événement dramatique a précédé les tensions actuelles. Un jeune Djiboutien, présenté comme désespéré par la situation politique et économique du pays qu’il qualifie de « régime clanico-mafieux » (« Qawlaysato ») accusé de dilapider les deniers publics, a mené une action violente contre le Palais de Haramous, résidence du couple présidentiel (Ismail Omar Guelleh et son épouse Kadra Mahamoud Haid). Selon les informations rapportées, l’individu, dans un état d’ébriété présumé, aurait réussi à franchir les barrages de sécurité à moto avant de percuter violemment le portail principal du palais. Arrêté, il a été transféré à la Sécurité Documentaire et de la Surveillance (SDS), la police politique.
La première dame aurait ordonné la relaxe du jeune homme, tout en exigeant l’emprisonnement et le licenciement des éléments de la Garde républicaine en service lors des faits. Le motif invoqué serait un manquement grave à leur mission : elle aurait rappelé que les membres de la Garde républicaine ne portent pas les armes à feu « pour parader ou faire semblant », mais doivent être prêts à les utiliser « au moment opportun » pour empêcher ce type d’intrusion.
2- Incident armé contre un convoi français
La situation s’est considérablement aggravée le vendredi 8 août 2025, vers 12h (heure locale). Alors que le Président de la République se déplaçait avec son cortège habituel, celui-ci s’est retrouvé face à un convoi des forces françaises stationnées à Djibouti, effectuant une sortie routinière à l’intérieur du pays. Dans des circonstances encore troubles, un membre de la Garde républicaine aurait tiré une rafale d’arme de guerre en direction du convoi militaire français.
La réaction des militaires français fut immédiate et déterminée : ils auraient évacué leurs véhicules et pris des positions de combat, évitant de justesse une escalade armée ou une « escarmouche » ouverte. Cet acte hostile envers des troupes alliées, présentes dans le cadre d’accords de défense, est décrit comme sans précédent.
3- Une réaction interne controversée et un climat délétère
Plus troublant encore est le récit concernant la réaction interne à cet incident impliquant les forces françaises. Le Colonel Mohamed Djama Doualeh, présenté comme cherchant à minimiser l’événement, aurait au contraire félicité l’auteur du tir et l’aurait « montré en exemple ». Le garde serait ainsi présenté comme un homme « dévoué à la protection du couple présidentiel Haïd/Guelleh et capable de suivre les ordres quelles que soient les circonstances ».
Cet incident intervient dans un contexte où, selon plusieurs sources, une pression importante pèse sur la Garde républicaine. Des proches du couple présidentiel diffuseraient l’idée que « les Occidentaux veulent les chasser du pouvoir », affirmant compter uniquement sur « le soutien de la Chine et de la Russie ». Cette rhétorique alimenterait un climat de suspicion et d’hostilité croissante envers les partenaires occidentaux historiques.
4- Une rupture inquiétante avec une longue tradition
Les observateurs soulignent le caractère exceptionnellement grave de l’incident du 8 août. Depuis 48 ans d’indépendance, les convois des forces françaises stationnées à Djibouti ont toujours circulé librement et sans incident majeur sur les routes du pays, participant activement à la sécurité et à la défense nationale. Jamais auparavant une telle suspicion ou une telle volonté de faire usage de la force contre eux n’avait été rapportée.
5- Questions géopolitiques
L’incident du 8 août ne semble pas isolé, mais reflète une tension croissante et une réorientation stratégique du régime djiboutien. L’affirmation répétée du soutien de Moscou et de Pékin face à des pressions occidentales présumées pose directement la question de l’attitude de ces puissances. Le temps dira si Pékin et Moscou soutiennent effectivement des régimes clanico-mafieux par leurs opposants, et quelles conséquences cette évolution pourrait avoir sur la stabilité régionale et les relations internationales de Djibouti. La situation sécuritaire interne et la cohérence des forces de protection présidentielle restent sous étroite surveillance.
Hassan Cher
The English translation of the article in French.
Djibouti: Disorder and anti-Western hatred increasingly observed among Djibouti’s Republican Guard.
Djibouti – A series of recent incidents involving Djibouti’s Republican Guard, the unit responsible for protecting the country’s senior authorities, raises worrying questions about the country’s security climate and international relations.
1- Attack on Haramous Palace
A dramatic event preceded the current tensions. A young Djiboutian, described as desperate about the country’s political and economic situation, which he described as a « clan-mafia regime » (« Qawlaysato ») accused of squandering public funds, carried out a violent attack on the Palais de Haramous, the residence of the presidential couple (Ismail Omar Guelleh and his wife Kadra Mahamoud Haid). According to reports, the allegedly intoxicated individual managed to get through the security checkpoints on a motorbike before violently crashing into the main gate of the palace. He was arrested and transferred to the Security and Surveillance Service (SDS), the political police.
The First Lady reportedly ordered the young man’s acquittal, while demanding the imprisonment and dismissal of the members of the Republican Guard on duty at the time of the incident. The reason given was a serious breach of their mission: she reportedly pointed out that members of the Republican Guard do not carry firearms « to parade around or pretend », but must be ready to use them « at the appropriate moment » to prevent this type of intrusion.
2- Armed incident against a French convoy
The situation escalated considerably on Friday 8 August 2025, at around 12 noon (local time). While the President of the Republic was travelling in his usual motorcade, he came up against a convoy of French forces stationed in Djibouti, which was making a routine trip into the country. In circumstances that are still unclear, a member of the Republican Guard reportedly fired a burst of ammunition in the direction of the French military convoy.
The French soldiers reacted immediately and decisively, evacuating their vehicles and taking up combat positions, narrowly avoiding an armed escalation or open “skirmish”. This hostile act towards allied troops, present under defence agreements, is described as unprecedented.
3- A controversial internal reaction and a poisonous climate
Even more disturbing is the account of the internal reaction to this incident involving French forces. Colonel Mohamed Djama Doualeh, portrayed as trying to play down the event, is said to have congratulated the person who fired the shot and to have « set him an example ». The guard was presented as a man « devoted to the protection of the Haïd/Guelleh presidential couple and capable of following orders whatever the circumstances ».
This incident comes at a time when, according to several sources, the Republican Guard is under considerable pressure. People close to the presidential couple are said to be spreading the idea that « the West wants to oust them from power », claiming that they can only count on « the support of China and Russia ». This rhetoric is said to be fuelling a climate of suspicion and growing hostility towards the country’s long-standing Western partners.
4- A worrying break with a long tradition
Observers stress the exceptionally serious nature of the incident on 8 August. For 48 years of independence, the convoys of French forces stationed in Djibouti have always travelled freely and without major incident on the country’s roads, playing an active role in national security and defence. Never before has there been such suspicion or such a desire to use force against them.
5- Geopolitical issues
The incident of 8 August does not appear to be an isolated one, but reflects growing tension and a strategic reorientation on the part of the Djibouti regime. The repeated assertion of support from Moscow and Beijing in the face of alleged Western pressure directly raises the question of the attitude of these powers. Time will tell whether Beijing and Moscow are indeed supporting clan-mafia regimes by their opponents, and what consequences this development might have for Djibouti’s regional stability and international relations. The internal security situation and the coherence of the presidential protection forces remain under close scrutiny.
Hassan Cher