
Djibouti-Somalie : Ismail Omar Guelleh, l’étrange marionnettiste de la sécurité somalienne

L’accueil fastueux réservé par le président djiboutien Ismail Omar Guelleh au chef de la police fédérale somalienne, le lieutenant-général Asad Osman Abdullahi (dit Asad Diyano), le 25 juin 2025, précédé de près, le 1er juin 2025, par la convocation express du nouveau directeur de la NISA, Mahad Salad, dessine un tableau inquiétant : Guelleh manœuvrer avec une inquiétante facilité les piliers sécuritaires de son voisin somalien, au mépris flagrant de sa souveraineté.
1. Une Souveraineté Somalienne Piétinée : L’invitation directe et la réception protocolaire au palais présidentiel de Djibouti du chef de la police somalienne, sans aucune coordination avec le gouvernement fédéral de Mogadiscio, constituent une violation manifeste des usages diplomatiques et du droit international. Le lieutenant-général Asad Osman Abdullahi (dit Asad Diyano) est un haut fonctionnaire technique, subordonné à l’exécutif somalien. En le traitant comme un représentant d’État ou une personnalité politique autonome, Guelleh confère illégitimement à un subalterne une autorité qu’il ne détient pas. Il s’agit d’une ingérence directe dans les affaires intérieures somaliennes, court-circuitant délibérément l’autorité centrale légitime. Cette pratique confirme un schéma régional d’affaiblissement de Mogadiscio.
2. Guelleh, Architecte d’une Instabilité Contrôlée ? Le timing et la nature de ces interventions suggèrent une manipulation délibérée de la stabilité somalienne. La visite d’Asad Diyano coïncide étrangement avec la recrudescence du trafic d’arme à Puntland et Galmudug. En courtisant directement le commandant de la police fédérale, dont le rôle sécuritaire est crucial dans les régions concernées, Guelleh cherche visiblement à s’assurer une influence ou une neutralité bénéfique à Qawlaysato, sapant l’autorité unificatrice de Mogadiscio. Parallèlement, la nomination soudaine de Mahad Salad à la tête du NISA suivie immédiatement d’une « médiation » forcée à Djibouti, sous la pression du réseau Qawlaysato, démontre une influence troublante sur les nominations sécuritaires somaliennes. Le passé de Salad, notamment son gel de comptes liés au blanchiment dans des banques appartenant à Guelleh (Salam Bank), fait de cette invitation un chantage potentiel à l’intégrité du nouveau chef du renseignement somalien.
3. L’Ingérence Mafieuse : La méthode employée par Ismail Omar Guelleh présente des similitudes frappantes avec les pratiques des organisations criminelles qu’il prétend combattre. Court-circuiter les canaux étatiques légitimes (gouvernement, ministère des Affaires étrangères, ministère des affaires intérieurs, etc) pour traiter directement avec des acteurs institutionnels somaliens clés pour la sécurité du pays (Diyano, Salad) ressemble à une stratégie de contournement typique des réseaux mafieux. L’utilisation de pressions (sur la nomination du chef du NISA) et de chantage potentiel (via la médiation liée au dossier bancaire gelé par Salad) pour influencer les décisions sécuritaires d’un État voisin est un mode opératoire caractéristique de l’ingérence criminelle. Enfin, le lien manifeste entre ces manœuvres et les intérêts du réseau Qawlaysato bénéficiant de l’action du régime de Guelleh (affaiblissement de Mogadiscio, pression sur le NISA), renforce l’impression que Guelleh agit moins en chef d’État qu’en protecteur d’intérêts opaques, au détriment de la stabilité et de la souveraineté somaliennes.
4. Conclusion : Par ses invitations directes et non coordonnées, ses pressions sur les nominations stratégiques et ses médiations suspectes, Ismail Omar Guelleh s’érige en arbitre non désiré de la sécurité somalienne. Ses actions, qui piétinent la souveraineté de Mogadiscio, déstabilisent délibérément ses institutions fragiles et épousent les méthodes de l’ingérence criminelle au profit du réseau Qawlaysato, font du régime d’Ismail Omar Guelleh non pas un allié, mais une source majeure de menace pour la reconstruction et la stabilité de la Somalie. La sécurité somalienne semble désormais tenue en laisse depuis Djibouti, une situation intenable pour Mogadiscio et dangereuse pour toute la Corne de l’Afrique.
Hassan Cher
The English translation of the article in French.
Djibouti-Somalia: Ismail Omar Guelleh, the strange puppeteer of Somali security
The lavish welcome reserved by Djiboutian President Ismail Omar Guelleh for the head of the Somali Federal Police, Lieutenant-General Asad Osman Abdullahi (known as Asad Diyano), on June 25, 2025, closely preceded, on June 1, 2025, by the express summons of the new director of NISA, Mahad Salad, draws a disturbing picture: Guelleh maneuvering with disturbing ease the security pillars of his Somali neighbor, in flagrant disregard of its sovereignty.
1. Somali sovereignty trampled underfoot: the direct invitation and protocol reception at Djibouti’s presidential palace of the Somali police chief, without any coordination with the federal government in Mogadishu, is a clear violation of diplomatic practice and international law. Lieutenant-General Asad Osman Abdullahi (known as Asad Diyano) is a senior technical official, subordinate to the Somali executive. By treating him as a state representative or autonomous political figure, Guelleh is illegitimately conferring on a subordinate an authority he does not hold. This is direct interference in Somalia’s internal affairs, deliberately bypassing the legitimate central authority. This practice confirms a regional pattern of weakening Mogadishu.
2. Guelleh, Architect of Controlled Instability? The timing and nature of these interventions suggest a deliberate manipulation of Somali stability. Asad Diyano’s visit coincides strangely with the upsurge in arms trafficking in Puntland and Galmudug. By directly courting the Federal Police Commander, whose security role is crucial in the regions concerned, Guelleh is clearly seeking to secure beneficial influence or neutrality in Qawlaysato, undermining Mogadishu’s unifying authority. Meanwhile, the sudden appointment of Mahad Salad as head of NISA, followed immediately by a forced “mediation” in Djibouti, under pressure from the Qawlaysato network, demonstrates a troubling influence on Somali security appointments. Salad’s past, notably his freezing of accounts linked to money laundering in banks belonging to Guelleh (Salam Bank), makes this invitation a potential blackmail on the integrity of the new Somali intelligence chief.
3. Mafia interference: The method employed by Ismail Omar Guelleh bears striking similarities to the practices of the criminal organizations he claims to be fighting. Bypassing legitimate state channels (government, Ministry of Foreign Affairs, Ministry of Internal Affairs, etc.) to deal directly with key Somali institutional players for the country’s security (Diyano, Salad) resembles a typical mafia network bypass strategy. The use of pressure (on the appointment of the head of NISA) and potential blackmail (via mediation linked to Salad’s frozen banking file) to influence the security decisions of a neighboring state is a modus operandi typical of criminal interference. Finally, the clear link between these manoeuvres and the interests of the Qawlaysato network benefiting from the actions of the Guelleh regime (weakening of Mogadishu, pressure on NISA), reinforces the impression that Guelleh is acting less as a head of state than as the protector of opaque interests, to the detriment of Somali stability and sovereignty.
4. Conclusion: Through his direct and uncoordinated invitations, his pressure on strategic appointments and his suspicious mediations, Ismail Omar Guelleh is setting himself up as an unwanted arbiter of Somali security. His actions, which trample on Mogadishu’s sovereignty, deliberately destabilize its fragile institutions and espouse the methods of criminal interference for the benefit of the Qawlaysato network, make Ismail Omar Guelleh’s regime not an ally, but a major source of threat to Somalia’s reconstruction and stability. Somali security now seems to be on a tight leash from Djibouti, a situation that is untenable for Mogadishu and dangerous for the whole of the Horn of Africa.
Hassan Cher