Djibouti : Guelleh à Luanda — la grande mise en scène “sécurité & coopération”

Djibouti : Guelleh à Luanda — la grande mise en scène “sécurité & coopération”

Ad

À Luanda, les 24–25 novembre 2025, la 7ᵉ réunion de l’Union Africaine et de l’Union Européenne s’ouvre sous le slogan « Promouvoir la paix et la prospérité grâce à une coopération multilatérale efficace ». (eeas.europa.eu) Parmi les chefs d’État, Ismail Omar Guelleh —dirigeant de la République de Djibouti — est présenté comme un partenaire clé du Nord et du Sud, un pont stratégique entre l’Afrique de l’Est, le Moyen-Orient, l’Europe, par la position de son pays à l’entrée de la mer Rouge. (primature.gouv.dj)

Officiellement, il salue l’initiative multilatérale, évoque la coopération économique, la mobilisation d’investissements, les ambitions partagées autour de la paix, du développement, de la sécurité maritime. (primature.gouv.dj) Lors d’une rencontre bilatérale avec le président français — en marge du sommet — IOG met en avant un “Traité de coopération en matière de défense” récemment entré en vigueur. (adi.dj)

Sous les flashes des caméras et les applaudissements diplomatiques, Ismail Omar Guelleh apparaît comme le visage rassurant d’une Afrique engagée, tournée vers l’Europe, vers un avenir “propre, sécurisé, prospère”.

  1. Mais ce vernis dissimule un régime mafieux — dirigé par Guelleh et ses alliés

Ce que ce sommet et ces discours cherchent à masquer — c’est une réalité beaucoup plus brutale, révélée par des documents sérieux (comme le rapport Qawlaysato) : derrière le pouvoir officiel, l’État djiboutien serait partiellement capturé par une organisation parallèle, contrôlée par le clan présidentiel, qui opère comme une organisation mafieuse.

• Une violence structurelle

Ce réseau recourt à l’intimidation systémique, à des détentions arbitraires, à la torture, à des assassinats — notamment celui d’un juge d’instruction — pour maintenir un climat de peur, de silence et d’omertà. Les institutions judiciaires et policières servent les intérêts de ce clan, pas la justice.

• Une économie captée par le clan

Tous les secteurs stratégiques — énergie, télécoms, douanes, santé, zones franches, commerce — sont entre les mains de proches du pouvoir. Les trafics d’armes, la contrebande, le blanchiment — via des sociétés offshore — sont devenus un pilier du système. Les bénéfices échappent au pays pour alimenter un réseau d’influence et de corruption internationale.

• Des trafics d’armes à grande échelle

Le rapport documente l’achat — par ce réseau — de 80 000 pistolets Taurus (quatre fois l’effectif en uniforme de l’État), financés par des trafiquants yéménites, puis redistribués — clandestinement — à des milices ou groupes armés au Yémen, en Somalie ou ailleurs.
Les sociétés clandestines et les transferts, protégés par l’État, ainsi que l’usage de structures offshore pour dissimuler les responsabilités, montrent que ces trafics ne sont pas des abus isolés, mais un rouage central du régime.

2. Guelleh vend la “sécurité globale” — mais il est l’un des garants de l’insécurité

Quand IOG se rend à Luanda, qu’il parle de paix, de sécurité, de coopération Africa-Europe, c’est un marché cynique qu’il propose :

  • « Occupez-vous de la mer Rouge, de la piraterie, du terrorisme » —
  • « Et Djibouti sera votre « hub » fiable, votre rempart stratégique. »

Mais en réalité, Djibouti — sous IOG — serait un carrefour logistique des armes, un relais pour les milices, un hub de blanchiment et de contrebande, un régime mafieux qui se nourrit du chaos.

Ainsi, le “partenariat sécurité” vendu à l’Europe sert de couverture diplomatique : pendant que les capitaux coulent, les trafics prospèrent, et les populations sont muselées.

Ce double langage — l’un officiel, coquet, international ; l’autre criminel, opaque, violent — crée un danger mortel. Car soutenir un tel régime, c’est risquer de financer indirectement les groupes armés contre lesquels l’Europe croit lutter.

3. L’hypocrisie d’un “Traité de défense” et la normalisation d’un régime autoritaire

Lors de son entretien avec le président français, IOG s’est félicité de l’entrée en vigueur d’un “Traité de coopération en matière de défense” (TCMD) entre la France et Djibouti — symbole diplomatique fort. (adi.dj) Mais ce traité arrive au moment même où le régime est accusé d’entretenir des réseaux de trafic d’armes, de privatiser la force, de vendre des armes et des munitions à des acteurs clandestins.

C’est une normalisation dangereuse : en scellant un accord officiel avec des puissances étrangères, IOG obtient un parapluie diplomatique qui lui permet de continuer ses activités illégales sous couvert de coopération.

L’Europe, en concluant de tels traités, s’expose à être complice de ce système — à en renforcer la légitimité, tout en fermant les yeux sur les abus, le trafic, la corruption, l’oppression.

4. Pourquoi il faut briser le silence — et exiger des comptes

  • a) Parce qu’un régime mafieux ne peut pas logiquement revendiquer le rôle de gardien de la paix. Soutenir IOG, c’est soutenir un État qui pratique la violence d’État, la corruption, la contrebande.
  • b) Parce que les trafics d’armes alimentent les conflits régionaux — Yémen, Corne de l’Afrique, Somalie — dans lesquels des centaines de milliers de vies sont en jeu. L’Europe et l’Afrique risquent de financer indirectement l’instabilité qu’elles prétendent combattre.
  • c)Parce que la façade diplomatique — traités, partenariats, sommets — ne doit pas servir de paravent à l’impunité. Les puissances européennes, les institutions internationales, doivent exiger la transparence : audits des ports, contrôle des exportations, enquête indépendante sur les trafics, protection des lanceurs d’alerte.
  • d) Parce qu’un État capturé par un clan — sans séparation du pouvoir, sans justice, sans contre-pouvoir — constitue une menace permanente pour la région. Il transforme un pays souverain en fief mafieux, militarisé, opaque.
  • 5. Conclusion — Le double jeu honteux d’un “allié stratégique” à dénoncer

En participant au 7ᵉ sommet UA-UE, IOG ne cherche pas seulement à renforcer les liens diplomatiques ou économiques entre Djibouti, l’Afrique et l’Europe. Il cherche à revêtir le masque de l’homme d’État sérieux, respectable, apte à sauver la mer Rouge.

Mais ce masque, quand on gratte un peu, se fissure. Derrière, il y a un régime de pouvoir personnel, un réseau opaque, des trafics, des sociétés offshores, une intimidation généralisée, des complicités criminelles.

Appuyer un tel régime au nom de la sécurité ou du partenariat, c’est encourager la duplicité, entériner l’oppression, alimenter les conflits qu’on dit vouloir résoudre.

Ce double jeu — “paix & trafics”, “coopération & corruption”, “stabilité & crime” — doit être mis au jour dès aujourd’hui.

Hassan Cher

The English translation of the article in French.

Djibouti: Guelleh in Luanda — The Grand “Security & Cooperation” Showcase

In Luanda, on 24–25 November 2025, the 7th African Union–European Union meeting opens under the slogan “Promoting Peace and Prosperity Through Effective Multilateral Cooperation.” (eeas.europa.eu) Among the heads of state, Ismail Omar Guelleh — President of the Republic of Djibouti — is introduced as a key partner for both North and South, a strategic bridge between East Africa, the Middle East, and Europe, thanks to his country’s location at the entrance of the Red Sea. (primature.gouv.dj)

Officially, he praises the multilateral initiative and speaks of economic cooperation, investment mobilisation, and shared ambitions for peace, development, and maritime security. (primature.gouv.dj) In a bilateral meeting with the French president — on the sidelines of the summit — IOG highlights a recently enacted “Defence Cooperation Treaty.” (adi.dj)

Under the camera flashes and diplomatic applause, Ismail Omar Guelleh appears as the reassuring face of an engaged Africa, looking toward Europe and toward a “clean, secure, prosperous” future.

1. But this veneer conceals a mafia-style regime — controlled by Guelleh and his allies

What this summit and these speeches seek to hide is a far harsher reality, revealed by credible documents (such as the Qawlaysato report): behind the official institutions, the Djiboutian state is allegedly partially captured by a parallel organisation controlled by the presidential clan, operating in a mafia-like manner.

• Structural violence
This network relies on systemic intimidation, arbitrary detentions, torture, and assassinations — including that of an investigating judge — to maintain an atmosphere of fear, silence, and omertà. Judicial and police institutions serve the interests of the ruling clan, not justice.

• An economy captured by the clan
All strategic sectors — energy, telecoms, customs, health, free zones, trade — are in the hands of individuals close to power. Arms trafficking, smuggling, and money laundering — through offshore companies — have become pillars of the system. The profits bypass the country to feed a network of international influence and corruption.

• Large-scale arms trafficking
The report documents the purchase — by this network — of 80,000 Taurus pistols (four times the number of uniformed personnel of the state), financed by Yemeni traffickers and then covertly redistributed to militias or armed groups in Yemen, Somalia, and beyond.
Clandestine companies and state-protected transfers, as well as the use of offshore structures to conceal responsibilities, show that these operations are not isolated abuses but a central cog in the regime.

2. Guelleh sells “global security” — yet is one of the guarantors of insecurity

When IOG travels to Luanda to speak of peace, security, and Africa-Europe cooperation, what he offers is a cynical bargain:

• “You take care of the Red Sea, piracy, terrorism” —
• “And Djibouti will be your reliable hub, your strategic bulwark.”

But in reality, Djibouti — under IOG — is allegedly a logistical crossroads for weapons, a relay for militias, a hub for laundering and smuggling, a regime operating on mafia logic and nourished by chaos.

Thus, the “security partnership” sold to Europe serves as diplomatic cover: while capital flows in, trafficking thrives and the population is silenced.

This double discourse — one official, polished, international; the other criminal, opaque, violent — creates a deadly risk. Supporting such a regime means risking indirect financing of the very armed groups Europe believes it is fighting.

3. The hypocrisy of a “Defence Treaty” and the normalisation of an authoritarian regime

During his meeting with the French president, IOG welcomed the entry into force of a “Defence Cooperation Treaty” (DCT) between France and Djibouti — a strong diplomatic symbol. (adi.dj) But this treaty comes at the very moment when the regime stands accused of sustaining arms-trafficking networks, privatising the use of force, and selling weapons and ammunition to clandestine actors.

This is dangerous normalisation: by sealing an official agreement with foreign powers, IOG obtains a diplomatic umbrella that allows him to continue illicit activities under the guise of cooperation.

Europe, by concluding such treaties, risks becoming complicit in this system — strengthening its legitimacy while turning a blind eye to abuses, trafficking, corruption, and repression.

4. Why the silence must be broken — and accountability demanded

  1. Because a mafia-style regime cannot credibly claim the role of guardian of peace. Supporting IOG means supporting a state engaged in state violence, corruption, and smuggling.
  2. Because arms trafficking fuels regional conflicts — in Yemen, the Horn of Africa, Somalia — where hundreds of thousands of lives are at stake. Europe and Africa risk indirectly financing the very instability they claim to combat.
  3. Because the diplomatic façade — treaties, partnerships, summits — must not serve as a shield for impunity. European powers and international institutions must demand transparency: port audits, export-control mechanisms, independent investigations into trafficking, and protection for whistle-blowers.
  4. Because a state captured by a clan — without separation of powers, justice, or checks and balances — poses a permanent threat to the region. It turns a sovereign nation into a militarised, opaque, clan-controlled fiefdom.

5. Conclusion — The shameful double game of a “strategic ally” that must be exposed

By participating in the 7th AU-EU summit, IOG is not merely seeking to strengthen diplomatic or economic ties between Djibouti, Africa, and Europe. He is seeking to don the mask of the respectable statesman, the man capable of securing the Red Sea.

But this mask, once scratched, begins to crack. Behind it lies personalised rule, an opaque network, trafficking operations, offshore companies, widespread intimidation, and criminal complicities.

Supporting such a regime in the name of security or partnership is to encourage duplicity, entrench oppression, and fuel the very conflicts we claim to want to resolve.

This double game — “peace & trafficking,” “cooperation & corruption,” “stability & crime” — must be exposed now.

Hassan Cher

Ad
Authored by: Hassan Cher Hared

Hassan Cher Hared