
Erythrée : L’Independence Day de l’Érythrée, lutte – Sécurité et Développement

Chaque 24 mai, l’Érythrée célèbre son Independence Day, un jour marquant la fin de trois décennies de lutte pour l’autodétermination. Au-delà des festivités, cette date symbolise la résilience d’un pays aujourd’hui acteur clé dans la sécurité de la mer Rouge et engagé dans des transformations économiques et sportives remarquables. Retour sur ces trois piliers qui définissent l’Érythrée contemporaine.
1. La lutte pour l’indépendance et la déclaration d’indépendance
L’indépendance de l’Érythrée est le fruit d’une guerre longue et sanglante contre l’Éthiopie. Annexée en 1962 par l’empereur éthiopien Haïlé Sélassié après une courte période de fédération (1952-1962), l’Érythrée entame une lutte armée en 1961 sous la direction du Front de libération de l’Érythrée (ELF), puis du Front populaire de libération de l’Érythrée (EPLF). Pendant trente ans, ces mouvements mènent une guérilla contre le régime militaire éthiopien, soutenu par la Somalie.
Le 24 mai 1991, l’EPLF entre victorieusement dans Asmara, la capitale, après la chute du régime du Derg en Éthiopie. Cette date marque la libération effective du pays, mais l’indépendance officielle sera confirmée deux ans plus tard par un référendum historique. Organisé en avril 1993 sous supervision internationale, le scrutin enregistre un « oui » écrasant à 99,8 %, validant ainsi la création de l’État érythréen.
Aujourd’hui, l’Independence Day est célébré par une semaine de festivités (« Qinyat Natsnet »), mêlant concerts, défilés militaires et hommages aux martyrs. Les médias nationaux diffusent des documentaires sur la guerre, rappelant le coût humain de la liberté – près de 65 000 combattants et civils tués.
2. Le rôle de l’Érythrée dans la sécurité de la mer Rouge
Située sur l’une des voies maritimes les plus stratégiques au monde, l’Érythrée joue un rôle stabilisateur dans la mer Rouge. Le document souligne qu’Asmara « sécurise ses côtes » avec efficacité, limitant les trafics d’armes, de drogue et d’êtres humains – des fléaux qui gangrènent d’autres pays de la région. Cette stabilité s’explique par un contrôle militaire strict et une coopération discrète avec des acteurs régionaux.
La position géographique de l’Érythrée, avec plus de 1 000 km de côtes, en fait un gardien naturel du détroit de Bab el-Mandeb, par lequel transite 10 % du commerce maritime mondial. Face aux menaces pirates et terroristes, le pays maintient une présence navale vigilante, bien qu’il ne participe pas officiellement aux initiatives internationales comme l’Opération Atalante de l’UE. En revanche, des accords bilatéraux, notamment avec les Émirats arabes unis (base navale d’Assab), renforcent sa posture sécuritaire.
Cette stabilité contraste avec les défis politiques internes, comme le service national obligatoire (critiqué pour son caractère indéfini), mais elle offre à l’Érythrée un levier diplomatique dans une région volatile, notamment face au Yémen voisin ou à l’Éthiopie, avec qui les relations restent tendues.
3. Développements économiques et sportifs : Entre défis et succès
Économie : Une croissance fragile mais prometteuse
L’économie érythréenne, longtemps paralysée par la guerre et l’isolement, montre des signes de reprise. En 2023, le PIB réel a progressé de 2,9 %, tiré par le secteur minier (potasse, cuivre) et les services. L’inflation est tombée à 6,4 %, grâce à une politique monétaire restrictive et à la fixation du taux de change (15 nakfa pour 1 USD). Le déficit public s’est réduit à 0,1 % du PIB, et la dette publique (164 % du PIB en 2022) reste majoritairement domestique, limitant les risques de crise financière.
Cependant, des défis structurels persistent. L’agriculture (17,6 % du PIB) et l’industrie (32 %) dépendent encore des matières premières, tandis que le secteur manufacturier peine à se diversifier. Les exportations (635,7 millions USD en 2017) sont dominées à 60 % par les minerais bruts. Pour y remédier, le gouvernement mise sur l’adhésion à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et à l’OMC, afin d’attirer des investissements étrangers, notamment dans les mines (projet de potasse de Colluli).
Sport : Une puissance cycliste et une ascension athlétique
Sur le plan sportif, l’Érythrée brille en cyclisme. Considérée comme la « nation reine » d’Afrique, elle domine les championnats continentaux depuis 2013 (3 titres féminins et multiples victoires masculines). Des cyclistes comme Biniam Girmay entrent dans l’histoire : en 2024, il devient le premier Africain noir à remporter une étape du Tour de France. Le pays organise aussi le Tour d’Érythrée (2001-2017), témoignant de l’engouement populaire pour ce sport, moyen de transport quotidien pour beaucoup.
En athlétisme, Zersenay Tadese, médaillé olympique en 2004, a ouvert la voie à une génération de coureurs de fond talentueux, comme Ghirmay Ghebreslassie. Le pays investit aussi dans le sport féminin : six athlètes ont suivi un entraînement au Kenya en 2023 pour préparer les Jeux de Paris 2024. « Nous croyons en l’égalité des genres. Si on envoie quatre hommes, on envoie quatre femmes », explique Shewit Tesfagebriel, entraîneuse pionnière.
Conclusion
L’Independence Day de l’Érythrée est bien plus qu’une commémoration : c’est le miroir d’une nation qui se reconstruit. Entre héritage d’une lutte acharnée, rôle géostratégique incontournable et ambitions économico-sportives, le pays navigue entre fierté nationale et défis persistants. Si les obstacles (dépendance minière, isolement diplomatique) restent nombreux, les récents succès sportifs et les réformes économiques esquissent un avenir où l’Érythrée pourrait s’affirmer comme un acteur incontournable de la Corne de l’Afrique.
Hassan Cher
The English translation of the article in French.
Eritrea: Eritrea’s Independence Day, a struggle – Security and Development
Every May 24, Eritrea celebrates its Independence Day, a day marking the end of three decades of struggle for self-determination. Beyond the festivities, this date symbolizes the resilience of a country that is now a key player in the security of the Red Sea and engaged in remarkable economic and sporting transformations. A look back at the three pillars that define contemporary Eritrea.
1. The struggle for independence and the declaration of independence
Eritrea’s independence is the fruit of a long and bloody war against Ethiopia. Annexed in 1962 by the Ethiopian emperor Haile Selassie after a brief period of federation (1952-1962), Eritrea began an armed struggle in 1961 under the leadership of the Eritrean Liberation Front (ELF), then the Eritrean People’s Liberation Front (EPLF). For thirty years, these movements waged a guerrilla war against the Ethiopian military regime, supported by Somalia.
On May 24, 1991, the EPLF victoriously entered the capital Asmara, after the fall of the Derg regime in Ethiopia. This date marked the effective liberation of the country, but official independence was confirmed two years later in a historic referendum. Held in April 1993 under international supervision, the ballot recorded an overwhelming 99.8% “yes” vote, validating the creation of the Eritrean state.
Today, Independence Day is celebrated with a week of festivities (“Qinyat Natsnet”), combining concerts, military parades and tributes to martyrs. The national media broadcast documentaries on the war, recalling the human cost of freedom – nearly 65,000 combatants and civilians killed.
2. Eritrea’s role in Red Sea security
Situated on one of the world’s most strategic shipping lanes, Eritrea plays a stabilizing role in the Red Sea. The document stresses that Asmara effectively “secures its coasts”, limiting trafficking in arms, drugs and human beings – scourges that plague other countries in the region. This stability is due to strict military control and discreet cooperation with regional players.
Eritrea’s geographical position, with over 1,000 km of coastline, makes it a natural guardian of the Bab el-Mandeb Strait, through which 10% of the world’s maritime trade passes. In the face of pirate and terrorist threats, the country maintains a vigilant naval presence, although it does not officially participate in international initiatives such as the EU’s Operation Atalanta. On the other hand, bilateral agreements, notably with the United Arab Emirates (Assab naval base), reinforce its security posture.
This stability contrasts with internal political challenges, such as compulsory national service (criticized for its indefinite nature), but it offers Eritrea diplomatic leverage in a volatile region, particularly in the face of neighboring Yemen and Ethiopia, with whom relations remain tense.
3. Economic and sporting developments: Between challenges and successes
Economy: Fragile but promising growth
The Eritrean economy, long paralyzed by war and isolation, is showing signs of recovery. In 2023, real GDP grew by 2.9%, driven by the mining sector (potash, copper) and services. Inflation fell to 6.4%, thanks to a restrictive monetary policy and the fixing of the exchange rate (15 nakfa for 1 USD). The public deficit has been reduced to 0.1% of GDP, and public debt (164% of GDP by 2022) remains predominantly domestic, limiting the risk of a financial crisis.
However, structural challenges persist. Agriculture (17.6% of GDP) and industry (32%) are still dependent on raw materials, while the manufacturing sector is struggling to diversify. Exports (USD 635.7 million in 2017) are 60% dominated by raw minerals. To remedy this, the government is banking on membership of the African Continental Free Trade Area (AfCFTA) and the WTO, in order to attract foreign investment, particularly in mining (Colluli potash project).
Sport: a cycling powerhouse and an athletic ascent
Eritrea shines in cycling. Considered Africa’s “queen nation”, it has dominated the continental championships since 2013 (3 women’s titles and multiple men’s victories). Cyclists like Biniam Girmay are making history: in 2024, he becomes the first black African to win a stage in the Tour de France. The country also organizes the Tour d’Erythrée (2001-2017), testifying to the popularity of the sport, which is a daily means of transport for many.
In athletics, Zersenay Tadese, Olympic medallist in 2004, paved the way for a generation of talented long-distance runners, such as Ghirmay Ghebreslassie. The country is also investing in women’s sport: six athletes trained in Kenya in 2023 to prepare for the Paris 2024 Games. « We believe in gender equality. If we send four men, we send four women, » explains pioneering coach Shewit Tesfagebriel.
Conclusion
Eritrea’s Independence Day is much more than a commemoration: it’s the mirror of a nation rebuilding itself. Between the legacy of a bitter struggle, an inescapable geostrategic role and economic and sporting ambitions, the country navigates between national pride and persistent challenges. While many obstacles remain (mining dependence, diplomatic isolation), recent sporting successes and economic reforms point to a future in which Eritrea could assert itself as a key player in the Horn of Africa.
Hassan Cher
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