Djibouti : Un attentat terroriste de grande ampleur évité de justesse, une manœuvre pour accuser des panafricanistes ?

1. L’arrivée des terroristes et leur interpellation.

Le vendredi 9 mai 2025, des habitants du quartier Bahash, dans la commune de Balbala à Djibouti, ont signalé des activités suspectes dans une maison louée récemment. Deux à trois jours avant cette date, trois hommes et une femme originaires de Mogadiscio (Somalie) s’y étaient installés. Des jeunes du quartier, intrigués par les allées et venues, ont découvert à l’intérieur de gros sacs cousus à la main remplis de TNT et d’armes. Une alerte générale a été donnée, et la population, prête à lyncher les suspects, a été contenue par l’intervention rapide de la Garde républicaine et du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN).

Les forces de l’ordre ont arrêté les quatre terroristes (trois hommes et une femme) et saisi les explosifs et armes. Les suspects ont été conduits dans les locaux de la SRD (Section de Recherche et de Documentation), une unité judiciaire placée sous l’autorité directe du chef d’État-Major de la gendarmerie nationale, le Colonel Zakaria Hassan Aden. Le lieutenant Abrar de la SRD a été désigné pour mener l’enquête.

2. La libération des terroristes et la destruction des preuves.

Cependant, avant même le début de l’enquête, le colonel Zakaria Hassan Aden, chef d’État-Major de la gendarmerie, a reçu un ordre de la présidence de Djibouti. Il a été contraint de retirer l’affaire à la SRD et de transférer les quatre terroristes, ainsi que les preuves, au commandant Warsama Ali Arreh du service juridique du SDS (Service de Documentation et de Sécurité), décrit comme la police politique du régime mafieux de Djibouti.

Sous instruction présidentielle, le commandant Warsama Ali Arreh a fait incarcérer les suspects à la prison centrale de Gabode, sans procédure judiciaire ou sans passer par la justice, et a confié les explosifs à la Garde républicaine pour destruction. Le lendemain, le chef du commando terroriste a été libéré sur intervention du patron de Salaam Bank Djibouti, avant de s’envoler vers Mogadiscio.

3. Les panafricanistes djiboutiens ont-ils eu de la chance cette fois-ci ?

Selon des sources issues des milieux informels du commandant Warsama Ali Arreh (« milieux des cafés »), cette affaire aurait pu servir à accuser des panafricanistes djiboutiens. En réalité, il est suggéré que le régime djiboutien aurait lui-même commandité l’attentat via des terroristes recrutés à Mogadiscio, dans le but de cibler des installations militaires occidentaux à Djibouti et ensuite criminaliser ses opposants politiques.

4. Commander en ligne un attentat auprès d’Al-shabaab comme un « Uber-Eat »: le marché opaque du terrorisme.

Enfin, ce cas illustre les différentes facettes d’Al-Shabaab. À l’instar d’une commande passée auprès d’un restaurant via Uber Eats, certains dictateurs ou organisations mafieuses, telles que Qawlaysato, peuvent contacter Al-Shabaab pour solliciter les services d’un commando terroriste en échange d’armes ou d’argent., révélant une logique de marché opaque de la violence.

Hassan Cher

The English translation of the article in French.

Djibouti: A large-scale terrorist attack narrowly avoided, a maneuver to accuse pan-Africanists?

1- The arrival of the terrorists and their apprehension.

On Friday May 9, 2025, residents of the Bahash neighborhood in Djibouti’s Balbala commune reported suspicious activity in a recently rented house. Two or three days before this date, three men and a woman from Mogadishu (Somalia) had moved in. Local youths, intrigued by the comings and goings, discovered large hand-sewn bags full of TNT and weapons inside. A general alarm was sounded, and the population, ready to lynch the suspects, was contained by the swift intervention of the Republican Guard and the National Gendarmerie Intervention Group (GIGN).

The police arrested the four terrorists (three men and a woman) and seized the explosives and weapons. The suspects were taken to the premises of the SRD (Section de Recherche et de Documentation), a judicial unit under the direct authority of the Chief of Staff of the Gendarmerie Nationale, Colonel Zakaria Hassan Aden. Lieutenant Abrar of the SRD has been appointed to lead the investigation.

2- The release of the terrorists and the destruction of evidence.

However, even before the investigation began, Colonel Zakaria Hassan Aden, Chief of Staff of the Gendarmerie, received an order from the Djibouti Presidency. He was forced to withdraw the case from the SRD and transfer the four terrorists, along with the evidence, to Major Warsama Ali Arreh of the legal department of the SDS (Service de Documentation et de Sécurité), described as the political police of Djibouti’s mafia regime.

Under presidential instruction, Commandant Warsama Ali Arreh had the suspects incarcerated in Gabode Central Prison, without legal proceedings or going through the courts, and entrusted the explosives to the Republican Guard for destruction. The next day, the head of the terrorist commando was released on the intervention of the head of Salaam Bank Djibouti, before flying back to Mogadishu.

3- Were Djibouti’s pan-Africanists lucky this time?

According to sources in Commander Warsama Ali Arreh’s informal circles (“café circles”), this case could have been used to accuse Djiboutian pan-Africanist movements. In fact, it is suggested that the Djibouti regime itself ordered the attack via terrorists recruited in Mogadishu, with the aim of targeting Western military installations in Djibouti and then criminalizing its political opponents.

4- Ordering an attack online from Al-shabaab like an “Uber-Eat”: the opaque market of terrorism.

Finally, this case illustrates the different facets of Al-Shabaab. Like an order placed with a restaurant via Uber Eats, some dictators or mafia organizations, such as Qawlaysato, may contact Al-Shabaab to solicit the services of a terrorist commando in exchange for weapons or money, revealing an opaque market logic for violence.

Hassan Cher