
Fathia Boukao, voix libre pour Djibouti, ciblée par les réseaux du régime de Guelleh ?

- Fathia Boukao : une lanceuse d’alerte engagée
Mme Fathia Boukao est bien plus qu’une simple animatrice de radio. Résidant en Europe, elle incarne aujourd’hui une figure phare de la diaspora djiboutienne engagée pour les droits humains et la démocratie. À travers Radio Boukao, une Web-Radio/TV sans but lucratif enregistrée en France, elle donne la parole aux voix étouffées de la société civile djiboutienne. Son média se positionne clairement comme une plateforme indépendante, militante, et résolument tournée vers la défense des libertés fondamentales.
À l’opposé des organes étatiques contrôlés par le pouvoir, Radio Boukao diffuse des contenus critiques, soutient les initiatives citoyennes, et noue des partenariats avec des ONG et institutions internationales, comme le Comité des droits de l’homme de l’ONU à Genève. En dénonçant les abus, la corruption, la répression politique et les dérives autoritaires du régime d’Ismaël Omar Guelleh, elle devient naturellement une cible de choix pour ceux qui craignent la lumière.
2. Hassan Amare: un proche du pouvoir devenu « mercenaire numérique »
Originaire de Gerissa, dans la région Guban (au nord de la Somaliland), Hassan Amare appartient au clan Mamasan/Issa, le même que celui du président djiboutien Ismaël Omar Guelleh. Ce lien familial direct, renforcé par un parcours d’immigré passé par l’Égypte avant une réinstallation aux Pays-Bas par le Haut-Commissariat pour les Réfugiés de l’ONU, place Hassan Amaredans une position complexe. Officiellement réfugié, il agit pourtant comme un relais actif du régime qu’il a quitté, mais qu’il continue manifestement de servir sur les réseaux sociaux.
Autoproclamé « influenceur », il est accusé de vendre ses services numériques pour diffamer, intimider et menacer les opposants du pouvoir en place à Djibouti. Dans une vidéo publiée récemment (https://youtu.be/FGxyd-KwWzA?si=Fdvs0z1PEJZr7Kne&t=270), Hassan Amarevise directement Fathia Boukao avec un message explicite :
« Fathia Boukao est une personne que je connais personnellement… mais elle ne fait qu’accuser de tous les maux du monde Ismaël Omar Guelleh et Kadra Mahamoud Haid. Elle dit tout cela parce qu’elle sait que le couple Guelleh/Haid ne peut pas se défendre par les paroles, mais… ils peuvent utiliser la force contre vous. »
Cette déclaration, faite entre la 4e minute 30 et la 5e minute de la vidéo, n’a rien d’anodin. Elle suggère que les critiques de Fathia Boukao pourraient être réprimées non par des mots, mais par la violence physique ou des représailles extrajudiciaires.
3. Une menace à prendre au sérieux
Dans le contexte djiboutien, où le régime d’Ismaël Omar Guelleh est régulièrement accusé de violations graves des droits humains, ces paroles prennent un poids alarmant. Fathia Boukao, en tant que lanceuse d’alerte, représente une cible prioritaire pour ceux que ses révélations dérangent.
Les menaces évoquées par Hassan Amare s’inscrivent dans une stratégie plus large souvent utilisée contre les activistes : recours à la force brute pour faire taire. Cela peut inclure :
- La violence physique : menaces de mort, agressions, voire assassinats.
- L’intimidation numérique ou physique : surveillance, harcèlement en ligne, campagnes de diffamation.
- La destruction de preuves ou de matériel journalistique.
- La pression judiciaire ou institutionnelle, bien que moins probable dans le cas de Fathia Boukao, protégée par les lois européennes.
À travers le monde, les exemples abondent : Jamal Khashoggi, journaliste saoudien assassiné en 2018, ou encore Julian Assange, poursuivi pour ses révélations, témoignent du prix à payer pour ceux qui dénoncent des puissants.
4. Ismaël Omar Guelleh, un danger réel pour une opposante vivant en Europe ?
La question qui se pose est alors la suivante : le président djiboutien peut-il s’en prendre à une activiste vivant légalement en Europe ? La réponse, bien que nuancée, mérite d’être prise au sérieux.
En théorie, Mme Boukao bénéficie de la protection juridique du pays où elle réside (au Royaume-Uni), notamment en tant que journaliste indépendante et lanceuse d’alerte. Cependant, l’histoire contemporaine montre que même en Europe, les opposants politiques ne sont pas toujours à l’abri :
- Des services de renseignement étrangers agissent parfois sur le sol européen (affaire Skripal en Angleterre, ou encore les tentatives d’intimidation de dissidents érythréens, iraniens, ou russes).
- Les campagnes de harcèlement numérique orchestrées à distance sont monnaie courante.
- Des acteurs tiers (diaspora affiliée au régime, influenceurs, lobbyistes) peuvent servir de relais pour des campagnes d’intimidation.
Or, dans le cas de Mme Boukao, les menaces publiques proférées par Hassan Amare — un proche cousin du président Guelleh — semblent plus qu’un simple avis personnel : elles laissent entendre une stratégie coordonnée pour réduire au silence une voix dissidente, même à distance.
5. Conclusion : alerter avant qu’il ne soit trop tard
Le cas de Fathia Boukao interpelle. Il révèle les nouvelles formes de répression transnationale : à défaut de pouvoir enfermer ou censurer une activiste réfugiée à l’étranger, on tente de l’isoler, de la diffamer ou de la faire taire par la peur.
Face à cela, une seule réponse s’impose : la vigilance internationale et la solidarité des institutions démocratiques. Les autorités britanniques doivent être informées. Les ONG, les journalistes, les instances européennes et onusiennes doivent se mobiliser pour que la sécurité de Fathia Boukao soit garantie, et que toute tentative de répression extraterritoriale soit fermement condamnée.
Si quoi que ce soit arrive à Mme Boukao, les responsabilités sont déjà clairement identifiées : Hassan Amare, Ismaël Omar Guelleh et Kadra Mahamoud Haid.
Le silence ne protège pas les victimes. Il protège les bourreaux.
Hassan Cher
English translation of the article in French.
Fathia Boukao, a free voice for Djibouti, targeted by the Guelleh regime’s networks?
1. Fathia Boukao: a committed whistle-blower
Fathia Boukao is much more than just a radio host. Now living in Europe, she is a leading figure in the Djiboutian diaspora, committed to human rights and democracy. Through Radio Boukao, a non-profit Web-Radio/TV registered in France, she gives a voice to the stifled voices of Djiboutian civil society. Her media is clearly positioned as an independent, militant platform, resolutely focused on defending fundamental freedoms.
In contrast to government-controlled media, Radio Boukao broadcasts critical content, supports citizens’ initiatives and forges partnerships with NGOs and international institutions, such as the UN Human Rights Committee in Geneva. By denouncing abuses, corruption, political repression and the authoritarian excesses of Ismaël Omar Guelleh’s regime, it naturally becomes a prime target for those who fear the light.
2. Hassan Amareh: an insider turned “digital mercenary
Originally from Gerissa, in the Guban region (north of Somaliland), Hassan Amarebelongs to the Mamasan/Issa clan, the same as that of Djibouti’s President Ismaël Omar Guelleh. This direct family link, reinforced by an immigrant background in Egypt before being resettled in the Netherlands by the UN High Commissioner for Refugees, places Hassan Amarein a complex position. Officially a refugee, he nevertheless acts as an active intermediary for the regime he left, but which he clearly continues to serve on social networks.
A self-proclaimed “influencer”, he is accused of selling his digital services to defame, intimidate and threaten opponents of the Djibouti government. In a recently published video (https://youtu.be/FGxyd-KwWzA?si=Fdvs0z1PEJZr7Kne&t=270), Hassan Amare takes direct aim at Fathia Boukao with an explicit message:
“Fathia Boukao is someone I know personally… but all she does is accuse Ismaël Omar Guelleh and Kadra Mahamoud Haid of all the evils in the world. She says all this because she knows that the Guelleh/Haid couple can’t defend themselves with words, but… they can use force against you.”
This statement, made between the 4th minute 30 and the 5th minute of the video, is by no means insignificant. It suggests that Fathia Boukao’s criticism could be met not with words, but with physical violence or extrajudicial reprisals.
3. A threat to be taken seriously
In the Djiboutian context, where Ismaël Omar Guelleh’s regime is regularly accused of serious human rights violations, these words take on alarming weight. As a whistle-blower, Fathia Boukao is a priority target for those who are disturbed by her revelations.
The threats mentioned by Hassan Amare are part of a broader strategy often used against activists: using brute force to silence. This can include:
– Physical violence: death threats, assaults, even assassinations.
– Digital or physical intimidation: surveillance, online harassment, smear campaigns.
– Destruction of evidence or journalistic material.
– Judicial or institutional pressure, although less likely in the case of Fathia Boukao, who is protected by European laws.
Around the world, examples abound: Jamal Khashoggi, the Saudi journalist murdered in 2018, or Julian Assange, prosecuted for his revelations, bear witness to the price to be paid for those who denounce the powerful.
4. Ismaël Omar Guelleh a real danger to an opponent living in Europe?
The question then becomes: can the Djiboutian president attack an activist living legally in Europe? The answer, though qualified, deserves to be taken seriously.
In theory, Ms Boukao enjoys the legal protection of her country of residence (the UK), notably as an independent journalist and whistle-blower. However, contemporary history shows that even in Europe, political opponents are not always safe:
– Foreign intelligence services sometimes operate on European soil (the Skripal affair in England, or the attempts to intimidate Eritrean, Iranian or Russian dissidents).
– Digital harassment campaigns orchestrated remotely are commonplace.
– Third-party actors (diaspora affiliated to the regime, influencers, lobbyists) can act as relays for intimidation campaigns.
In Ms. Boukao’s case, however, the public threats made by Hassan Amare- a close cousin of President Guelleh – appear to be more than just a personal opinion: they suggest a coordinated strategy to silence a dissident voice, even from a distance.
5. Conclusion: sound the alarm before it’s too late
The case of Fathia Boukao is an intriguing one. It reveals the new forms of transnational repression: for want of being able to lock up or censor an activist who has taken refuge abroad, attempts are made to isolate, defame or silence her out of fear.
There is only one response to this: international vigilance and the solidarity of democratic institutions. The British authorities must be informed. NGOs, journalists, European and UN bodies must mobilize to ensure that Fathia Boukao’s safety is guaranteed, and that any attempt at extraterritorial repression is firmly condemned.
If anything happens to Ms. Boukao, those responsible have already been clearly identified: Hassan Amare, Ismaël Omar Guelleh and Kadra Mahamoud Haid.
Silence does not protect the victims. It protects the executioners.
Hassan Cher