
Djibouti : La liquidation controversée du Fonds Souverain de Djibouti, Analyse des violations des lois nationales et internationales

Le 27 avril 2025, un décret présidentiel signé par Ismaïl Omar Guelleh (Décret N° 2025-098/PRE) a mis fin au Fonds Souverain de Djibouti (FSD), institution créée à peine cinq ans plus tôt par la loi n°075/AN/20/8ème L du 29 mars 2020. Cette décision soulève de nombreuses questions quant au respect des cadres juridiques nationaux et internationaux.
A. Violations des procédures légales nationales
1. Non-respect des statuts fondateurs
La création du FSD en 2020 avait établi un cadre juridique précis, stipulant que toute modification substantielle devait suivre une procédure formelle impliquant le Conseil d’Administration et l’Assemblée Nationale. La dissolution par simple décret présidentiel contourne ces mécanismes de gouvernance.
2. Absence de consultation préalable
Le décret n°2025-098/PRE ne mentionne aucune consultation préalable avec les instances concernées, violant ainsi:
– L’article 6 de la Constitution djiboutienne sur la séparation des pouvoirs
– Les principes de bonne gouvernance énoncés dans la loi de création du FSD
3. Mise en péril des engagements financiers
En tant qu’actionnaire minoritaire de plusieurs entreprises stratégiques, dont DjibEnergy Services, cette liquidation pourrait compromettre:
– Les investissements en cours
– Les accords contractuels existants
– Les obligations financières auprès des partenaires internationaux
B. Conflits avec les normes internationales
4. Violation des Principes de Santiago
Adoptés par plus de 30 pays, ces principes établissent des standards de transparence pour les fonds souverains. La dissolution soudaine du FSD contrevient à plusieurs de ces principes :
– Transparence des opérations
– Responsabilité publique
– Communication régulière avec les parties prenantes
5. Ingérence dans les droits des travailleurs
Le transfert forcé des réserves de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale vers le FSD, désormais liquidé, porte atteinte aux:
– Conventions de l’OIT ratifiées par Djibouti
– Droits des travailleurs à une gestion prudente de leurs cotisations sociales
C. Questions de légitimité financière
6. Risque de détournement de fonds
La liquidation survient après des années de critiques concernant :
– La provenance des ressources initiales
– L’absence d’audit indépendant
– La non-publication des rapports financiers
7. Impact sur la dette publique
Avec une dette estimée à 104% du PIB selon le FMI, cette décision pourrait:
– Affecter la notation souveraine de Djibouti
– Compromettre les relations avec les institutions financières internationales
D. Incohérences constitutionnelles
8. Contournement des contrôles démocratiques
La procédure de liquidation ignore:
– Le rôle du Parlement dans la supervision des institutions financières publiques
– Les mécanismes de contrôle prévu par la Constitution de 1992
9. Concentration excessive de pouvoirs
Cette décision renforce la tendance à:
– L’hyper-présidentialisme
– La marginalisation des contre-pouvoirs
E. Conséquences économiques potentielles
10. Impact sur les investisseurs
La dissolution soudaine pourrait:
– Décourager les investisseurs étrangers
– Fragiliser le climat des affaires
– Remettre en question la stabilité économique
11. Menace pour le développement durable
La disparition d’un outil de financement intergénérationnel compromet:
– Les objectifs de Vision 2035
– Les projets d’infrastructure stratégiques
– Les initiatives d’inclusion financière
F. Faiblesses procédurales manifestes
12. Absence de justification publique
Le décret ne fournit pas:
– De motifs détaillés
– D’évaluation d’impact
– De plan de reprise des actifs
13. Opaque nomination du liquidateur
La désignation directe de Hassan Issa Sultan sans processus transparent soulève des questions sur:
– L’impartialité de la procédure
– La protection des intérêts publics
Conclusion: Un précédent inquiétant
La liquidation du FSD par décret présidentiel constitue un cas emblématique de violation des principes fondamentaux de gouvernance. Elle met en lumière:
– L’urgence d’engager une enquête pour détournement des fonds publiques et sociales à une grande échelle
– La nécessité de mécanismes de contrôle effectifs
– L’importance de respecter les engagements internationaux
Pour préserver récupérer les fonds publiques et sociales volés sous la couverture du Fonds Souverain de Djibouti, il apparaît crucial d’établir une commission de crimes économique qui doit enquêter sur ces détournements des biens publics à grande échelle.
Hassan Cher
English translation of the article in French.
Djibouti: The controversial liquidation of the Fonds Souverain de Djibouti, Analysis of violations of national and international laws
On April 27, 2025, a presidential decree signed by Ismaïl Omar Guelleh (Decree N° 2025-098/PRE) put an end to the Fonds Souverain de Djibouti (FSD), an institution created just five years earlier by law n°075/AN/20/8ème L of March 29, 2020. This decision raises numerous questions regarding compliance with national and international legal frameworks.
A. Violations of national legal procedures
1. Non-compliance with the founding statutes
The creation of the SDF in 2020 had established a precise legal framework, stipulating that any substantial modification had to follow a formal procedure involving the Board of Directors and the National Assembly. Dissolution by simple presidential decree bypasses these governance mechanisms.
2. Lack of prior consultation
Decree no. 2025-098/PRE makes no mention of any prior consultation with the bodies concerned, thus violating:
– Article 6 of the Djiboutian Constitution on the separation of powers
– The principles of good governance set out in the law establishing the SDF
3. Jeopardizing financial commitments
As a minority shareholder in several strategic companies, including DjibEnergy Services, this liquidation could jeopardize:
– Ongoing investments
– Existing contractual agreements
– Financial obligations to international partners
B. Conflicts with international standards
4. Violation of the Santiago Principles
Adopted by over 30 countries, these principles set transparency standards for sovereign wealth funds. The sudden dissolution of the SDF contravenes several of these principles:
– Transparency of operations
– Public accountability
– Regular communication with stakeholders
5. Interference with workers’ rights
The forced transfer of reserves from the Caisse Nationale de Sécurité Sociale to the now liquidated SDF violates:
– ILO Conventions ratified by Djibouti
– Workers’ rights to prudent management of their social security contributions
C. Questions of financial legitimacy
6. Risk of misappropriation of funds
The liquidation comes after years of criticism concerning :
– The source of the initial resources
– The absence of an independent audit
– The non-publication of financial reports
7. Impact on public debt
With debt estimated at 104% of GDP according to the IMF, this decision could:
– Affect Djibouti’s sovereign rating
– Compromise relations with international financial institutions
D. Constitutional inconsistencies
8. Circumvention of democratic controls
The liquidation procedure ignores:
– Parliament’s role in supervising public financial institutions
– The control mechanisms provided for in the 1992 Constitution
9. Excessive concentration of power
This decision reinforces the trend towards:
– Hyper-presidentialism
– Marginalization of checks and balances
E. Potential economic consequences
10. Impact on investors
Sudden dissolution could:
– Discourage foreign investors
– Weaken the business climate
– Challenge economic stability
11. Threat to sustainable development
The disappearance of an intergenerational financing tool compromises:
– Vision 2035 objectives
– Strategic infrastructure projects
– Financial inclusion initiatives
F. Obvious procedural weaknesses
12. Lack of public justification
The decree does not provide:
– Detailed reasons
– Impact assessment
– Asset recovery plan
13. Opaque appointment of liquidator
The direct appointment of Hassan Issa Sultan without a transparent process raises questions about:
– The impartiality of the procedure
– The protection of public interests
Conclusion: A worrying precedent
The liquidation of the SDF by presidential decree is an emblematic case of violation of the fundamental principles of governance. It highlights:
– The urgent need for an investigation into the large-scale misappropriation of public and social funds
– The need for effective control mechanisms
– The importance of respecting international commitments
To safeguard the recovery of public and social funds stolen under the cover of the Sovereign Fund of Djibouti, it seems crucial to establish an economic crimes commission to investigate these large-scale misappropriations of public assets.
Hassan Cher