Djibouti : Suspension du maire de Djibouti, Une manœuvre politique pour étouffer une Affaire internationale de permis de conduire ?

Djibouti : Suspension du maire de Djibouti, Une manœuvre politique pour étouffer une Affaire internationale de permis de conduire ?

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1. Raisons de la suspension du maire par M. Kassim Haroun Ali 

M. Kassim Haroun Ali, Ministre délégué chargé de la Décentralisation, a suspendu le maire de Djibouti, M. Said Daoud Mohamed, le 3 mars 2025, pour faute lourde compromettant les services publics, conformément à l’article 83 de la loi n°122/AN/05. Les motifs incluent : 

– Contestation unilatérale de décisions préfectorales : Le maire a envoyé un courrier (n°599/2025) à une entreprise privée pour contester une autorisation de chantier délivrée par la préfecture, qualifiant cette dernière d’« irrégulière », puis un second courrier (n°689/2025) accusant le préfet d’« abus de pouvoir ». 

– Actions coercitives illégales : Des agents municipaux ont perturbé le chantier sans base juridique, entraînant des heurts avec la police. 

– Défaut de collaboration institutionnelle : Le maire a ignoré la demande d’explications (n°22/2025) du ministère, malgré les tensions générées. 

– Violation des textes : Ces actes outrepassent ses attributions (loi n°122 et décrets de 2006 et 2021), sapent la sécurité juridique et nuisent à l’image de l’action publique. 

La suspension d’un mois vise à rétablir l’ordre administratif et le respect de la hiérarchie institutionnelle, jugés essentiels pour la stabilité et la crédibilité de l’État.

2. Défense du maire M. Said Daoud Mohamed 

Le maire se défend en invoquant : 

– La légalité de ses actions : Il affirme que la gestion du domaine public relève des compétences municipales (loi n°122/2005). Son arrêté d’interruption du chantier serait fondé sur des bases juridiques solides, contrairement à l’autorisation préfectorale qu’il juge illégale. 

– Devoir de supervision : Sa visite sur le chantier s’inscrivait dans son rôle de contrôle des activités municipales. Il rejette la responsabilité des violences sur la police, dénonçant une intervention « disproportionnée ». 

– Appel au dialogue : Il propose une relecture collective des textes avec le ministère pour clarifier les compétences et éviter les conflits futurs, soulignant son attachement à l’État de droit. 

– Dénonciation d’un parti pris : Il estime être victime d’un acharnement politique, lié à son appartenance partisane, et critique le soutien « inconditionnel » du ministère à la préfecture, au détriment de l’autonomie municipale. 

Sa réponse mêle défense juridique, appel à la collaboration et critique des motivations sous-jacentes de la suspension. 

 3. La raison cachée de la suspension du maire, M. Said Daoud Mohamed 

Le 8 février 2025, des inspecteurs de la prévôté française à Djibouti, accompagnés par des enquêteurs de la gendarmerie djiboutienne, se sont présentés à l’auto-école de monsieur Zaki. Munis d’un mandat, ils ont saisi certains dossiers d’élèves conducteurs, tous de nationalité française. Ces élèves étaient majoritairement des militaires français expatriés à Djibouti. 

Les inspecteurs de la prévôté française et les gendarmes djiboutiens n’ont pas trouvé sur place monsieur Zaki, propriétaire de l’auto-école et proche parent du maire de Djibouti, M. Said Daoud Mohamed. Ils se sont alors rendus directement à la résidence des Zaki pour perquisitionner les dossiers des élèves conducteurs français manquants. 

À la préfecture de Djibouti, l’inspecteur spécialement chargé des affaires liées aux permis de conduire a déclaré aux prévôts français et aux gendarmes : « En pratique, mes pouvoirs sont limités. Adressez-vous à mes supérieurs de la préfecture. » 

De son côté, Abdi Sikieh, préfet de Djibouti-Ville, a renvoyé la responsabilité vers la mairie de Djibouti-Ville. 

Vers le 17 février 2025, une rumeur a commencé à circuler au sein de la préfecture : « Eh ! Zaki, de l’auto-école, est le cousin du maire de Djibouti-Ville. C’est une nouvelle affaire des Arabes. C’est Abdo, employé à l’atelier froid de la caserne de l’ilot de Héron de l’armée française, qui a établi les relations entre les clients français et Zaki.  Abdo aussi est un cousin du maire. » 

Dès le 20 février 2025, la suspension du maire, M. Said Daoud Mohamed, était déjà évoquée dans les locaux du Fonds souverain de Djibouti. 

Ainsi la préfecture soupçonne que le maire de Djibouti a fait fuité cette affaire de permis de conduire auprès de ses amis français pour piéger certains responsables de la préfecture de Djibouti-ville.

Cette affaire a eu un retentissement notable auprès de l’ANTS (Agence nationale des titres sécurisés), un établissement public français placé sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, ainsi qu’auprès de la justice française. 

Il est probable que des procédures judiciaires soient engagées en France pour trafic international de permis de conduire, en lien avec ces événements. 

Conclusion

Le maire de Djibouti, M. Said Daoud Mohamed, a été suspendu pour un mois par M. Kassim Haroun Ali, ministre délégué à la Décentralisation, au motif de faute lourde (art. 83 loi n°122/AN/05). Les raisons officielles incluent : contestation unilatérale d’une autorisation préfectorale de chantier via des courriers accusant d’« irrégularité » et d’« abus de pouvoir », actions coercitives illégales d’agents municipaux ayant provoqué des heurts avec la police, et défaut de réponse à une demande d’explications ministérielle. Ces actes violent les textes régissant les compétences municipales et nuisent à l’image publique. 

Le maire se défend en invoquant la légalité de ses décisions (gestion du domaine public municipal), dénonce une intervention policière « disproportionnée », propose un dialogue pour clarifier les textes, et dénonce un acharnement politique lié à son appartenance partisane. 

Une raison sous-jacente émerge : une enquête franco-djiboutienne du 8 février 2025 sur une auto-école détenue par Zaki, cousin du maire, soupçonnée de facilitation de livraison de permis de conduire au profit de militaires français. Cette affaire, relayée par l’ANTS et la justice française, pourrait expliquer la suspension anticipée du maire, déjà évoquée le 20 février dans les cercles institutionnels djiboutiens. 

Hassan Cher

English translation of the article in French.

Djibouti: Suspension of the mayor of Djibouti, A political maneuver to hush up an international driving license affair?

1. Reasons for the suspension of the mayor by Mr. Kassim Haroun Ali 

Mr. Kassim Haroun Ali, Minister Delegate in charge of Decentralization, suspended the Mayor of Djibouti, Mr. Said Daoud Mohamed, on March 3, 2025, for gross misconduct compromising public services, in accordance with article 83 of law n°122/AN/05. Grounds include: 

– Unilateral contestation of prefectural decisions: the mayor sent a letter (n°599/2025) to a private company contesting a worksite authorization issued by the prefecture, describing it as “irregular”, followed by a second letter (n°689/2025) accusing the prefect of “abuse of power”. 

– Illegal coercive actions: Municipal agents disrupted the worksite without any legal basis, leading to clashes with the police. 

– Lack of institutional collaboration: The mayor ignored the Ministry’s request for explanations (n°22/2025), despite the tensions generated. 

– Violation of regulations: These acts exceed his powers (law n°122 and decrees of 2006 and 2021), undermine legal certainty and damage the image of public action. 

The one-month suspension is intended to re-establish administrative order and respect for the institutional hierarchy, deemed essential for the stability and credibility of the State.

2. Defense of Mayor Said Daoud Mohamed 

The mayor defends himself by invoking : 

– The legality of his actions: He asserts that management of the public domain is a municipal responsibility (law n°122/2005). His order to halt construction is based on solid legal grounds, unlike the prefectoral authorization, which he considers illegal. 

– Duty to supervise: His visit to the site was part of his role to monitor municipal activities. He blames the police for the violence, denouncing a “disproportionate” intervention. 

– Call for dialogue: He proposed a collective re-reading of the texts with the Ministry to clarify competences and avoid future conflicts, underlining his attachment to the rule of law. 

– Denunciation of bias: He believes he is the victim of political persecution, linked to his party affiliation, and criticizes the Ministry’s “unconditional” support for the prefecture, to the detriment of municipal autonomy. 

His response combines a legal defense, a call for collaboration and criticism of the underlying reasons for the suspension.

3. The hidden reason for the suspension of Mayor Said Daoud Mohamed 

On February 8, 2025, inspectors from the French Prévôté in Djibouti, accompanied by investigators from the Djiboutian Gendarmerie, visited Mr. Zaki’s driving school. Armed with a warrant, they seized the files of a number of student drivers, all of French nationality. The majority of these students were French military expatriates in Djibouti. 

The French provost inspectors and Djiboutian gendarmes were unable to find Mr Zaki, the owner of the driving school and a close relative of the mayor of Djibouti, Mr Said Daoud Mohamed. So they went straight to the Zaki residence to search the files of the missing French student drivers. 

At the Djibouti prefecture, the inspector specifically in charge of matters relating to driving licenses told the French provost marshals and gendarmes: “In practice, my powers are limited. Please contact my superiors at the prefecture. 

For his part, Abdi Sikieh, Prefect of Djibouti-Ville, passed the buck to the Djibouti-Ville Town Hall. 

Around February 17, 2025, a rumor began to circulate in the prefecture: “Hey, Zaki from the driving school is the cousin of the mayor of Djibouti-Ville. It’s a new Arab affair. It was Abdo, an employee at the cold workshop of the French army’s Heron Island barracks, who established relations between the French clients and Zaki.  Abdo is also a cousin of the mayor’s.” 

As early as February 20, 2025, the suspension of the mayor, Mr. Said Daoud Mohamed, was already being discussed on the premises of the Sovereign Wealth Fund of Djibouti. 

The prefecture thus suspects that the mayor of Djibouti leaked this driving license affair to his French friends in order to entrap certain officials of the Djibouti-ville prefecture.

This affair has had a considerable impact on the ANTS (Agence nationale des titres sécurisés), a French public body under the authority of the Ministry of the Interior, as well as on the French justice system. 

It is likely that legal proceedings will be initiated in France for international trafficking in driving licenses, in connection with these events. 

Conclusion

The Mayor of Djibouti, Mr. Said Daoud Mohamed, has been suspended for one month by Mr. Kassim Haroun Ali, Minister Delegate for Decentralization, on grounds of gross misconduct (art. 83 loi n°122/AN/05). Official reasons include: unilateral contestation of a prefectoral worksite authorization via letters accusing of “irregularity” and “abuse of power”, illegal coercive actions by municipal agents leading to clashes with the police, and failure to respond to a ministerial request for explanations. These actions violate texts governing municipal powers and damage the public image. 

The mayor defends himself by invoking the legality of his decisions (management of the municipal public domain), denouncing a “disproportionate” police intervention, proposing a dialogue to clarify the texts, and denouncing a political attack linked to his party affiliation. 

An underlying reason emerges: a Franco-Djiboutian investigation on February 8, 2025 into a driving school owned by Zaki, the mayor’s cousin, suspected of facilitating the delivery of driving licenses to French military personnel. This affair, relayed by ANTS and the French justice system, could explain the mayor’s early suspension, already mentioned on February 20 in Djiboutian institutional circles. 

Hassan Cher

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Authored by: Hassan Cher Hared

Hassan Cher Hared