Djibouti: les fils du juge Borrel dénoncent des pressions

Ad

Alhoumelkani-BorrelLes fils du juge français Borrel, retrouvé mort à Djibouti il y a près de 20 ans, ont demandé samedi aux plus hautes autorités françaises d’intervenir « sans délai » pour empêcher l’extradition vers ce pays d’un témoin-clé dans cette affaire, qui selon sa famille établie en Belgique y risquerait la mort.

Mohamed Saleh Alhoumekani avait mis en cause, dans la mort en 1995 du magistrat Bernard Borrel, l’actuel président djiboutien Ismaël Omar Guelleh et son entourage.

Possédant les nationalités belge et yéménite, il a été interpellé au Yémen le 24 août, à son arrivée à l’aéroport de Sanaa, selon les avocats de sa famille en Belgique.

Les autorités yéménites, citées mardi par le ministre belge des Affaires étrangères, ont assuré qu’il ne risquait toutefois pas d’être extradé vers Djibouti, le Yémen n’extradant pas ses nationaux.

Mais selon ses avocats belges, les choses se sont précipitées ces derniers jours. Ayant bénéficié jeudi d’une ordonnance de libération immédiate, il a « été de nouveau arrêté par des agents d’Interpol, à la demande de Djibouti, à sa sortie de l’audience », a expliqué samedi soir dans un communiqué l’un des avocats belges de sa famille, Me Mischaël Modrikamen.

« Ce soir (samedi), il a été transféré vers un lieu inconnu, sans doute un centre de détention des services secrets yéménites », ajoute l’avocat. Et ce simple témoin a été accusé dans un journal yéménite d’être lui-même impliqué dans l’assassinat du juge, ce qui justifierait son extradition vers Djibouti pour y être jugé, d’autant plus que sa nationalité yéménite au moment des faits a été remise en cause, ajoute Me Modrikamen.

A Paris, Louis-Alexandre et François-Xavier Borrel, fils du juge, ont demandé samedi à François Hollande et à ses ministres de la Justice et des Affaires étrangères « d’agir sans délai pour que cessent les menaces et les pressions qu’exerce le gouvernement de Djibouti pour obtenir, contre toutes les règles du droit international, son extradition ».

« Ils savent, par l’expérience tirée de l’instruction, que les autorités djiboutiennes n’ont jamais cessé de tenter d’intimider, d’influencer ou de faire taire les témoins les mettant en cause dans la mort de leur père, et ce qui se passe en ce moment en est une nouvelle – et peut-être dernière – illustration », ajoutent-ils.

A Bruxelles, la famille de M. Alhoumekani dit « craindre légitimement » pour sa vie et réclame aux autorités françaises « d’assurer la protection d’un témoin clé dans l’assassinat d’un de leurs magistrats ».

Elle demande aussi la « protection diplomatique immédiate » de la Belgique à l’un de ses ressortissants. Une telle protection a été jugée impossible par les Affaires étrangères belges, M. Alhoumekani étant détenu dans un pays dont il a la nationalité.

Me Modrikamen exhorte néanmoins le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, à se « saisir personnellement et encore ce soir de ce dossier ».

De son côté, l’Association pour le respect des droits de l’Homme à Djibouti (ARDHD) a estimé dans un communiqué que « la pression et la manipulation s’intensifient vers le gouvernement du Yémen pour qu’il extrade vers Djibouti » Mohamed Saleh Alhoumekani. Il pourrait être jugé extradable dans le week-end, « entraînant de fait le risque de clôture de l’instruction en cours en France », affirme l’ARDHD.

Magistrat français détaché à Djibouti, Bernard Borrel avait été retrouvé mort le 19 octobre 1995, en contrebas d’un ravin, à 80 km de Djibouti. Son corps était en partie carbonisé. Les enquêteurs djiboutiens et français avaient privilégié dans un premier temps la thèse du suicide. Mais en se basant sur de nouvelles expertises et témoignages, l’enquête française privilégie désormais celle d’un assassinat.

AFP

Ad
Authored by: Hassan Cher Hared

Hassan Cher Hared

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.