Djibouti : Quand l’honnêteté devient un délit….

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Sauvons L'éducation Nationale - DjiboutiC’est une histoire qui dépasse l’entendement mais pourtant vraie, qui ne peut avoir pour cadre que dans un pays où la loi est bafouée au quotidien et où la justice a définitivement cédé la place à l’impunité. Par un simple coup de fil un ministre peut vous priver de tout sans aucune décision judiciaire. Cela est arrivé à l’ancien directeur du CRIPEN M. Mohamed Moussa Yabeh qui a vu du jour au lendemain ses droits les plus élémentaires bafoués sans la moindre justification. Après avoir constaté le degré de la corruption et de la mauvaise gestion en vigueur au ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle, il prit la ferme décision de ne pas cautionner ces malversations en s’opposant d’une part aux différents achats injustifiés de matériels dans le département où il avait la charge et en refusant d’autre part de distribuer les recettes du département selon le bon vouloir du Ministre.

A cette attitude responsable du gestionnaire consciencieux, le Ministre opposa une animosité inexplicable qui focalisa toute son énergie sur M. Yabeh. Dès lors, dans toutes les réunions des cadres du Ministère, ce dernier incarnait à tort le trouble-fête. C’est vrai que son franc-parler n’arrangeait pas les choses dans ce monde de béni-oui-oui. Chaque prise de parole de l’ancien directeur du CRIPEN était vécue comme un affront et une humiliation à tort par le Ministre. Comment expliquer alors la folie haineuse qui s’est emparée du beau-fils du Président de la république ? Après tout, celui-ci n’était pas obligé de tenir compte des propositions de ses subalternes. Mais le mal était plus profond. Dans cet océan d’hypocrisie et des « M’as-tu vu », M. Mohamed Moussa Yabeh incarnait la caution morale qui empêchait le ministre de dormir….Il fallait donc à tout prix salir ce « électron libre », le dompter. Mais la tâche ne fut pas aisée. Face aux manigances répétées du Ministre, M. Mohamed Moussa Yabeh prit une décision courageuse et sans précédente qui fit trembler tout le régime : il déposa sa démission du poste du Directeur du CRIPEN…préférant retrouver son modeste poste de professeur de lettres au lycée, étant même prêt à enseigner au fin fond du pays, une éventualité presque certaine sachant que cela est devenu le jeu favori de notre Ministre surtout à l’encontre de tous ceux qui sont soupçonnés de « déviance » du point de vue politique où qui refusent de prêter allégeance à « Maman et Papa », comprenez le dictateur et sa femme…
Mais les mesures prises à l’encontre du jeune directeur démissionnaire dépassèrent toutes les attentes. A l’incompréhension succéda la cruauté. Il fut tout d’abord interdit d’accéder à l’enceinte du Ministère puis ne reçut aucune autre affectation avant d’avoir la désagréable surprise que son salaire fut suspendu dans la foulée sans qu’aucune reproche ne lui soit faite. Des sanctions aussi arbitraires qu’injustifiées qui sonnèrent le glas de ce qui restait encore des grands principes de l’Etat de droit. Et les déboires ne s’arrêtent malheureusement pas là pour le directeur démissionnaire. La police politique fut lancée à ses trousses comme un vulgaire terroriste alors qu’il n’a commis aucun crime. D’aucuns disaient qu’il était même en résidence surveillée commanditée par le jeune ministre sans aucun mandat judiciaire. Beau-fils du président, le ministre de l’éducation nationale et de la formation professionnelle se permet de tout. Les forces de sécurité comme la gendarmerie et la police du pays sont à ses ordres. Il les lance sur qui il veut sans aucune autorisation de la justice qui est de toute façon aux ordres du dictateur et les siens.

Aux dernières nouvelles et selon des sources proches du ministre en question, celui-ci s’activait à monter un dossier accablant contre le jeune directeur démissionnaire pour détournement de deniers publics au moment où ce dernier prenait le chemin de l’exil. Des allégations qui prêteraient à sourire. En tout cas, on peut dire que M. Mohamed Moussa Yabeh l’a échappé belle. On peut dire que tout était fin prêt pour intenter un simulacre de procès contre celui qui ferait gagner Djibouti de quelques places dans le classement mondial « Transparency International » sur la bonne gouvernance. L’arrestation de plusieurs officiers qui n’ont pas su enfreindre la loi au moment où le valeureux commis de l’Etat s’apprêtait à quitter le pays abonde dans ce sens ….
Ainsi va Djibouti !

Par Obsieh Gadid


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Authored by: Hassan Cher Hared

Hassan Cher Hared

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