Djibouti : Négociations entre raison et tribalisme, il faut choisir

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Nous  vivons la fin d’un cycle à Djibouti.

Une nouvelle ère s’ouvre à nous. Elle sera ce que nous voudrions qu’elle soit.

Je commencerai cet article en rendant un vibrant hommage aux femmes et aux hommes de l’USN à Djibouti. Sans leur unité, leur courage, leur bravoure face à la brutalité du régime (meurtres, arrestations et emprisonnements arbitraires, harcèlements…) sans leur détermination ce régime n’aurait rien cédé.

Les négociations reprennent donc. Une victoire en soit, mais pas une fin.
L’Histoire peut bégayer, et nous avons tous en tête les «Accords d’Ab’aa.», et de ses conséquences désastreuses.
Nul doute que les caciques du régime useront de milles stratagèmes pour bloquer toute avancée. Il en va de leur survie. Il n’y a qu’à voir leurs puériles gesticulations pour briser l’unité de l’USN.
Leur mot d’ordre : Haro sur Ismail Guedi.

Par différents journaux interposés, tel LOI, certainement bien rétribués, une orchestration est mise en place pour jeter l’opprobre sur ce dirigeant de l’USN.
Une rencontre secrète nous dit-on aurait eu lieu entre Monsieur Ismail Guédi et Guelleh, deux amis que le temps aurait séparé, deux amis qui auraient signé un traité en faveur de l’UDJ de Monsieur Ismail Guédi. Et pour sceller ces retrouvailles qui sonnent le glas de l’USN, une photo a été publiée pour immortaliser l’instant.

La réalité est autre bien sûr.

La rencontre a bien eu lieu, mais tous les membres de l’USN le savaient, et le secrétaire générale de l’USN a fait un communiqué clair et précis de cette rencontre.

N’était-ce pas d’ailleurs ce que nous appelions tous de nos vœux? La reprise du dialogue?

Et  c’est surtout une victoire. Rendez-vous compte que le dictateur en personne, reconnaissant son impuissance et celle de son équipe, est venu chercher la solution chez un de ses ennemis les plus farouches. La détermination de l’USN a donc été payante.
Et la photo de la rencontre entre les deux hommes? Œuvre d’un régime aux abois qui tente désespérément de semer la zizanie et la discorde au sein de l’USN.
Combien de temps encore les membres zélés du régime continueront de croire que de telles manœuvres stupides et infantilisantes feront mouche?
Sérieusement, pensez-vous une seule seconde qu’une photo prise lors d’un mariage jetterait le discrédit sur Monsieur Ismail Guédi?
Cette photo vaut ce qu’elle vaut, une simple photo prise lors d’un mariage. Un point c’est tout. Et sa publication ne ferait pas de Monsieur Ismail Guédi le traître que vous voulez qu’il soit.

Non, Monsieur Ismail Guédi n’est pas Judas, comme l’a si bien écrit l’ami Alexi, on doit au contraire le féliciter d’avoir pris sur soi et aller saluer son ennemi afin de rendre possible le dialogue. Et nous devons lui renouveler notre confiance, à lui et autres membres de l’USN pour conduire ces futures négociations.
Un peu moins d’opacité, un peu plus de transparence ne pourrait que renforcer cette confiance que la diaspora accorde à l’USN.

Une nouvelle ère se profile donc. A nous de décider de notre avenir commun.

Chaque Djiboutien doit se sentir concerné.

Quenos intellectuels s’emparent du débat et fassent des propositions est souhaitable et nécessaire. Et même si les points de vue divergent, c’est juste la démonstration de la vitalité, de la liberté d’esprit et du foisonnement d’idées au sein de notre famille USN, à Djibouti comme à l’extérieur.
Et le travail est ardu, nous avons une nation à reconstruire, nous avons un pays à reconstruire.

Que certains veuillent cloisonner la réflexion sous la seule lorgnette ethnique ou tribale est affligeant. Cela dénote une paresse intellectuelle au mieux, ou plus grave encore, le retour des vieux démons du tribalisme qui ont conduit le pays dans le chaos actuel.

Je refuse que ce débat soit restreint à un conflit Afar-Issa!

Dès1977, une mécanique froide a été mise en place pour étouffer la naissance d’une Nation. La dictature a atomisé notre société.

Bien sûr que mes compatriotes Afars ont été marginalisés de façon criminelle, bien sûr, ils ont été délibérément écartés de la sphère du pouvoir par la dictature clanique qui nous gouverne, qui pourrait le nier?
Et en tant que Djiboutien, en tant qu’être humain, je refuse, je refuserai cet état de fait.
Car chaque fois que l’on massacre des Afars, je suis touché.

Parce ce que je suis aussi Afar, qu’on le veuille ou non.

Chaque fois que l’on chasse toute une famille Arabe, dans un silence assourdissant et complice, dans un pays étranger pour punir un seul membre, je suis touché.
Parce ce que je suis aussi Arabe, qu’on le veuille ou non.
Chaque fois que l’on torture un Gadaboursi pour un attentat qu’il n’a pas commis, je suis touché.

Parce ce que je suis aussi Gadaboursi, qu’on le veuille ou non.

Chaque fois que l’on tue, que l’on emprisonne un Issa parce qu’il a eu le courage de rejeter la facilité tribale proposée, je suis touché.

Parce ce que je suis aussi Issa, qu’on le veuille ou non.
Chaque fois que l’on broie délibérément, jusqu’à la folie, un Issack qui refuse de se soumettre à la famille régnante, chaque fois qu’on lui refuse le statut de victime lui aussi de ce système, je suis touché.

Parce ce que je suis aussi Issack, qu’on le veuille ou non.
Je suis touché parce que je suis Djiboutien, tout simplement. Pas plus qu’un autre, pas moins qu’un autre.

La recherche d’une hiérarchisation de la souffrance ne nous conduira nulle part.
Une nouvelle ère s’offre à nous. Que voulons-nous réellement? Que faire ensemble?

 

Je suis convaincu que la solution ne sera ni Afar ni Issa.

Elle sera autre, elle sera Djiboutienne.

 

Nidal Mahmoud

Comité de Soutien USN Nantes.


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Authored by: Hassan Cher Hared

Hassan Cher Hared

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