Djibouti : Shocking ! Obama déroule le tapis rouge au « Noriega » de l’Afrique orientale, le narco-dictateur Guelleh
Dans un passé récent, les États-Unis ont soutenu le narcotrafiquant Noriega ou le dictateur Mobutu, ces compromissions ne sont pas dignes d’une grande démocratie. Ces mots plein de bon sens dignes de la rhétorique de Noam Chomsky, le célèbre linguiste engagé très critique de l’impérialisme américain, émanent d’un jeune candidat à la magistrature suprême américaine de 2008, un certain Barack Obama. Ces propos criants de vérité sont extraits de son livre « l’Audace d’espérer, une nouvelle conception de la politique américaine », un livre où il expose sa vision de l’avenir et la politique qu’il compte mettre en œuvre s’il accède à la Maison Blanche. Un livre politique dense et très intéressant à plus d’un titre. Seul bémol, comme la plupart des livres écrits par les politiciens américains c’est un peu américano-centré. Toutefois, Barack Obama consacre dans son livre une place non négligeable à l’international, notamment l’Afrique dans ce qu’il appelle « le monde au-delà de nos frontières ». Dans ce livre, le candidat Obama fustige les potentats africains qui ont transformé leurs pays en sinistres satrapies et promet « d’exercer des pressions économiques et diplomatiques sur ceux qui violent constamment les droits de leurs propres peuples », aussi de ne jamais s’acoquiner avec un régime dictatorial, fût-il celui du pays d’origine de son père.
Sept ans après avoir formulé ces belles promesses, le président Obama invite à la Maison Blanche, le 5 mai prochain, un personnage à la fois narcotrafiquant et dictateur, le despote Guelleh qui malmène le peuple djiboutien depuis un quart de siècle.
Shocking ! L’Amérique reçoit un « baron de la drogue » déguisé en chef d’état, C’est à y perdre son latin comme dirait l’autre !
Oui, celui qui s’apprête à arpenter, ce lundi, la Pennsylvania Avenue avant de traîner son corps bedonnant dans le Bureau Ovale est un narco-dictateur notoire. Dictateur, il l’est et c’est d’ailleurs une lapalissade de dire qu’Ismail Omar Guelleh (IOG) est un dictateur. En revanche, peu des gens sont au fait qu’il est un narcotrafiquant. Si le Panama avait son Noriega, Djibouti a la malchance de croupir sous la dictature d’IOG qui a transformé ce beau pays en une « nouvelle plaque tournante » de l’héroïne en provenance de l’Afghanistan.
Avant de mettre à nu la toxicité de l’hôte encombrant d’Obama, il est nécessaire de rappeler, dans un souci de compréhension, que le personnage en question contrôle tout dans ce petit territoire. Il est le premier flic, le seul argentier, assureur, importateur, commerçant, … et ce depuis que son oncle Gouled l’a bombardé, au lendemain de l’indépendance en 1977, chef de sécurité de la République. Ce fils du népotisme pour reprendre l’expression de Marwo Warsamo Adoyta, auteur du livre « A Djibouti, une dictature amie », est et a toujours été un autocrate sans foi ni loi. Autre son de cloche, une note d’Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE, le dépeignait déjà en 1991 comme un être « totalement corrompu, affairiste, ambitieux, sans aucun scrupule moral ou humain. Ses brutalités, son comportement scandaleux et sa richesse ostentatoire le rendent particulièrement impopulaire ».
Cela étant précisé, il est temps de montrer le vrai visage de celui que le président américain va recevoir à la Maison Blanche, un « Noriega » de l’Afrique orientale.
Pour corroborer ce propos, il convient de s’appuyer sur des sources que l’on ne peut contester, puisque crédibles et sérieuses (sources non exhaustives) :
– L’observatoire géopolitique des drogues (OGD) a mené pendant cinq ans des enquêtes approfondies dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. Il ressort de cette enquête que la Corne de l’Afrique détient le quasi monopole du trafic et du transit de l’héroïne en provenance d’Asie du Sud-ouest et du Sud-est, et que le port de Djibouti étant le principal point de transit de cette drogue destinée exclusivement au marché très lucratif européen et états-unien.
– Selon les données du rapport 2013 de l’organe international de contrôle des stupéfiants (OICI) et de la Drug Enforcement Administration (DEA), Djibouti fait partie des pays privilégiés par les cartels de la drogue, particulièrement la mafia italienne. Le pays est désormais classé dans la catégorie de « plaque tournante de la drogue », aux côtés de la Guinée Bissau et de la Gambie.
– Interrogé dans le cadre de l’affaire dite « Borrel », du nom d’un juge français assassiné en 1995 à Djibouti, un ancien colonel de service des renseignements de la DPSD (direction de la protection et de la sécurité de la défense), un certain Daniel Tonnot, qui a été en poste à Djibouti dans les années 90, affirme que : « Djibouti est la plaque tournante de nombreux trafics, armes, drogue, uranium,… ». D’après Bernard Nicolas, un journaliste et réalisateur du documentaire « l’assassinat du juge Borrel » diffusé sur la célèbre chaîne cryptée Canal+, le juge Borrel aurait découvert « un important trafic d’uranium » à Djibouti. Ce Daniel Tonnot n’est pas le seul à pointer du doigt Djibouti. Un autre militaire de la même DPSD confirme non seulement les propos de son collègue mais aussi incrimine directement le « parrain de Djibouti » : «Ismaël Omar Guelleh était mêlé à toutes les grandes affaires, attentat du café de Paris en 1990, trafics d’armes, de drogue, d’argent… ». Ces propos ont été rapportés par Bruno Mercier dans son livre « La mafia française, ses méthodes et ses réseaux », lui aussi ancien militaire (24 ans dans l’armée française) qui a notamment servi dans les forces françaises stationnées à Djibouti. Il raconte son passage dans notre pays en ces termes: « muté deux ans à Djibouti, j’ai vécu la soirée de l’attentat du café de Paris où le petit garçon de l’adjudant-chef Hervé a été tué par des éclats de grenades ».
– Dans un article, publié sur le site officiel du centre national de ressources et d’information sur l’intelligence économique et stratégique, un organisme qui se présente comme « le reflet de la dynamique du secteur de l’Intelligence Économique en France », portant le titre sans équivoque « le business de la drogue en Afrique » et signé par le patron de « Knowdys intelligence économique » (leader de l’intelligence économique sur le marché africain), l’on apprend que le port de Djibouti constitue un lieu de « transit pour les grandes expéditions d’héroïne afghane » à destination de l’Europe, de la péninsule arabique et de l’Amérique.
– Un autre article fort instructif intitulé « poudre blanche et continent noir », publié dans la revue Multitudes (une revue française trimestrielle), nous révèle que le port de Djibouti est plus en plus utilisé comme « point de transit par les réseaux de trafic de l’héroïne en provenance de l’Afghanistan et de la Birmanie (les deux plus grands exportateurs d’héroïne du monde) ».
– Le narco-dictateur Guelleh ne se contente pas de l’héroïne, il est également impliqué dans le trafic de cannabis. Selon le site « Sensi Seeds », la résine de cannabis qui vient d’Asie du Sud-ouest, essentiellement du Pakistan et de l’Inde, transite par Djibouti. Elle est destinée au marché européen. Le site a mis en ligne un article fort explicite sur « le cannabis à Djibouti » contenant des révélations explosives : « Après l’indépendance de Djibouti en 1977, les membres de la mafia corse ont infiltré les couches dirigeantes du gouvernement djiboutien et ont établi un ‘état mafieux’ où prévalaient le blanchiment d’argent et le trafic d’armes, de drogues et d’êtres humains », peut-on y lire.
– Outre le réseau corse, le despote Guelleh traite également avec les puissantes mafias italiennes qui sont très actives dans le trafic et le commerce de l’héroïne. Déjà dans les années 80, le nom de Djibouti a été mentionné à deux reprises dans des histoires de trafic d’héroïne : une première fois dans l’affaire dite de « pizza connexion », du nom d’une filière d’exportation d’héroïne en Amérique et une seconde lors l’opération conjointe italo-américaine contre le trafic transatlantique de l’héroïne, baptisée « Iron Power », qui a permis, fin 1988, le démantèlement de la branche américaine de la mafia sicilienne. Dans les deux cas, notre pays a été pointé du doigt pour son rôle d’aire de transit de la dite drogue.
– Le grenouillage du narco-dictateur Guelleh avec la mafia italienne a été confirmé par un repenti, un ancien membre de la puissante mafia italienne « la ‘Ndrangheta », un certain Francesco Fonti qui a fait des confessions aux autorités de son pays. Cette fois-ci, il s’agit d’un autre trafic, celui des déchets toxiques enfuits en Somalie voisine. « Je me suis rendu personnellement en Somalie en 1993 pour superviser un chargement de déchets toxiques », a précisé l’ancien membre de la ’Ndrangheta à la police transalpine. Selon les confessions de ce repenti, dans ce trafic de la honte seraient impliqués un certain milieu politico-militaire italien de mèche avec la mafia, des desperados somaliens proches de l’ex apprenti chef de guerre Ali Mahdi et une officine de la sûreté djiboutienne. L’officine en question est sans doute un des nombreux corps mafieux à la solde du sanguinaire IOG. Une journaliste italienne, Ilaria Alpi, qui enquêtait en 1994 sur le trafic de déchets toxiques a été tuée ainsi que son caméraman à Mogadiscio, la capitale somalienne.
– Last but not least, selon un document Wikileaks, l’ex dictateur yéménite Ali Abdallah Saleh se plaint devant le général Petraeus, directeur de la CIA en 2011/2012, du trafic d’armes et de drogue en provenance de Djibouti. Il est vrai que le « Noriega » de l’Afrique orientale s’occupe personnellement du marché très lucratif de la péninsule arabique.
A l’aune de ces révélations sourcées, nul doute que le despote à la tête de la petite république de Djibouti soit un narcotrafiquant avéré. Ismail Omar Guelleh est bien un narco-dictateur qui a transformé ce bout de terre habité par des braves en une plaque tournante de tous sortes de trafic, en un « narco-état ». En 1999, il promettait de transformer Djibouti en « un hub économique international ». Pari presque réussi, le pays est effectivement devenu un « hub », celui du trafic de drogue. Une aire de stockage de l’héroïne afghane et un point de transit du trafic international de drogue. Djibouti, une « gangsterocratie » (« thugocracy ») dirigée par le « tropical gangster » Guelleh.
Le président Obama qui s’apprête à dérouler le tapis rouge au narco-dictateur Guelleh n’a-t-il pas eu encore vent de la toxicité du personnage ? La nature dictatoriale de son pouvoir, sans doute. Il a dû prendre connaissance, au moins une fois, du rapport annuel du département d’état qui condamne, année après année, les violations des libertés fondamentales et des droits élémentaires du régime liberticide de Guelleh. Ou celui de l’organisation Freedom House, fondée par Eleonor Roosevelt (l’épouse du président Roosevelt, très apprécié par Obama), qui l’a rangé dans la catégorie des « pires violeurs des droits de l’homme et libertés politiques ». Son implication dans des trafics douteux, probablement. Normal pour une nation réputée pour ses « grandes oreilles », le contraire serait étonnant.
En recevant ce despote sans foi ni loi, le N°1 américain foule au pied non seulement les valeurs inscrites dans la déclaration d’indépendance et la constitution américaines, pourtant constamment proclamées dans l’arène internationale, mais surtout envoie un mauvais signal aux autres dictatures d’Afrique. L’homme du discours d’Accra et de la célèbre formule « L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, elle a besoin d’institutions fortes » qui fait les yeux doux à l’un des pires régimes de l’Afrique, cela dépasse l’entendement.
Où sont passées les promesses du discours d’Accra ? Sont-elles jetées aux orties ? A défaut d’appliquer ce discours, Obama devrait commencer par ne pas apporter de caution diplomatique à ce narco-dictateur. A moins que l’Amérique ne projette de transformer ce bout de terre en un « protectorat américain » sous la garde du « tropical gangster » Guelleh.
En guise de conclusion, nous conseillons à Monsieur Obama de méditer sur cette citation de Montesquieu : « Si je savais quelque chose qui fût utile à ma patrie et qui fût préjudiciable au genre humain, je la regarderais comme un crime ».
HCH
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