Djibouti : LA NEGLIGENCE DE l’ELECTORAT ET L’ETERNELLE POLITIQUE DU VENTRE DE NOS DIRIGEANTES/DIRIGEANTS

Ad

IOG - achete l'USNChaque dromadaire a la démarche de celui qui le précède, dixit proverbe somali. Je crois qu’il y a aussi le même proverbe dans les autres groupes formant la population djiboutienne.

Est-ce une loi inévitable des coalitions de l’opposition politique en République de Djibouti ? Est-ce que la lutte pour une conviction politique a toujours une limite ? Laquelle? Ce sont des questions que l’on peut se poser depuis quand l’Union pour la Majorité Présidentielle (UMP) et l’Union du Salut National se sont mis d’accord pour apaiser les tensions politiques depuis le mois de février 2013, il y a 2 ans de cela. Faut-il rappeler que les membres de la nouvelle opposition djiboutienne ont crié très fort leur victoire électorale après les élections du 22 février ? Une grande partie de l’opinion nationale et de la diaspora djiboutienne ont adhéré à son discours et l’ont soutenue. Faut-il rappeler aussi que des opposants ont été arrêtés violemment et incarcérés dans la sinistre prison de Gabode ? Certains sont morts, on ne peut les oublier.

S’il faut reconnaître le sens de la responsabilité des membres de l’USN, qui en maintenant leur position jusqu’en décembre 2014 par la sagesse de négocier avec une coalition, qui s’est auto-attribuée une victoire ; cependant il y a des attitudes que le commun des mortels ne comprend pas. Dans la rue, on dira, c’est la politique. Mais il ne faut pas confondre le désintérêt de la majorité silencieuse à la vie politique du pays et l’irresponsabilité de certains membres de la coalition de l’opposition. En fait, c’est tout son discours durant 2 ans qui devient une stratégie bien rodée, mieux ce serait un mensonge bien gardé. Par cette attitude l’USN suit le chemin des coalitions de l’opposition, qui l’ont précédée comme le Front Uni de l’Opposition des années 1990 et l’Union pour l’Alternance Démocratique (UAD). Il ne faut pas oublier la répression du régime autoritaire. Mais l’autoritarisme ne justifie pas la tendance à être amadouer par les sirènes d’un pouvoir aux abois, mêmes s’il contrôle le système sécuritaire. Ces unions ont beaucoup gesticulé et à l’heure de vérité se sont désunies.

Peut-on dire que, pour l’USN, la désunion avait commencé il y a un an, quand le feu Aden Robleh Awaleh a décidé d’occuper son siège à l’Assemblée Nationale. Cet indépendantiste avait participé à une coalition du parti gouvernant, le RPP ; à l’approche des élections législatives de février 2013 il s’est allié avec des partis éternellement dans l’opposition et de nouveaux mouvements, qui ont surgi depuis quelques années.

A mon avis le changement incompréhensible de l’attitude de certains responsables de l’USN s’est noté par le silence maintenu quand la commission bipartite formée en décembre dernier a reporté à plusieurs reprises la date de publication des résultats des négociations sur la commission électorale nationale indépendante, l’adoption d’un statut et d’un code des partis politiques. Même s’il ne faut pas se précipiter dans la conclusion des débats de cette commission, les reports constituent un signe de prise d’une culture de travail politique, celle d’un parti unique, qui n’est pas responsable devant le peuple. Je n’ai jamais vu une note critique de ces reports dans les sites des partis politiques – des sites que les partis devaient améliorer pour mieux communiquer au moins avec la diaspora avec une autre politique de communication. L’explication donnée à ces report par un membre de l’USN par «l’emprise du travail parlementaire» – comme s’il fallait bouger des montagnes – est très légère.

L’autre incompréhension, c’est le résultat du vote pour élire le président de l’Assemblée Nationale le 28 février dernier, qui opposait pour la première fois dans cette assemblée deux candidats, le président par intérim et un député de l’opposition, le maître Zakaria. Le résultat est sans surprise, le candidat de l’UMP l’a emporté avec 62 contre 2 pour son concurrent. Vu le nombre de députées/députés de l’UNS on ne pouvait pas s’attendre à une victoire surprise de l’USN au perchoir de cette assemblée. La coalition de l’UMP a non seulement démontré l’unité de sa troupe, mais son candidat a bénéficié de l’appui de certains députés de l’opposition. Des députés égarés, qui ont peut-être confondu les bulletins tellement ils étaient impressionnés par le lieu – la salle moderne du parlement (merci l’Iran, qui a financé sa construction) – ou des brebis galeuses. La surprise, le fait que sur 8 députés de l’USN 6 ont donné leurs voix au nouveau président de l’Assemblée Nationale, Mohamed Ali Houmed (Félicitation).

Pourquoi cette désunion ? Est-ce la confirmation des luttes intestines au sein de l’USN ? En négociant et en se soumettant à l’UMP, ils adoptent une stratégie destructrice d’un rêve créé : l’unité des forces de l’opposition pour créer une illusion de changement politique. Toute action politique commence par une illusion. Celle-ci a été soutenue par un grand nombre des citoyennes/citoyens, qui se sont donné corps et âme aux moments des contestations contre une dictature féroce et sanguinaire. Comment sont-ils tombés dans le piège du système iogien? Ont-ils perdu la tête après avoir reçu leurs émoluments ? Et la conviction politique ?

Par leurs actes irresponsables, ils ont tué dans l’œuf l’espoir mis en eux. La question qu’on se pose logiquement est de savoir : à quel sein se vouer maintenant ? Les citoyennes/citoyens de ce pays n’ont pas un gouvernement autoritaire et donc illégitime et une opposition, mais plutôt une caste politique, qui défend. Il y a encore quelques décennies, une expression célèbre était reprise dans la pression ou les feuillets de l’opposition : la politique alimentaire. Les députés USN sont-ils tombés dans cette politique ? Quelle déception ? Quelle mémoire pour celles et ceux, qui ont lutté à leur côté, celles et ceux qui sont morts… Quel idéal laissent-ils pour les jeunes générations ? En se comportant de cette manière avec une coalition gouvernementale autoritaire, cette opposition ne peut revigorer le fonctionnement des institutions politiques soumises à la volonté d’un monsieur.

La population de ce pays est-elle comme d’autres du continent africain à une élite politique, qui cherche les biens et le prestige qu’offrent le pouvoir politique plutôt que l’amélioration des conditions de celles et ceux qui l’ont élus.

Saad Ali Awaleh


 Share
Ad
Authored by: Hassan Cher Hared

Hassan Cher Hared

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.