Djibouti : Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?

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IOG - achete l'USNL’effet corrosif du temps fait un tel effet sur la mémoire collective que nous croyons que nous vivons chaque jour un événement nouveau. Et pourtant les années se suivent et se ressemblent à Djibouti. Pour une fois, l’entrée d’une coalition d’opposition est un événement inédit, du moins depuis l’indépendance. À l’aube de cette année 2015, dans la discussion politique les exploits fallacieux des kleptocrates de RPP côtoient l’entrée de l’USN à l’assemblée. Depuis la création de RPP, l’assemblée a été monocolore et/donc d’aucune utilité. Aucun électeur Djiboutien ne se souvient d’une proposition de lois émanant d’un (d’une) député (députée) ou d’un groupe de députés. La plupart des réglementations passent par voie décrétale, même quand elle sort sous forme de lois elle est produite par l’exécutif et aucun député ne trouvent à redire, donc aucun amendement n’est jamais proposé. Le rôle de cette assemblée se résume à cela: une chambre d’enregistrement sans mémoire. Elle doit retrouver son rôle !
Maintenant que l’entrée à l’assemblée est actée, même si nous avions eu de réserve, quoi faire? Il faut soutenir ces députés. Le soutien ne veut pas forcément dire les applaudir. Les critiques et les bons mots doivent aller de pairs. Ces députés ne font pas partie de la majorité donc ne gouvernent pas. Nous ne pouvons attendre d’eux ni la réduction du chômage, ni la bonne gestion du pays etc.
Le rapport de forces entre les députés de l’opposition et ceux de la majorité doit être, finalement, comme cette parabole des hérissons racontée par Schopenhauer : « A l’arrivée des premiers grands froids, ces petites bêtes s’enterrent pour hiberner. Plus elles s’installent les unes près des autres plus elles risquent de se piquer ; mais plus elles s’éloignent, moins elles se réchauffent. » C’est une affaire de dosage semblable à cela que les parlementaires doivent adopter. Il faut trouver la bonne distance, celle qui bénéficiera au pays, qui contribuera au développement de l’esprit démocratique et à l’éveil du peuple. Tout est question de distance et de recul. Les parlementaires d’opposition ne doivent pas hésiter à sortir leurs piquants s’ils se rendent compte qu’on veut les exclure de leur rôle de législateur et, quitte à passer pour la bête noire du petit monde du pouvoir habituer à dire ‘oui’ à tout. Ne dit-on pas que les gens qui se ressemblent cherchent à se rassembler. C’est aux députés USN de contredire cette maxime et de nous montrer leur entière dissemblance. Ils ont été les hérauts de cette lutte, à eux de se transformer en héros. C’est une lourde mission. Ils doivent jouer pleinement leur rôle d’opposition. Attaquer de l’intérieur le système par des prises de paroles poignantes. Ils ne doivent surtout pas se priver d’entraver le système par la proposition de lois, d’amendements, et surtout de critiquer et de ridiculiser les impostures proférées des sinistres-ministres au sein de l’assemblée.

Alors nous autres militants de changements, comment nous rendre utile ? D’abord comme mentionnée ci-haut par le soutien à ces députés, mais également à préparer le coup d’après. Pour la majorité de la population cet évènement qu’est l’entrée à l’assemblée n’a jamais été l’aboutissement. L’objectif ultime est d’arriver à la DEMOCRATIE. Alors comment préparer cet objectif ? À chacun de proposer des idées. Mais nous ne devons plus baisser le bras et en finir avec l’engagement sporadique, surtout entretenir la braise de cette dynamique créée à la suite de l’élection de 2013. La chance nous sourira forcément. « Le hasard ne sourit qu’aux esprits bien préparés » disait Louis Pasteur. Nous devons nous préparer à cela, les Djiboutiens d’intérieurs et d’extérieurs, regroupez-vous et faites les inventaires d’idées, organisez de débats. Vous devez garder à l’esprit que c’est la DEMOCRATIE qui nous approchera les uns des autres et entraînera le décollage de notre pays. Cette démocratie qui permettra à tous de s’exprimer librement. Si nous atteignons cette liberté irréversiblement, chacun descendra dans l’arène politique avec ses idées face au peuple sans rien craindre et sans cooptations.
Entre ceux qui disent « aux armes citoyens » et « aux larmes citoyens » répondons plutôt par exemple « aux œuvres citoyens » ou « aux idées citoyens ». Il faut sortir des réactions émotionnelles intermittentes. L’indignation est certainement nécessaire mais ne suffit pas. Comme disait Stéphane Hessel « L’indignation est le premier temps d’engagement ». À quoi bon de s’indigner si cela ne mène qu’à l’impuissance ? Boris Cyrulnik convient quant à lui qu’« Il faut nous demander de raisonner et non de nous indigner ». Mais ne pourrait-on pas dire que l’indignation est le premier échelon de la prise de conscience, puis vient la réflexion et enfin l’action ? Indignerons-nous de notre inaction ? Il faut en finir avec le prêt-à-penser et passer, sans attendre, à la pensée. À nous! À vous!

Pontife De Kaluwalle


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Authored by: Hassan Cher Hared

Hassan Cher Hared

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